En début de semaine, la diffusion d'un documentaire sur la gestion des déchets, épinglant la commune d'Aurillac, a beaucoup fait réagir. Mais les informations relayées étaient-elles vraiment exactes ? Notre équipe sur place a remonté le chemin qu’empruntent vos poubelles.
A Aurillac, sait-on vraiment où finissent nos poubelles ? « Pas du tout ! je n’en ai aucune idée et c’est un peu ça, le problème… » reconnaît une habitante. « Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont dû découvrir la chose en regardant l’émission », admet un autre. Il s'agit d'un documentaire de France 5, "Où enterrent-ils nos poubelles ?" diffusé lundi 22 janvier. L'Agglomération d'Aurillac a produit 12 000 tonnes de déchets ultimes l'an dernier. Depuis 10 ans, il n’y a plus de centre de traitements pour ces déchets.
Des déchets exportés
Alors, chaque semaine, 16 camions prennent la route, chargés de nos déchets. Pierre Mathonier, président (PS) de la communauté d'agglomération du Bassin d'Aurillac, explique : « Un tiers part à l’incinération au Valtom, prèès de Clermont-Ferrand, et les 6 000 tonnes restantes sont enfouies à Montech. Nous avons exigé du transporteur qu’il utilise du biocarburant, issu de la méthanisation, qui ne rejette pas de CO2 supplémentaire dans l’atmosphère. »
Les 2 000 tonnes de déchets recyclables sont retraitées dans le Lot, à 60 km d'Aurillac. La dernière décharge de la ville a fermé en 2012. Depuis, nos poubelles voyagent... « Il n'est pas vertueux d’exporter et de jeter ses poubelles chez le voisin, c’est évident", reconnaît Stéphane Fréchou, vice-président (EELV) CABA en charge de l'environnement et du développement durable.
Une quantité plus faible de déchets
Le département produirait trop peu de déchets pour envisager la construction d'un site de traitement ou celle d'un incinérateur, estimé à 50 millions d'euros. Stéphane Fréchou précise : « Un incinérateur a besoin de 3 à 4 fois plus de déchets pour fonctionner en sécurité. Ce qui veut dire que si on crée un exutoire pour les déchets de la communauté d’agglomération d’Aurillac, il nous faudra nécessairement importer 2 fois plus que ce que nous produisons. Comme toutes les agglomérations ont en tête la même politique que la nôtre qui est de réduire les volumes, les vides de four seront tels que l’on sera obligés d’aller chercher des déchets toujours plus loin. » D'ici 2028, une liaison ferroviaire vers Clermont-Ferrand pourrait permettre l'incinération de la totalité des déchets ultimes de la communauté d'agglomération.