La flambée des prix de l'énergie, ce n'est pas une grande source d'inquiétude à la ferme aux crocodiles. Il faut dire que l'espace zoologique de la Drôme a su prendre les devants. Avec des travaux de rénovation énergétique qui s'avèrent payants.
Tortues géantes, crocodiles et autres reptiles. À Pierrelatte, dans la Drôme, plus de 600 animaux vivent comme dans leur environnement naturel. Autrement dit, dans un climat tropical. La ferme aux crocodiles abrite une serre de 8000m2 où la température est maintenue entre 26 et 28 degrés durant toute la journée. On s'imagine alors un montant faramineux sur la facture énergétique, surtout depuis la flambée des prix. Mais sur le site, la sérénité reste de mise.
Consommation divisée par quatre
La direction de la ferme aux crocodiles aurait-elle eu le nez creux ? En tous les cas, elle peut aujourd'hui se frotter les mains d'avoir engagé un vaste chantier de rénovation énergétique bien avant la crise.
"On a réalisé un gros chantier en changeant à la fois les couvertures avec du polycarbonate alvéolé, en isolant les murs, en reprenant tout le système de chauffage. L'ensemble de ces améliorations a permis de diviser notre consommation énergétique par quatre", nous explique Samuel Martin, le directeur de la ferme aux crocodiles.
Le chantier s'est étalé sur près de trois ans pour un montant d'investissement de trois millions d'euros. Mais l'effet a été immédiat.
La facture était de l'ordre de 400.000 euros. Elle est descendue à 200.000 et là, on est entre 275.000 et 300.000 euros.
Samuel Martin,directeur de la ferme aux crocodiles
"Tout va se jouer sur la partie électricité où on a pour l'instant assez peu de visibilité", indique le directeur de l'espace zoologique. Samuel Martin s'attend à une hausse de 35% sur ce poste de dépenses. "Sur la facture énergétique globale, l'électricité compte pour 75.000 à 100.000 euros. Cela reste correct compte tenu de notre chiffre d'affaires qui est de 5 millions d'euros."
Chaleur indispensable pour les pensionnaires
Tortues et crocodiles sont des animaux à température variable. "Ce sont des animaux qui vont utiliser la chaleur comme une source d'énergie", précise Geoffray Arneodo. Le responsable animalier explique qu'ils ont en interne "comme un convertisseur, qui va leur permettre de transformer les rayons du soleil en calories, comme nous avec la nourriture". Ainsi, les crocodiles peuvent s'alimenter faiblement malgré leur grande taille. C'est aussi ce qui explique qu'ils peuvent rester de longues journées sans bouger.
Dans la serre, en journée, la température oscille donc entre 26 et 28°C. La nuit, la consigne tourne autour des 22° pour que la température ne descende pas trop bas.
La température interne des reptiles dépend de celle qu'ils ont à leur disposition dans leur milieu de vie. Plus il va faire chaud, plus ces animaux vont se déplacer, s'alimenter et défendre leur territoire. C'est pour cela qu'on se doit de maintenir une température assez élevée, de jour comme de nuit.
Geoffray Arneodo,responsable animalier de la ferme aux crocodiles
De son côté, le directeur nous refait ses calculs. Sans les travaux de rénovation, sa facture énergie serait, dit-il, de l'ordre de 550.000 euros. Ce qui ferait une sacrée différence "pour réinvestir et maintenir l'attractivité du site."
La ressource en eau
Serein quant à sa consommation d'énergie, Samuel Martin pense déjà à la prochaine étape. Préserver la ressource en eau. "On a un travail à faire, on consomme beaucoup d'eau" reconnait le directeur.
On voudrait notamment mettre en place un système de réutilisation des eaux des bassins des crocodiles pour l'irrigation de nos espaces verts à l'extérieur et créer des zones ombragées et des points de fraicheur.
Samuel Martin,directeur de la ferme aux crocodiles
Continuer à se développer tout en minimisant l'impact de son activité sur l'environnement, c'est le crédo de l'espace zoologique depuis son ouverture. Et cela fonctionne. Les investissements se poursuivent et la ferme aux crocodiles attire toujours plus de visiteurs.