Maltraitance animale : la foire aux chevaux de Maurs pointée du doigt par la Fondation Brigitte Bardot

Jeudi 8 décembre, la fondation Brigitte Bardot a dévoilé une enquête sur la foire aux chevaux de Maurs, dans le Cantal. Dans une vidéo, des chevaux sont battus à coups de bâton et entassés dans les paddocks. L’organisateur conteste la véracité de ces images. Le parquet d'Aurillac a ouvert une enquête préliminaire.

Des chevaux qui se piétinent, qui sont en panique. D’autres entassés dans des paddocks, qui reçoivent des coups de bâton. Les images diffusées ce jeudi 8 décembre par la fondation Brigitte Bardot sont choquantes. Selon l'association de défense des animaux, cette vidéo a été tournée le 27 octobre dernier à la foire de Maurs, dans le Cantal, "majoritairement en caméra cachée".

"Compte tenu des éléments dénoncés par voie de presse, une enquête préliminaire
est ouverte d'initiative ce jour et confiée à la brigade de gendarmerie de Maurs", a déclaré à l'AFP le procureur d'Aurillac, Paolo Giambiasi, précisant que le parquet n'avait "pas trace" d'une plainte dans cette affaire.

Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, explique comment la structure a obtenu ces images : « On s’était déjà rendus sur place il y a quelques temps et on avait déjà vu des problèmes de maltraitance. Les services vétérinaires avaient été contactés. Le but de cette visite le 27 octobre dernier était de faire un point sur la situation réelle des animaux et de voir si des évolutions avaient eu lieu. Quelques caméras ont été posées au niveau de l’entrepôt et nous étions présents sur place avec des caméras cachées. Pour autant, on voit qu’il n’y a pas volonté de se cacher. On était sur un espace ouvert au public. Ce qui est choquant c’est de voir à quel point cette violence est banalisée. Le public n’a pas l’air plus choqué que cela ».

"Le niveau de stress pour ces animaux nous choque"

Le porte-parole dénonce la maltraitance dont sont victimes les chevaux lors de la foire de Maurs : « Il n’y avait pas de piège. Ce sont des choses visibles de tous. Vous faites les mêmes choses sur un chien ou un chat, tout le monde va être horrifié et va réagir. Mais là, comme ce sont pour la plupart des chevaux qui partent en Italie pour l’abattoir, c’est normal. Le niveau de stress pour ces animaux nous choque. Les chevaux sont sensibles. Ils sont mis dans des enclos assez serrés. Il y a un phénomène de panique. La réponse est de donner des coups, ce qui est invraisemblable ». Christophe Marie indique qu’une action en justice est lancée : « Une plainte est en train d’être engagée auprès du procureur d’Aurillac, sur la base des images mais aussi des témoignages. Les services vétérinaires se limitent à faire un contrôle des carnets de transport mais ne vérifient pas l’état des animaux. Sur place le vétérinaire sanitaire ne fait aucun contrôle individuel. On est aussi intervenus auprès de l’Ordre des vétérinaires pour demander qu’une sanction disciplinaire soit prise. On porte plainte contre l’organisateur de la foire qui est irresponsable ». 

"Il n’y a pas de maltraitance à la foire", selon les organisateurs

Ces accusations, Roger Condamine, l’organisateur de la foire, les nie en bloc : « Les coups de bâton ce n’est pas vrai. Pour moi ce sont des vidéos qui ont été tournées en 1998 ou 1999. Cela commence à me gonfler tout ça. Ce n’est pas vrai. Ce sont de fausses images. Ils nous avaient déjà attaqués en 1998. Je ne suis pas sûr que tout ait été filmé à Maurs ». Il affirme que les animaux sont bien traités à la foire : « Au mois d’octobre, la foire s’est très bien passée. Je ne vois pas où ils ont trouvé ça. Il n’y a pas de maltraitance à la foire. On a les vétérinaires sur place. Les animaux sont bien traités ». Concernant l’authenticité des images, Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, insiste : « On a la preuve que ça a été tourné cette année, le 27 octobre. L’organisateur peut toujours démentir mais on a la preuve des images. On était sur place avec un journal daté du jour. Il est complètement dans le déni et c’est cela qui est très grave. Quand vous avez face à vous une personne qui ment ouvertement, qui est dans le déni, comment voulez-vous qu’on puisse progresser ? C’est pour cela qu’on demande qu’il soit sanctionné. On est en contact avec le ministère de l’Agriculture. Ils sont en train d’étudier les images et ils vont saisir la préfecture du Cantal sur cette question ».

Une foire déjà pointée du doigt

La foire de Maurs a déjà été accusée de maltraitance par le passé. En novembre 2019, l’association « Les Sans Voix d’Eden » diffusait des images d’ânes et de chevaux frappés à coups de bâton et de pied, blessés et entassés dans des enclos. A l’époque, l’organisateur, Roger Condamine, réfutait les accusations de maltraitance.

Les associations ne sont pas les seules à avoir dénoncé la maltraitance animale à la foire de Maurs. C'est aussi le cas d'Amandine Delobre, qui s’occupe d’une structure équestre basée sur le bien-être animal, à Lapte, en Haute-Loire. Elle a été choquée par ce qu’elle a vu à Maurs en octobre dernier : « Je me suis rendue à la foire de Maurs pour la première fois cette année, avec une amie. Ce qu’il s’est passé là-bas nous a profondément bouleversées. On a vu des cas de maltraitance. Les chevaux ont voyagé pendant des heures voire des jours pour certains. Ils sont sans eau et sans soins dans des petits espaces de stabulation, entassés les uns sur les autres. On leur donne des coups de bâton. Ca fracasse les chevaux. Etant une grande amoureuse des chevaux, pour moi c’était intolérable de voir ça et que ce soit autorisé. Les chevaux sont dans des situations de stress intense ». Après cette expérience douloureuse, elle a écrit un article sur Facebook pour dénoncer ces violences : « L’article a généré des réactions de colère. Beaucoup de personnes trouvaient cela intolérable. Ils ont dit que cela ne devrait pas exister et que donner de l’argent à ces gens-là c’est encourager la maltraitance ». Amandine Delobre a profondément été marquée par ce qu’elle a vu : « Si on doit engager des poursuites, c’est contre les marchands qui sont sur place. J’ai repensé à ce que j’ai vu tous les jours pendant une semaine. Je n’avais pas imaginé ce climat de violence, le cheval est un bout de viande. Il ne mérite pas qu’on lui accorde des soins, à leurs yeux ».

A la suite de l’enquête de la Fondation Brigitte Bardot, une lettre ouverte a été envoyée par l'association au ministre de l’Agriculture pour lui demander que la consommation de viande de cheval, l’hippophagie, soit interdite en France.

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