Située près d'Aurillac, la société cantalienne Matière, spécialisée dans la construction de ponts et structures métalliques, a officialisé mi-mars la signature d'un contrat avec le Kenya. Il porte sur 205 ponts pour un montant de 69 millions d'euros.
Neuf chefs d'entreprises français faisaient partie de la délégation accompagnant Emmanuel Macron au Kenya, le 13 mars 2019. Une visite d’Etat au cours de laquelle la France a signé pour 2 milliards d'euros de contrats. Basée à Arpajon-sur-Cère, l'entreprise cantalienne Matière a décroché un contrat de 69 millions d'euros. De quoi réjouir le directeur général de l'entreprise, Philippe Matière, qui nous détaille la suite.
Question : c’est une bonne nouvelle pour l’entreprise, ce contrat ?
Philippe Matière : "Bien sûr, c’est une bonne nouvelle, mais pour l’instant on en est à la première haie du 110 mètres haies. On a un accord des autorités kenyanes. Maintenant, il faut se mettre d’accord sur le contrat commercial, sur la convention de crédits puisque je rappelle qu’on amène les financements en même temps qu’on amène les ponts, il faut passer par les contrôles de légalité des autorités kenyanes (…) pour vérifier que tout est conforme aux lois et usages en vigueur pour les marchés publics. Et puis, ensuite, il faudra arriver à conclure ça dans un contrat global et à se faire payer l’acompte puisque, de par les règles OCDE (ndlr, Organisation de coopération et de développement économiques), on a le droit de financer un projet à 85 %, moins 15 % d’acompte qui doivent être mis en place par le client. Je pense que le temps de réunir tout cela, il y en a encore bien pour 6 à 8 mois mais c’est tout à fait normal dans ce genre de circonstances".
Question : malgré toutes ces étapes, a-t-il de bonnes chances d’aboutir ?
Philippe Matière : "Ce contrat, il est interactif avec un financement français pour l’amélioration des routes rurales. Nous, on amène des ponts sur ces mêmes routes rurales avec un financement commercial, mais l’Agence française de développement, qui est une agence d’Etat, a mis à disposition de l’argent pour les Kenyans de façon à réparer les routes entre ces ponts. L’un entraînant l’autre, il n’est pas possible que l’un se fasse sans l’autre (…) Il faudra être rigoureux et patient, mais c’est exactement comme cela que ça se passe sur tous les projets qu’on traite".
Fabriquer et poser 205 ponts en zones rurales
Question : sur quoi porte ce contrat précisément ?
Philippe Matière : "Il nous engage à fabriquer et à poser 205 ponts. Cela va de petits ouvrages qui font 8 mètres pour les plus courts jusqu’à des ouvrages plus importants de 45,60 mètres avec notre technologie Unibridge (ndlr, une technologie de pont modulable, facile à transporter et à installer, inventée et brevetée par l'entreprise cantalienne qui exporte beaucoup à l’étranger). Le principe de ce contrat, c’est un contrat clé en main". (Ils seront fabriqués dans l'usine de Bagnac-sur-Célé dans le Lot, aux portes du Cantal)
Question : vous étiez à Nairobi avec Emmanuel Macron. Que vous a apporté cette visite présidentielle au Kenya ?
Philippe Matière : "Comme pratiquement tous les contrats qui se signent à l’occasion de visites présidentielles, il sont tous enclenchés depuis longtemps. Simplement, la visite d’un président de la République c’est toujours l’occasion d’accélérer un peu avant, de matérialiser un certain nombre de choses et surtout au niveau des relations entre les deux exécutifs, de montrer qu’il y a des relations excellentes, entre autres économiques. C’était le cas pour ce voyage, où d’autres projets en cours depuis longtemps ont été soit définitivement conclus soit très fortement avancés comme le nôtre".