Auvergne-Rhône-Alpes: les économies de Wauquiez font grincer le monde de la culture

Laurent Wauquiez (LR) qui a fait de la fin du "gaspillage" l'un des mantras de son action à la tête d'Auvergne-Rhône-Alpes, resserre les cordons de la bourse en matière culturelle, au grand dam des professionnels et d'élus de gauche comme de droite.

Des "signaux négatifs" et des "décisions injustifiées": le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) vient de tirer la sonnette d'alarme dans la deuxième région française.
L'organisation, qui regroupe 40 compagnies et lieux de création sur le territoire de la nouvelle région, s'est émue des rumeurs d'une baisse globale du budget culture et du retrait de certains dossiers de l'ordre du jour des commissions d'attribution des subventions. Et ce, "sans explications".

"Depuis maintenant cinq mois, la nouvelle présidence de la région n'affiche aucun projet culturel pour ce territoire", déplore le Syndeac. "On voudrait au moins avoir un rendez-vous, une concertation et peser sur la politique culturelle", plaide Anne Meillon, déléguée régionale du syndicat et patronne du Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.

Le PS qui dirigeait les deux régions jusqu'en décembre, déplore en écho un "affaiblissement de la politique culturelle" et fustige "l'opacité" qui préside aux décisions budgétaires. La gauche avait déjà critiqué les choix de M. Wauquiez en se gaussant du doublement de la subvention (150.000 euros) au festival Jazz à Vienne présidé par le maire (LR) de la Ville, Thierry Kovacs ou l'augmentation de 275% du festival de Chamonix (11.000 euros) dont le maire est le vice-président UDI du conseil régional, Eric Fournier.
Elle s'alarme désormais du sort de la Comédie de Saint-Etienne et de l'Ecole supérieure d'art et de design de cette ville, en choeur avec le maire, Gaël Perdriau (LR) qui le premier, a lancé la charge.
L'examen des dossiers de ces deux institutions emblématiques, dont les budgets sont très dépendants de l'argent régional, a en effet été ajourné lors de la dernière commission permanente, le 26 mai, suscitant l'"inquiétude" de M. Perdriau qui dans une lettre adressée à M. Wauquiez, demande les "motivations" d'une telle décision.

Vendredi 3 juin, le maire de Saint-Etienne, comme les dirigeants des deux institutions, n'avait toujours pas reçu de réponses, alimentant l'hypothèse d'une querelle picrocholine entre les deux élus, M. Perdriau ayant annoncé son soutien à Bruno Le Maire en vue des primaires à droite. "Il n'y pas de punition, c'est un non-sujet", réplique-t-on dans l'entourage de M. Wauquiez.

Des économies, "impératif majeur" 
Celui-ci fait en revanche valoir, "l'impératif majeur" d'économies du conseil régional (75 millions d'euros en 2016, 300 millions sur le mandat) "qui répond à la baisse de la dotation de l'Etat". Les subventions culturelles devraient baisser
en moyenne de 10 à 15%. "Il y a des efforts à réaliser. On se l'impose mais aussi à tous les gens qui bénéficient de l'argent public", argue cette même source. "On est sorti d'une vision technocratique de la culture pour avoir une culture de projets", souligne-t-elle.
Traduction: "on arrête d'arroser sans regarder."
"Quel est le rayonnement? Qu'est-ce que ça rapporte au territoire? Combien de bénévoles sont utilisés? On n'est pas sur des critères technocratiques", avance l'entourage de M. Wauquiez qui souhaite ne pas fragiliser davantage certaines structures déjà sévèrement touchées, comme le centre culturel Le Toboggan à Décines, une banlieue de Lyon.
"L'examen des projets prend du temps. On a mis la priorité sur les festivals qui avaient besoin de connaître leurs dotations avant l'été", précise l'entourage de M. Wauquiez qui promet une prochaine "prise de parole" de l'exécutif sur le sujet.
Celle-ci ne devrait pas dévoiler un changement de cap pour la Villa Gillet de Lyon, dont la subvention a drastiquement baissé après la publication d'un rapport épinglant sa gestion. L'institution a reçu dans Le Monde daté du 31 mai, le soutien d'un collectif d'intellectuels et écrivains dénonçant l'attitude de ceux qui souhaitent l'affaiblissement, voire la disparition", de la Villa, assimilée à celle d'un "incendiaire".

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