Dans le Cantal, à Saint-Flour, la cohésion était le maître-mot de cette deuxième nuit de blocage sur l’A75. Sur place, on s’organise, quels que soient son âge et sa région d’origine. Ici, les Aveyronnais et les Lozériens viennent prêter main forte à leurs collègues et les revendications des agriculteurs n'ont pas de frontière.
La colère, ça se partage. À Saint-Flour, chaque soir, les Aveyronnais et les Lozériens viennent aider leurs collègues du Cantal. Que ce soit d’un côté ou de l’autre de la frontière, ils ont les mêmes problématiques en tant qu’éleveur. "Nous ici, on est en zone de montagne, on ne produit pas de céréales, on est obligé d’acheter de l’aliment. Ce sont des grosses charges qui coutent sur les exploitations. Donc en face, il faut une vraie revalorisation du produit. Aujourd’hui, on vit avec la Pac qui nous aide à réussir à payer les charges", explique Thomas Charreire, agriculteur à Cussac (15).
Des difficultés qui s'accumulent
Ici, il y a des soutiens inter-départementaux, mais aussi intergénérationnels. Les anciens pensent également à l’avenir, et il n’est pas de tout repos pour les nouvelles générations. "Aujourd’hui, quand on veut installer un jeune, s’il veut rentrer dans une exploitation, il doit obligatoirement injecter en 200 000 et 300 000 euros. Comment on fait pour y arriver ? Ce modèle-là, on peut dire qu’il va être étalé. Mais si en plus, il ne se sent pas bien dans sa peau, par rapport au fait que la société nous dénigre…", souligne Olivier Boulat, vice-président FDSEA "Est-ce que la société est d’accord pour que ça continue comme ça ? Est-ce qu’elle est d’accord pour qu’on perde 20 % des agriculteurs en dix ans ? Ce n'est pas possible", soulève Benoit Fagegaltier, agriculteur FDSEA 12 (Aveyron).
Des questions toujours sans réponse tant les difficultés s’accumulent. Entre la paperasse et des prix de la viande fixés à l’échelle mondiale. "Aujourd’hui, c’est le prix mondial qui fait le cours, mais avec des charges bien Françaises. Donc ça ne peut pas aller. On n’a pas les mêmes charges qu’un Espagnol ou qu’un Brésilien, par contre la viande qui arrive nous fait le prix de nos produits", poursuit Benoit Fagegaltier.
Ces problématiques viennent se percuter aux nombreuses autres revendications des éleveurs, mais elles restent persistantes.