Cantal : comment le personnel et les résidents d'un EHPAD vivent confinés ensemble jour et nuit

Voilà déjà douze jours que 22 salariés volontaires d'un EHPAD, à Arpajon-sur-Cère, près d'Aurillac, dans le Cantal, vivent jour et nuit, aux côtés de leurs pensionnaires. Une expérience de confinement inoubliable pour tous malgré les longues journées de travail et la fatigue qui s’accumule.

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C’est une maison de retraite moderne, dans les tons pastels, aux portes d’Aurillac dans le Cantal. Une résidence qui accueille 62 pensionnaires. Le plus jeune a 68 ans et la « doyenne » 104 printemps !
Depuis le 3 avril, dans cet EHPAD, 22 salariés ont décidé de vivre confinés en permanence sur leur lieu de travail, pour protéger tous leurs pensionnaires. Deux semaines de confinement volontaire.

« Ça coulait de source ! »


L’idée de se couper du monde et de leurs familles, la directrice l’a eu après avoir regardé un reportage dans une maison de retraite près de Lyon où le personnel avait fait ce choix. Alors, elle s’est adressé à son équipe. Pour Christelle Adgé, aide-soignante depuis une dizaine d’années à l’EHPAD cantalienne, la décision d’être volontaire pour cette expérience a été immédiate. « On a fait nos valises comme si on partait en vacances, pris nos sacs de couchage, ça coulait de source, il fallait le faire pour la sécurité de nos résidents ».
Comme elle, près de la moitié du personnel de l’établissement s’est portée volontaire, les deux cuisiniers, des infirmières, des agents sociaux, des aides soignantes, du personnel administratif. « Une initiative collective », souligne Marie-Thérèse Vigier-Souq, la directrice.
« A moins de vingt personnes, ce n’aurait pas été possible », explique t-elle.


« La première nuit personne n’a dormi ! »


Alors des matelas ont été installés à même le sol dans la salle d’animation, le salon de coiffure, la lingerie, les bureaux…  « La première nuit, entre l’appréhension et les ronflements, personne n’a vraiment bien dormi, mais ensuite nous nous sommes adaptés », raconte la directrice.
La ville d’Arpajon-sur-Cère a mis à disposition trois mobile-homes pour que le personnel de nuit puisse se reposer plus tranquillement dans la journée, un peu à l’écart.
La résidence est devenue une petite citadelle.
Les repas sont confectionnés sur place mais des précautions particulières sont prises pour les livraisons. Les denrées sont stockées durant une journée entière avant d’être utilisées.
Idem pour la blanchisserie ou les médicaments, tout ce qui vient de l’extérieur.
L’objectif : éviter que le personnel ne soit à l’origine de contamination de résidents, même si le Cantal reste un des départements les moins touchés par le Covid 19 jusqu’ici.
« Voilà douze jours que nous vivons sur place et nous n’avons aucun cas de coronavirus ni aucun signe à l’intérieur de la résidence », se félicite Marie-Thérèse Vigier-Souq. Avant le début de ce confinement volontaire et partagé, il y avait eu quelques suspicions. « Nous avions eu 5 tests négatifs pour le personnel et un test également négatif pour un résident », précise la directrice.

« Chacun se souviendra de cette période ! »


Une chose est sûre, comme le dit Christelle Adgé, « Tout le monde se souviendra longtemps de cette période ! ».
« Le soir, il y a des voisins de la résidence qui nous applaudissent. On se sent soutenus par les gens. Certains nous ont apporté des gâteaux ou des pizzas, alors oui, il y a la fatigue, parfois des coups de blues, nos familles qui nous manquent, mais chacun y met du sien »
.
L’aide-soignante a sa méthode : quand elle va moins bien, elle s’isole un peu ou fait du vélo d’intérieur pour récupérer un peu.
Il faut dire que les journées sont très chargées, « douze heures en moyenne », précise la directrice.
« Les résidents prennent tous leurs repas dans leurs chambres, mais ils peuvent se retrouver dans la maison et puis nous pouvons individualiser davantage les prises en charge, on les accompagne par exemple sur la terrasse et dans un espace de verdure voisin de la résidence ».
Ces derniers jours, les familles ont souvent fait part de leur reconnaissance pour cette initiative alors qu’elles étaient gagnées par l’inquiétude face à l’évolution du virus dans les EHPAD.

« Je trouverais logique que ça continue »


A 74 ans, Michel Planchon est l’un des plus jeunes résidents. Pour cet ancien sportif, champion d’Auvergne junior de 1500 mètres, le plus dur est de ne plus pouvoir sortir, faire de la rando, comme il dit. Et puis d’être coupé de ses deux enfants qui vivent à Rodez et à La Rochelle.
Ce pensionnaire de l’EHPAD de la Cère dit redouter le virus mais vouloir rester « positif ».
Pour lui : « Cette décision du personnel est une très bonne chose, un soulagement pour nous et pour nos familles et je trouverais logique que ça continue ». Lui aussi constate que cette expérience a changé les rapports dans la maison « Le personnel était encore plus près de nous » et lui aussi sûrement se souviendra longtemps de ces quinze jours si particuliers.
Mais à la fin de la semaine, comme c’était prévu dès le départ, les 22 salariés de la Résidence de la Cère rentreront chez eux et retrouveront leurs familles. Ensuite ? « Nous respecterons au mieux toutes les mesures barrière, l’idée c’était de passer la période la plus préoccupante ; pour prolonger il aurait fallu qu’une autre équipe prenne le relai, mais nous ne sommes pas assez nombreux pour cela », conclut la directrice.
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