A Aurillac,la célèbre maison Piganiol, spécialisée dans la fabricantion de parapluies s'est reconvertie pendant cette période de crise sanitaire liée au coronavirus COVID 19. Pendant le confinement, la maison s'est lancée dans la fabrication de blouses pour les soignants du département.
Il voulait participer à l'effort de guerre en cette période de crise sanitaire liée au coronavirus COVID 19. Il voulait rendre utile son atelier : Matthieu Piganiol, héritier de la maison Piganiol qui fabrique des parapluies depuis cinq générations à Aurillac, dans le Cantal.
"J'ai perdu 90 % de mon chiffre d'affaires en une journée"
Tout a commencé le jeudi 12 mars, lorsque le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la fermeture des écoles. "Déjà, à ce moment-là, beaucoup de personnes disaient que la prochaine étape serait les commerces, raconte l'entrepreneur. Et le lendemain, toutes mes commandes ont été annulées. J'ai perdu 90 % de mon chiffre d'affaires en une journée". Une première pour la maison qui existe depuis 1884 "même pendant les deux guerres mondiales, nous n'avions pas fermé, les femmes travaillaient à la maison. Je suis la première génération à prendre la décision d'arrêter l'activité"."Je sais piquer, coudre et couper du textile"
Le lundi suivant, l'atelier de parapluie ouvre malgré tout avec ses salariés en respectant les mesures barrière. Mais le soir-même "j'appelle mes salariés pour leur dire de ne pas venir, on n'a plus de clients. Le lendemain, ils annonçaient le confinement". Loin de se laisser aller, Matthieu Piganiol s'interroge :"Emmanuel Macron parle de guerre, et je me suis demandé comment je pouvais participer à l'effort de guerre. Je sais piquer, coudre et couper du textile. Je vais fermer, mais si je peux aider, je vais le faire. Alors très vite, je comprends qu'on va avoir une pénurie de masques"."Il faut tout revoir"
L'entrepreneur se lance alors dans des prototypes de masques avec des tissus de parapluie. "Mais il y a plusieurs recommandations à respecter. Finalement, j'apprends par le personnel soignant du département, qu'il va y avoir un manque de blouses sachant qu'ils utilisent des blouses jetables, donc on va repasser à des blouses textiles, que l'on va laver".Il faut tout revoir. Lundi 30 mars, l'atelier de la maison Piganiol rouvre avec deux couturières qui réalisent des prototypes. "Il faut aller vite et faire en grande quantité. Mardi, 10 volontaires sont à l'atelier, je ne voulais pas plus de personnes. Les deux premières couturières forment les autres, et mercredi, on entame une grosse journée de fabrication".
"L'atelier fabrique 15 blouses par heure, ce qui représente 90 pièces par jour"
Ce vendredi 3 avril, l'entrepreneur a même changé sa ligne de production pour être plus efficace. "On a du personnel qui sait faire de la couture, le problème n'est pas la technicité mais la cadence : je leur ai dit que si la manche ne tombe pas parfaitement ou si une couture n'est pas droite, ce n'est pas grave".Il a donc fallu se réorganiser du tout au tout "les 10 salariés travaillent pendant six heures à l'atelier, de 7 h à 13 h, mais je ne veux pas qu'ils retournent chez eux et reviennent dans la foulée, ça fait trop d'aller-retour". Le petit atelier fabrique 15 blouses par heure, ce qui représente 90 pièces par jour.
"J'ai des hôpitaux de la région parisienne qui appellent depuis jeudi pour me demander des blouses, mais je suis un petit atelier, je ne peux pas produire davantage", se désole Matthieu Piganiol.
"On veut aussi fabriquer des masques"
La maison de parapluies ne va pas s'arrêter là. "Ca, c'est le premier projet, on veut aussi fabriquer des masques". Un groupement national de la filière mode et luxe s'est mis en place pour répondre à la demande de masques, mais ils seront à usage non-sanitaire (agro-alimentaire, grande distribution, gestion de l'eau, gestion des déchets et pharmacie)."On part de zéro, la filière textile française s'organise pour aider. Je ne pense pas que mon activité va reprendre tout de suite, il fallait que je me rende utile pendant cette guerre".
La fabrication de masques devrait, elle, commencer dans quelques semaines.