Auvergne-Rhône-Alpes : isolement, manque de réseau, le télétravail parfois compliqué

En raison de la situation sanitaire, le télétravail se généralise, en Auvergne-Rhône-Alpes comme ailleurs en France. Mais les territoires ne sont pas tous égaux en termes de couverture numérique. Des ajustements sont faits pour permettre à chacun de télétravailler.

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En Auvergne-Rhône-Alpes comme partout en France, le télétravail se généralise de plus en plus, en raison de la situation sanitaire. Si le télétravail est globalement bien accepté et parfois même souhaité par les collaborateurs, certains se heurtent parfois à des difficultés et notamment celle de l’isolement. Pour y remédier, certains trouvent des solutions : on peut par exemple télétravailler dans un chalet à la montagne. C'est une association parisienne qui a lancé ce concept. L'association Paatch propose à des télétravailleurs de se retrouver dans un contexte agréable loin des grandes villes pour une sorte de colocation. Par exemple on peut aller à Morzine, dans les Alpes. Ils sont 13 télétravailleurs, dans 400 m² venus de Paris, Annecy, ou d'ailleurs. L'objectif est de lutter contre le sentiment de solitude : « Pendant le weekend on organise en commun une balade ou une randonnée en ski ou en raquettes. C'est à la fois une rencontre, la lutte contre l'isolement et l'évasion. Le but c’est de se retrouver : on se retrouve », explique Niels Rolland, à l’origine de cette colocation. C’est une nouvelle vision de l'organisation du monde du travail qui a éclot. Le coût de la location à la semaine représente environ 250 euros par personne.

Télétravailler en zone blanche

Mais pour télétravailler il faut surtout être connecté. Le mieux aujourd'hui est d'avoir la fibre. Mais, comme on le voit sur la carte ci-dessous, qui représente la part des locaux raccordables à la fibre optique, on remarque que deux départements ont une nette avance sur le développement de la fibre : le Rhône et la Loire. Il y a des zones où la couverture est très limitée, comme en Ardèche. Dans les autres départements, la couverture se fait progressivement. Le Rhône et la Loire ont plus de 80 % de couverture, ensuite on retrouve l’Allier, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, l’Ain et l’Isère qui ont entre 50 et 80 % de couverture. Viennent ensuite le Cantal, la Drôme, la Savoie et la Haute-Savoie avec 25 à 50 % de couverture. Enfin, l’Ardèche fait office de mauvais élève de la région : entre 10 et 25 % de couverture seulement.

La commune de Montmorin, dans le Puy-de-Dôme, n’est pas officiellement considérée comme une zone blanche, mais un problème de débit rend le télétravail difficile. Pour télétravailler à la maison, pendant le confinement, il a donc fallu s'organiser, comme l’explique François Pelletier, père de famille et gérant d'une société : "On arrive à faire certaines choses mais pour des actions qui nécessitent plusieurs trafics, plusieurs accès, c'est plus compliqué donc on est obligés de faire des choix. On ne peut pas télécharger quelque chose pendant qu'on est au téléphone par exemple sinon on ne va plus nous entendre. Je ne peux pas recevoir de messages multimédias. Si j’envoie des SMS, il y a 8 chances sur 10 pour que ça passe et 2 sur 10 que ça ne passe pas". Pour ce qui est de la 4G, selon la Région en mars 2020, il y aurait encore plus de 40 zones blanches en Auvergne-Rhône-Alpes, identifiées sur cette carte par des points rouges.

Toujours selon la Région, plus de 30 000 locaux sont couverts par la 4G en mars 2020. 

 

Le télétravail, une "opportunité" pour les territoires ruraux

Laurent Rieutord, directeur de l’institut d’Auvergne-Rhône-Alpes du développement des territoires, était l’invité de l’émission « On Décode » du mercredi 26 janvier. Pour lui, le télétravail est une opportunité économique et démographique pour les zones rurales.

Parmi les télétravailleurs, y a-t-il beaucoup d’habitants de zones rurales ou périurbaines ?

Laurent Rieutord : « Disons qu’avant la pandémie le mouvement était assez lent, même s’il y avait de beaux projets, de belles opportunités que l’on pouvait observer. Depuis la pandémie, il y a un double mouvement : il y a, d’une part, des salariés, des cadres, des porteurs de projets qui souhaitent quitter les grandes métropoles pour s’installer en zone rurale et donc le télétravail peut-être une opportunité. Il y a aussi des entreprises qui ont lancé de nouvelles pratiques de travail y compris dans des petites villes et dans des zones rurales. Les deux mouvements conjoints peuvent entraîner un développement du télétravail, même s’il faut rester prudent. »

La possibilité de travailler ne fait pas tout pour convaincre les gens de s’installer en zone rurale, n’est-ce-pas ?

Laurent Rieutord : « Non, le télétravail doit être inscrit dans un projet global de territoire avec des tiers-lieux, qui vont accueillir au moins sur une partie de la semaine par exemple des porteurs de projets ou des chefs d’entreprise. Autour de ça, il faut d’abord un bon débit ! C’est une vraie question dans certaines zones rurales. Effectivement, il faut un environnement global que seule une collectivité ou une intercommunalité avec une petite ville peut offrir. C’est loin d’être impossible, je dirais même que c’est le cas le plus courant. »

Pour que le télétravail fonctionne, faut-il que les pouvoirs publics s’emparent du sujet ?

Laurent Rieutord : « Oui, il faut que l’Etat et l’ensemble des collectivités construisent un véritable projet qui va associer les services, les équipements, des lieux pour accueillir qui peuvent être aussi des lieux d’innovation ou accueillir parfois d’autres services. C’est vraiment un projet global qui est offert et on a plein d’exemples dans notre région et à l’extérieur de territoires qui ont fait le choix du numérique. Le télétravail n’est qu’une partie d’un projet global. Ils réussissent parfaitement leur dynamique de développement économique avec une dimension de durabilité car on a une diminution des transports. »

Le télétravail représente-t-il une opportunité pour les communes rurales de redynamiser les territoires ?

Laurent Rieutord : « Au-delà du télétravail, le développement des usages numériques est une vraie opportunité. Il y a eu des études au Québec dans des zones de faible densité qui ont bien montré toutes les opportunités de développement économique autour du télétravail et puis, plus globalement, des usages numériques. Ca permet d’attirer des entrepreneurs, des habitants, et là, la pandémie a accéléré ce mouvement. C’est un écosystème complexe mais il est porteur de changement. »

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