Les vendanges ont débuté dans le sud de l'Ardèche. La récolte s'annonce fructueuse malgré la canicule de la mi-août. Les viticulteurs ont pu compter sur les pluies du printemps et de juillet. Un beau millésime en vue.
Le soleil vient tout juste de se lever. Pas une minute à perdre pour Mathieu Durieu. Le viticulteur de Rosières en Ardèche est confiant. Il a commencé la récolte du Chardonnay le 15 août. Une dizaine de jours plus tard, il sillonne les allées de ses vignes, les seaux remplis de grappes bien mûres et bien charnues, de Syrah. "Les raisins sont jolis. Ils n'ont pas craint le sec, ce qui promet un bon millésime" se réjouit-il. Il faut dire qu’il a eu peur. Les dernières fortes chaleurs qui ont duré une semaine mi-août lui ont fait craindre le pire.
Un bon millésime en perspective
D'autres parcelles ont été durement touchées, constate le directeur des vignerons ardéchois. Dans certains domaines, des rangées entières de raisins ont littéralement brûlé lors de cette fameuse semaine de très fortes chaleurs, mais pas de quoi entamer le moral des troupes et menacer les vendanges dans le département. Les pluies fines du week-end des 26 et 27 août, entre 30 et 60mm, sont arrivées à point nommé.
Le bilan global est positif. Le vin ardéchois affiche une bonne santé avec une récolte de 350.000 hectolitres annoncés, soit plus de 40 millions de bouteilles. Ce chiffre est 15% plus élevés qu'en 2022. "On a eu la chance cette année d'avoir plus de précipitations avec une alternance pluie/soleil" conclut Philippe Dry.
Une production en mutation
De la quantité, mais aussi de la qualité, note Morgane Allamel, responsable du caveau La Cévenole. "Les pluies du printemps et du dernier week-end d'août nous ont permis de garder une belle baie, une belle grappe".
Les vignerons espèrent encore cette alternance de chaleur et de pluie au cours du mois de septembre pour optimiser la récolte. Mais si cette alternance est propice à la vigne, elle l'est aussi au mildiou. Le département a plutôt été épargné malgré quelques foyers touchés à 15%. Cette maladie soulève la question des traitements chimiques qui sont, pour l'instant, limités à leur minimum, explique Philippe Dry.
Les cépages souffrent différemment du réchauffement climatique. Le Merlot risque de disparaître des terres ardéchoises si les températures continuent de croître. Le Chatus, cépage historique ardéchois plus tardif, résiste davantage.
Autre adaptation, les vendanges précoces sont parfois réalisées de nuit pour garder la fraîcheur dans les raisins.
Reste à connaître les tarifs de cette cuvée prometteuse. Réputés pour leur bon rapport qualité/prix, les vins ardéchois ont, eux aussi, connu un bond du prix de la bouteille ces dernières années en raison de l'augmentation substantielle de coûts de production.