Innovation dans le sud de l'Ardèche. Pour économiser l'eau, le maire de Saint-Marcel-d'Ardèche a décidé de réutiliser les eaux usées du site touristique de la grotte. Une fois traitées, elles servent de réserve incendie. Un coup de pouce bienvenu pour les pompiers.
Lave-vaisselle, lavabos, toilettes... le gaspillage, c’est terminé. Désormais, les eaux usées de la grotte Saint-Marcel sont filtrées pour être réutilisées en cas d'incendie.
Des bactéries et du sable dépolluent
Le site des grottes de Saint-Marcel d'Ardèche a repensé son réseau de traitement des eaux usées.
Dorénavant, elles sont envoyées dans une zone de filtration à ciel ouvert qui comporte trois casiers alimentés et laissés au repos alternativement. "Le gravier qui fait leur lit est colonisé par des bactéries qui vont digérer la pollution carbonée des eaux usées" explique Pierre Cavarotti, chargé d’opération. L'eau est ensuite récupérée par des drains.
En compléments, des roseaux vont être plantés dans les bassins. "Ils permettront l'aération du massif avec leurs rhizomes et casseront la croute de boue par l'oscillation mécanique due au vent" précise-t-il. On appelle cela le filtre planté de roseaux.
Après cette première étape de nettoyage, les eaux usées sont filtrées dans un autre bassin par du sable. Une technique naturelle, empruntée aux pays du Proche-Orient. "Le sable permet une meilleure filtration" explique l'expert.
Jérôme Laurent, le maire de la commune de Saint-Marcel, 2 500 habitants, est fier du résultat. Pompier professionnel, c'est son métier qui l'a poussé à mener à bien cette réflexion. Avec ces installations, les eaux usées de la grotte n’iront plus polluer les gorges de l’Ardèche. Une fois épurées, elles sont stockées dans une réserve incendie pour les pompiers. 120 mètres cubes d’eau disponible en local.
Il faut plus de facilité pour innover
Les équipements ont coûté 300 000 euros. L'État a participé à hauteur du tiers. "On est là pour bousculer un peu le système administratif et dire qu'en France, il faut porter de tels projets novateurs. Ce sont les collectivités locales qui peuvent mettre en place des idées ingénieuses comme ça. L'État doit donner plus de simplicité, de facilité tout en gardant un œil vigilant" argumente l'édile.
Pour aller plus loin, et refermer la boucle, le maire aimerait réutiliser l’eau traitée pour les toilettes (à plus long terme, arroser les plantations) en plus de la défense incendie. Pour ce faire, l'eau doit avoir une qualité minimum A. Cela représenterait une économie d’eau conséquente : chaque année, 72.000 personnes visitent le site.
Mais pour cela, il attend le feu vert des autorités.