VIDÉO. Mort de Jean-Marie Le Pen : quand le leader frontiste se prenait pour César tuant Brutus

Le décès de Jean-Marie Le Pen a fait remonter à la surface le fameux meeting que le leader du Front National avait tenu à Metz le 11 décembre 1998. Les dissidents emmenés par Bruno Mégret avaient été exclus du parti. Parmi eux, des élus lorrains exigeant leur réintégration.

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Le décès de Jean-Marie Le Pen survenu mardi 7 janvier 2025 a fait remonter à la surface le fameux meeting que le leader du Front National, aujourd'hui rebaptisé Rassemblement National, avait tenu le 11 décembre 1998 à l'ancien Palais des Congrès de Metz (Moselle).

Ce soir-là, le public et les journalistes ont pu assister à une scène digne d'une tragédie de Corneille. Les dissidents mégrétistes [qui ont suivi la ligne rénovatrice du parti incarnée par Bruno Mégret. NDLR]  remettent sous l'objectif des caméras, dont celle de France3 Lorraine, une lettre au dirigeant frontiste, demandant la réintégration des militants exclus.

"Les félons" châtiés

Parmi eux, Jean-Claude Bardet. Il n'est pas n'importe qui, car il préside le groupe FN au Conseil régional de Lorraine avant d'intégrer, plus tard, le MNR de Bruno Mégret qui prône l'union des droites. Il est l'un des acteurs essentiels, "les fêlons" ainsi qualifiés par Jean-Marie Le Pen, de la tentative d'éviction du président du FN. 

Ce soir-là, alors que Jean-Marie Le Pen est attablé pour déguster la traditionnelle "choucroute patriotique" à la table d'honneur avec sa garde rapprochée, Jean-Claude Bardet, au nom de neuf conseillers régionaux FN sur les treize que compte le groupe, remet au président qui feint la surprise, toujours sous l'œil des caméras, une motion exigeant la réintégration des exclus dans le parti. Puis Jean-Claude Bardet explique au micro de France3 : "Nous lui demandons de revenir sur les décisions qu'il a prises, notamment les sanctions à l'égard de nos amis et d'organiser dans les plus brefs délais le congrès qui est réclamé par l'ensemble du peuple du Front National". Et s'il n'accepte pas ? " S'il n'accepte pas, nous nous réunirons pour voir quelle attitude nous adopterons".

"Je tue Brutus"

On sent comme une légère tension parmi les protagonistes de la pièce mais "le Menhir" prend le temps de finir son repas, ajoutant une pincée de suspens avant de prendre la parole.

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Meeting Jean-Marie Le Pen à Metz le 11 décembre 1998. ©INA

Sitôt la choucroute engloutie, il se dirige vers le pupitre et déclare dans un geste théâtral : "ce qui me différencie de César vers lequel s'approchait son fils spirituel, Brutus, le poignard à la main, César saisit sa toge et s'en couvrit la tête avant d'être immolé. Moi, je sors mon épée et je tue Brutus". 

Message reçu cinq sur cinq. Jean-Claude Bardet suivi des militants mégrétistes quitte immédiatement la salle du Palais des Congrès sous les huées des lepénistes. D'autres, silencieux, constatent les dégâts d'une scission consommée, mais espèrent une réconciliation, comme cette militante de longue date : "je crois que les idées des deux sont bonnes. Il faut peut-être qu'ils se rencontrent à un moment donné, qu'ils fassent une petite jonction de leurs idées réciproques". 

Comme à la fin de chaque meeting, le chef avait fait entonner la Marseillaise au public, mais il fût impossible ce soir-là de camoufler ceux qui chantaient faux. Au final, c'est sa fille et non le fils spirituel "Brutus" qui exclura Jean-Marie Le Pen dix-sept ans plus tard. Bruno Mégret est révoqué de la délégation générale du parti puis définitivement exclu le 23 décembre 1998.

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