Depuis le Cantal, la formidable histoire des pèlerinages aériens de Christian Moullec avec des oiseaux migrateurs

Le météorologiste, installé à Aurillac, Christian Moullec, a eu l'idée, il y a 26 ans, de changer l'itinéraire migratoire des oies pour les protéger contre les chasseurs. Une aventure humaine et animale étonnante, un rêve de gosse, qu'il est venu raconter dans "Vous êtes formidables"

Il ne se lasse jamais de vivre ces moments. Depuis déjà 26 ans, Christian Moullec a initié les premiers vols en ULM avec des oies. Pas seulement pour les approcher ou les accompagner. Son but était aussi de détourner le parcours de migration de certaines d’entre elles afin de leur faire éviter les zones de chasse. « Je n’ai jamais cessé de voler avec les oiseaux. J’aime aussi les filmer, les photographier » reconnaît-il. « Les paysages vus du ciel sont toujours très beaux, même lorsqu’ils sont urbanisés. Mais, à mes yeux, ils se justifient toujours avec un oiseau au premier plan. Ce qui permet de leur donner la parole, en donner des informations. »

Aujourd’hui, il est installé dans le Cantal, près d’Aurillac, au milieu des animaux. Il y organise des vols avec les oiseaux pour le grand public.

Là-haut, à leur contact, à portée de main, Christian vit ses instants comme une expérience spirituelle. « La première fois que j’ai volé avec eux, ils ont bien voulu me suivre. Un peu comme si j’étais leur guide. Et cela m’a donné une responsabilité vis-à-vis d’eux. »

De l'île Amsterdam à Aurillac, en passant par Saint-Pierre-et-Miquelon

Retour en 1988. Christian Moullec séjourne en tant que météorologiste sur l’île Amsterdam, une petite île française, assez peu peuplée, et située dans l’océan indien, dans l’hémisphère sud. Il en profite pour observer les oiseaux. « J’ai choisi ce métier justement pour avoir l’occasion d’aller voir des albatros sur les terres australes françaises. Le territoire d’outre-mer de la France est très vaste » témoigne-t-il. « Il n’y avait pas de tourisme à l’époque, alors j’ai fait ce choix professionnel. J’ai participé à des campagnes de baguage des albatros. Là-bas, on trouvait surtout des espèces marines qui viennent à cet endroit pour se reproduire

Cette passion remonte à l’enfance, qu’il a passée en Bretagne. « Très jeune, je lisais des ouvrages de vulgarisation sur la nature, les oiseaux. Je n’imaginais pas, quand j’avais 10 ans, qu’un jour ils feraient autant partie de ma vie, et que je volerai avec eux. » Il a, en quelque sorte, tel Icare, toujours rêvé qu’il volerait comme un oiseau.

A environ la même latitude que sa région d’origine, mais au nord-est du continent américain, se trouve un autre territoire français qui lui est cher : Saint-Pierre et Miquelon. C’est dans cette froide contrée qu’il a rencontré son épouse, Paola, qui en est originaire. « Après avoir connu les terres australes, j’ai eu l’opportunité d’aller travailler là-bas. C’était l’occasion pour moi de voyager et d’en découvrir la faune » Et pas uniquement, donc, puisqu’il ne quittera plus sa future épouse. « Avec une caméra 16 millimètres, je filmais les aigles à tête blanche, là-bas, sur les falaises. Et tous les oiseaux que l’on peut voir dans l’archipel. Je me régalais… »

Premier vol avec Fifi et Loulou

Au bout de quatre ans, un poste s’est libéré à Aurillac. C’est ainsi qu’il a atterri en Auvergne. C’est dans le Cantal qu’il va mettre en œuvre un vieux projet. « Je voulais voler avec des oiseaux pour pouvoir tenter l’expérience de réimplanter l’oie naine en Scandinavie. Elle nichait dans ce pays il y a cinquante ans. Mais elle a été exterminée par les abus de la chasse et il en reste très peu. Je voulais essayer de les guider sur un autre itinéraire, vers des sites protégés, en hivernage, dans le sud-ouest de l’Allemagne. Cela a très bien fonctionné. »

Pourquoi ces oies, qui suivent les mêmes chemins depuis des millions d’années, décident-elles de suivre ce guide inattendu ? Christian explique tout simplement que les oies, les grues ou les cygnes n’ont pas l’instinct de la migration. « Les jeunes doivent donc mémoriser, avec leurs parents, les trajets migratoires et les zones d’hivernage. C’est un apprentissage. En me substituant au rôle des parents, en élevant ces oiseaux depuis la naissance, j’ai pu leur montrer un nouvel itinéraire.»

Aussi simple que ça. Persuadé de réussir, Christian a tenté son premier vol en 1995, avec deux oiseaux Fifi et Loulou. « J’ai décidé de ne voler qu’avec celui qui était le plus réceptif, à savoir Loulou. Paola nous a regardés voler depuis le sol. C’est là que Fifi nous a vus dans le ciel et nous a rejoints. C’était le début d’une aventure extraordinaire. »

Lors de son grand voyage, Christian Moullec est parti en ULM avec Paola depuis le centre de la Suède. Ensemble, ils ont effectué des étapes d’environ 100 kilomètres, ballotés par les aléas climatiques. Les oiseaux les ont naturellement suivis. « Ils décollaient avec nous, et se laissaient guider. On descendait vers le sud et on croisait quantité d’espèces migratrices… des grues, des cormorans, d’autres oies. »

Un film, sorti en 2019, intitulé "Donne moi des ailes", et signé par Nicolas Vannier, raconte, sous une forme romancée, cette épopée, dont Christian a écrit le scénario. «J'espère que cela pourra sensibiliser les gens à la cause de la protection des oiseaux migrateurs.»

Ces migrations sont indispensables pour ces espèces. C’est une question de survie, d’alimentation et de quiétude pour ces oiseaux. La majorité des espèces savent où se rendre. Pour les autres, c’est un apprentissage qui se transmet de génération en génération. Avec Christian pour guide, ces pèlerinages arrivent à bon port, sans accident…

Et vous, aimeriez-vous voler au milieu des oiseaux ?

Revoir l'émission Vous êtes formidables avec Christian Moullec

 

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