Grève du 19 janvier : pourquoi la Confédération Paysanne du Cantal appelle les agriculteurs à manifester

La Confédération Paysanne du Cantal appelle les agriculteurs à rejoindre la manifestation du 19 janvier contre la réforme des retraites. Pénibilité, montant des pensions, la Confédération compte faire entendre sa voix.

C'est en comité national que la Confédération Paysanne a décidé d'appeler tous les paysans et paysannes à rejoindre la mobilisation du 19 janvier contre la réforme des retraites, sur tous les territoires. Dans le Cantal, Sylvie Jouve, porte-parole, indique : “Dans le Cantal, bien évidemment, on se sent concerné et on a envie de participer à cette mobilisation pour plusieurs raisons. On refuse cette réforme qui repousse l'âge légal du départ à la retraite à 64 ans. Vu la pénibilité du travail, 64 ans, c'est déjà assez compliqué et ce caractère-là n'a pas été pris en compte. Physiquement, je ne pense pas que ça va être possible.” En effet, selon elle, l’allongement de la durée de cotisation pénaliserait de nombreux actifs agricoles, notamment les conjoints et les nouveaux installés : “Dans le monde paysan, dans beaucoup de cas de figure, il y a des carrières incomplètes, par exemple des paysannes qui ont des enfants et qui n'ont pas tout de suite cotisé ou des paysans qui s’installent après avoir suivi des études ou fait autre chose avant. Maintenant, c'est aussi beaucoup le cas. On a beaucoup de porteurs de projet, de nouveaux paysans qui s'installent après avoir fait autre chose. Il y a aussi des personnes qui ont travaillé sans être déclarées et qui ont cotisé tardivement. Il y aura une double pénalisation pour ces personnes-là aussi.” 

"Beaucoup de personnes en dessous du seuil de pauvreté"

Si la Confédération appelle à se mobiliser, c’est aussi pour demander une revalorisation du montant des pensions, plus basses dans le monde agricole que dans beaucoup d’autres secteurs d’activité : "Une retraite minimum à 1 200€, ça pourrait être correct, raisonnable. On ne demande pas la lune. Mais en fait, c'est tout à fait trompeur parce que c'est pour des carrières complètes à 43 ans de cotisation contre 42 aujourd'hui. Il y a quand même beaucoup d'exclus encore, comme avec la loi Chassaigne. C'est aussi une façon de dire non à tout ça.” La loi du 3 juillet 2020, dite « loi Chassaigne », porte le montant minimum de pension à 85 % du SMIC net agricole à compter du 1er novembre 2021, pour les chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole pour une carrière complète. “Dans le monde agricole, il y a souvent beaucoup de pensions basses et beaucoup de personnes en-dessous du seuil de pauvreté. Les retraités agricoles sont bien connus pour être parfois au-dessous de 1000€. C'est vraiment très compliqué. On a un tissu rural qui a de moins en moins de moyens et donc une activité économique qui est en décadence", regrette Sylvie Jouve. Cela concerne aussi bien les exploitants que les salariés agricoles, qui connaissent aussi selon elle de faibles pensions et des aléas de carrière incomplète. 

"On va, nous aussi, continuer à mettre la pression"

Sylvie Jouve dénonce : “En allongeant cet âge légal de départ à la retraite, ça repousse aussi le fait de renouveler les générations. On a vraiment besoin de ce renouvellement, de l'installation de nombreux paysans sur le territoire. Là, ce n'est pas possible et on va vraiment à l’encontre des besoins et des enjeux sociétaux et environnementaux.” Selon elle, la confédération prévoit déjà une suite à cette mobilisation du 19 janvier : "On appelle à manifester pour le moment. Par la suite on va voir ce qu'on mettra en place. De toute façon, je pense que cette mobilisation, ce mouvement ne fait que commencer. On va, nous aussi, continuer à mettre la pression et rester solidaires par rapport à tout ça.” Les agriculteurs sont donc appelés à se joindre au cortège d’Aurillac, précise Sylvie Jouve : “Il y a une forte mobilisation sur Aurillac. Les drapeaux de la Confédération Paysanne flotteront à Aurillac et peut-être également à Saint-Flour. Il y a cette morosité ambiante qui fait que le monde agricole est plutôt sonné, par rapport à tout ce qui s'est passé, par rapport à la sécheresse, par rapport à la difficulté du métier, aux revenus... Et puis, à côté, il y a cette envie farouche de se dire qu'on peut changer les choses et qu'il faut rester mobilisé.” Selon la Chambre d’Agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes, le Cantal compte 10 000 actifs agricoles. 

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