Dans les rues d'Aurillac, plusieurs migrants mineurs isolés sont livrés à eux-mêmes. Ces jeunes, scolarisés sur la commune, sont menacés d'expulsion. Un collectif regroupant éducateurs, enseignants et représentants associatifs interpellent la Préfecture pour soutenir ces jeunes.
Avec leur sac à dos, ces migrants venus d'Afrique occidentale étaient jusque-là des lycéens comme les autres. Déclarés d'abord mineurs non accompagnés, leur documents d'identité auraient été jugés faux par la police aux frontières. Aujourd'hui, les voilà devenus clandestins, obligés de quitter le territoire.
Ibrahima est scolarisé au lycée Jean Monnet-Mermoz d'Aurillac. "Des fois, on a des chantiers à Figeac (Lot), à Saint-Pierre, à Mauriac (Cantal). Avec l'assigantion à résidence, tout a été bloqué," explique l'étudiant en bac pro électricité.
Des rêves d'intégration entravés
Le jeune réfugié et son ami d'infortune sont soutenus par des sympathisants d'un collectif de défense. Ces derniers dénoncent une situation aberrante. "En tant qu'enseignants, on suit nos étudiants tout au long de l'année. On les voit - pour certains professeurs - 10 fois par semaine, on les aide à s'intégrer, à construire un projet professionnel, à trouver un stage, souligne Léonor Coteux, professeure dans l'établissement aurillacois. Et puis, du jour au lendemain, on apprend qu'ils ont une obligation de quitter le territoire français avec assignation à résidence. Tous leurs rêves s'effondrent, avec leurs projets d'intégration."En dehors de ces cas particuliers, le collectif dénonce une certaine tendance à déclarer de plus en plus souvent des mineurs étrangers mineurs comme étant majeurs, et donc soumis à une expulsion immédiate, ou livrés à la rue. "On essaye, d'une part, d'obtenir des régularisations pour les jeunes que nous connaissons. D'autre part, on alerte la population sur ce qui se passe, sur ce gros coup porté aux droits de l'Homme et de l'enfance," explique Étienne Berger, membre du collectif.
Des critères non respectés
Le Cantal accueille 36 de ces jeunes dans ses saisons de l'enfant, ou dans des lieux d'accueil et d'accompagnement à la semi autonomie, comme à Aurillac. C'est le conseil départemental qui est tenu par la loi de procéder aux évaluations de minorité. En cas de réserve, il appartient au juge des enfants de décider."Ces derniers mois, nous avons constaté qu'un nombre croissant de personnes se sont présentées sous ce statut [de mineur isolé]. Mais les évaluations ont montré que la minorité ou le caractère "non-accompagné" n'étaient pas avérés," confie Hervé Trémouille, directeur enfance famille au conseil départemental du Cantal.
Le collectif en appelle à la Préfecture pour régler le cas des ces jeunes en parcours d'intégration. Elle agit aussi pour que l'opinion prenne conscience de cette problématique de l'enfance en danger.