"Désolé de vous déranger, j'ai fait un virement par erreur sur votre portable" : Attention, à partir de ce message, une équipe d'arnaqueurs harceleurs tente de vous avoir à l'usure...
Cela commence par un SMS reçu quelques jours avant Noël, sur un téléphone portable : "le virement de 154 euros a été effectué". Marc* le supprime presque machinalement, comme il le fait avec les faux SMS de "colis trop grand pour entrer dans la boîte aux lettres". Et il n'y pense plus.
Un "virement pour sa maman" effectué par erreur sur votre portable
Le lendemain, un numéro inconnu tente de joindre Marc à 6 reprises. La 7 ème fois, il décroche et converse alors avec un jeune homme qui dit s'appeler Lucas. Il dit avoir fait une erreur en envoyant un virement sur son téléphone et voudrait bien récupérer son argent.
Marc n'est pas dupe. Il éconduit l'inconnu qui tente de l'arnaquer. "Je lui ai dit, bien sûr, je peux même vous rendre plus d'argent si vous voulez, arrêtez votre arnaque", explique Marc. "Je pensais avoir été clair. J'ai bloqué le numéro et dix minutes plus tard, j'ai encore "Lucas" en ligne qui appelle avec un nouveau numéro. Cette fois-ci, il est furieux, me menace et avance que son père est commissaire. Je lui réponds que ça tombe bien, qu'il pourra faire une demande officielle et je raccroche. Je bloque à nouveau le numéro.
Une heure plus tard, "le père" m'appelle, sympathique, il essaie de me dire que son fils a fait une erreur mais qu'il ne mérite pas de perdre 150 euros. Qu'ils porteront plainte si je persiste.".
Trois personnes pour une arnaque
Le "père" enverra ensuite un SMS pour ramener Marc "à la raison". Mais une troisième personne intervient encore se présentant "du commissariat de Briançon". Cette fois-ci, c'est par message vocal qu'il lui est conseillé de régler le problème à l'amiable.
Face à ce harcèlement, Marc signale tous les numéros qu'il a bloqués sur la plateforme de lutte contre les SMS et appels indésirables.
"J'ai aussi chatté avec un gendarme de la cybercriminalité (via la plateforme 17 Cyber), je trouvais l'arnaque trop grosse et je ne comprenais pas pourquoi les appels continuaient alors que je n'étais manifestement pas dupe", poursuit Marc. "Le gendarme m'a confirmé que j'avais fait ce qu'il fallait, les blocages, les signalements. Et que cela allait s'arrêter." Ce fut le cas, après un total de 3 conversations téléphoniques, 7 appels en absence, 2 messages vocaux et 2 SMS, monopolisant 3 personnes (ou 3 voix).
Un bien gros scénario pour 150 euros
Nous avons contacté la cellule cybercriminalité du Calvados qui n'avait pas encore eu connaissance de ce type d'arnaque. Le gendarme s'est lui aussi étonné d'un tel scénario pour une somme annoncée de 150 euros : "on a eu ce genre d'escroquerie qui fait intervenir un avocat, plusieurs personnes, mais qui vise essentiellement des entreprises. Quand il y a plusieurs intervenants, l'escroquerie est plus grosse".
En Normandie, ce sont les faux conseillers bancaires qui sévissent. "Ils font apparaître le numéro de téléphone de l'agence locale sur le portable de leur victime, ce qui les met en confiance" explique le cybergendarme. Ils expliquent qu'un mouvement suspect a eu lieu sur leur compte, à Amsterdam. Pour bloquer ce transfert, la victime reçoit un mail avec des liens cliquables. "Il faut toujours une action de la part de la victime pour que l'arnaque fonctionne" rappelle le gendarme.
En ne cliquant sur aucun lien, que ce soit par SMS ou mail, l'arnaque ne peut aboutir.
*prénom modifié