Ce vendredi 25 mars s'est ouvert le second procès des meurtriers présumés de Mehdi Chine devant les Assises de l'Isère. L'année dernière, le procès avait été reporté après 10 jours d'audience. L'avocat commis d'office d'un des prévenus a demandé un nouveau renvoi, ce qui a été refusé par la cour.
"C'est la première fois que je vois mon client", a justifié Maître Steinmann, avocat désigné après la suspension de Maître Ripert qui devait défendre Amine Laschab, l'un des quatre accusés. Interdit d'exercer pour quatre mois, Maître Ripert ne peut plus défendre son client.
Son nouvel avocat a été désigné le 4 mars. "Je n'ai eu que 21 jours pour traiter ce dossier qui est complexe et mon client encourt la perpétuité", a regretté Maître Federico Steinmann avant de demander le renvoi du procès.
La cour a rejeté sa demande, le procès aura donc bien lieu.
Reportage Isabelle Guyader, Yves-Marie Glo
A 12h30, la présidente a demandé à l'accusé Amine Lashab de se taire alors qu'il réclamait un avocat lyonnais. Il a finalement récusé son défenseur et a été invité à quitter le box, en raison de son agitation.
A la reprise, à 14h15, le bâtonnier de Grenoble s'est retrouvé dans l'obligation de reprendre la défense de Lashab. Il a toutefois demandé une suspension de séance pour déposer des conclusions afin qu'un avocat lyonnais prenne effectivement la relève. La présidente a refusé.
Peu après 15 heures, tous les avocats ont donc quitté la salle. La cage de verre, qui sert de box, s'est aussi vidée et un seul des quatre accusés, qui comparaît libre, est resté dans la salle. La présidente a débuté la lecture du rapport des faits.
Les avocats ne sont pas revenus avant 16 heures.
Un premier procès sous tension
En 2015, lors du premier procès, Maître Ripert avait demandé à plusieurs reprises le renvoi lui aussi. Le motif? L'éloignement des accusés qui n'avaient pas tous été incarcérés en Isère. Et puis la plupart des témoins étaient absents. Le renvoi avait été prononcé après six jours d'audience.Le climat était alors déjà extrêmement tendu. Les avocats de la défense et de la partie civile avaient commencé par régler leurs comptes. Les accusés faisaient preuve d'ironie. "Bonjour, je m'appelle innocent", avait lancé l'un d'eux au moment de se présenter. Des hommes qui ont contre eux le fait d'avoir des casiers longs comme le bras. Parfois jusqu'à 19 condamnations.
Medhi Chine, le "patron" du quartier
Mehdi Chine a été attaqué fin septembre 2010, alors qu'il marchait avenue Paul Cocat, dans le quartier Teisseire. Une première balle, puis d'autres un peu plus loin, alors qu'il tentait d'échapper à ses tueurs.L'homme, âgé de 24 ans, était très connu dans le quartier. Certains le considéraient comme l'un des hommes qui "tenait" les lieux. Un "statut" qui lui apportait aussi beaucoup d'ennemis. Un an avant son décès, deux hommes à scooter avaient déjà tiré plusieurs coups de feu en sa direction. Un jeune de 19 ans, qui était avec lui, avait alors été gravement blessé. C'était aussi avenue Paul Cocat.
Cette dernière journée de septembre 2010, les agresseurs de Mehdi Chine ne l'ont pas manqué. Ils se sont même acharnés, tirant à plusieurs reprises. L'homme est tombé, face aux locaux du Teisseire Football Club.
Quatre ans plus tard, quatre accusés comparaissent devant les Assises pour "meurtre en bande organisée". Trois sont emprisonnés depuis l'automne 2010, car l'enquête est allée très vite. Elle a déterminé que Medhi Chine aurait été tué par des proches. Ils auraient eu peur de représailles de sa part, alors qu'ils venaient de récupérer de la drogue pour leur compte. Reste à déterminer le rôle de chacun.