Hier mardi 14 octobre, les professionnels du bâtiment ont manifesté partout en France et pour la section Rhône-Alpes, devant la préfecture de Région à Lyon. Les baisses de dotations de l'Etat entraînent une diminution des chantiers publics et une crise "sans précédent" du secteur du BTP.
C'est l'effet domino... La baisse des aides de l'Etat entraîne une diminution des commandes publiques, c'est-à-dire des projets de chantiers émanant des collectivités locales, conseils généraux, communes, agglos... Pour 2015, les "coupes" s'annoncent encore plus sévères. Les professionnels du BTP, qui pour la plupart dépendent énormément de ces chantiers, dénonçent "une crise sans précédent".
Hier c'était le mouvement national initié par la Fédération Française du Bâtiment. En Rhône-Alpes, la suppression d'emplois s'élèverait à 3.000 postes. Sans compter les PME et les artisans du bâtiment qui pourraient mettre la clé sous la porte. Les professionnels demandent un plan d'urgence et une prise de conscience politique.
"Si les collectivités locales n'investissent plus", explique David Gandaubert de la Fédération Régionale du Bâtiment et entrepreneur en Isère, "c'est toute l'attractivité de notre territoire qui est en danger". "Mon entreprise dépend à 70% des chantiers publics, mais pour d'autres c'est carrément 85%... Si on ne fait rien, ce ne sont plus 3.000 emplois, mais 6.000 emplois qui seront menacés en Rhône-Alpes l'année prochaine. Nous ne sommes même plus en mesure de former la nouvelle génération".
La situation n'est pas nouvelle, la baisse des commandes publiques est importante depuis plusieurs années déjà. En sept ans, le chiffre d'affaire du secteur aurait diminué de 25% en France. C'est à peu près la même proportion dans les trois départements alpins.
Entre 2013 et 2014, les projets publics auraient diminué de 25% en Isère, de 16% en Haute-Savoie, et de 40% en Savoie. Cela concerne tous les types de travaux publics, voirie, espaces verts, terrassement, canalisations...
Il est toutefois encore tôt pour parler de grands chantiers annulés ou retardés. C'est au niveau des communes que les commandes sont le plus en déclin. Les caisses sont vides pour certaines villes comme Chambéry, dont un audit a confirmé l'endettement cet été. D'après la première adjointe Josiane Beaud, des projets comme le pont Lambert pourrait ainsi ne pas voir le jour, en tous pas dans les six années à venir, faute d'argent.
C'était une promesse électorale de Michel Dantin, le maire UMP de Chambéry, alternative au pont Cassine-Gambetta, projet de l'ancienne municipalité. Le pont Lambert était moins onéreux mais avec les mêmes vertus, irriguer le nouvel éco quartier Vetrotex, et désengorger la reste de la ville par ailleurs.
Pour Chambéry, la baisse du budget des investissements devrait s'élever à 6 millions d'euros "lissés" sur trois ans, soit 20% de sa capacité d'investissement. Ce sont à peu près les mêmes chiffres pour d'autres grandes villes comme Grenoble ( 5 millions d'euros) ou Annecy (2 millions d'euros).
Pour Annecy la situation est différente, la ville a ses fonds propres, elle se dit "bien préparée à l'avenir". Pour preuve, elle inaugure le nouveau théâtre Bonlieu, qui a coûté dans les 5 millions d'euros. D'autres grands chantiers sont en cours, tels la rénovation de l'Eglise Saint-Maurice, celle des Arras ou celle du Centre horticole.
Quant à Grenoble il y a eut des projets annulés, comme la ZAC Flaubert ou l'Esplanade, mais c'était pour des raisons politiques. Pour la suite, des réunions sont prévues avec les élus puis avec les citoyens lors de réunions publiques, pour déterminer des priorités. Plus l'enveloppe est maigre, plus il faut faire des choix.
Ce que demandent les professionnels du BTP
Les responsables des sept fédérations régionales du bâtiment ont été reçus par les préfets de région à l'issue des manifestations. Ils ont exposé leurs problèmes, en posant cette question : pourquoi faire des économies sur les investissements au lieu de diminuer les dépenses de fonctionnement ?Concernant la région Rhône-Alpes, la délégation était menée par Jean-Marc Cornut, le président de la FRB a été reçue par François Carenco, le préfet de région. Deux propositions ont été faites :
- Rembourser la TVA aux collectivités locales qui investissent l'année de réalisation des travaux, et non pas avec un décalage d'un à deux ans.
- L'augmentation de 2 centimes de la taxe sur le diesel de façon pérenne (et pas qu'en 2015), pour l'entretien et la construction d'infrastructures de transports (mesure annoncée début octobre).