Depuis plusieurs semaines, un collectif d'infirmiers libéraux en colère a été créé dans le Cantal. Partout en France, des collectifs comme celui-ci se montent pour réclamer une meilleure rémunération des actes médicaux et des frais kilométriques, qui n'ont pas été réévalués depuis plus de 10 ans.
"Bonjour. Comment allez-vous ce matin ?". C'est une visite quasi quotidienne pour Evelyne Cassan. Chez un patient âgé d’Aurillac, l’infirmière libérale vient pour une prise de sang et une injection. Ces actes médicaux n'ont pas été revalorisés depuis 2009. Evelyne Cassan, infirmière libérale, explique: "Pour le geste en lui-même, cela fait 3,24 euros. Il y a en plus les frais de déplacement qui sont actuellement à 2,50 euros brut soit 1,25 euros net. On arrive à peine à 5 euros. Il faut faire beaucoup de volume, pour arriver parfois à se sortir un salaire. Il y en a certains qui n’arrivent même pas à se sortir un salaire. Ce qu’ils font dans le mois leur sert juste à payer les charges".
Un pouvoir d'achat en baisse
Les aiguilles, les seringues, les masques ou les gants sont à la charge d'Evelyne. En 10 ans, les infirmiers libéraux auraient perdu 25 % de leur pouvoir d'achat. Evelyne Cassan poursuit : "On est face à la souffrance des gens, face à la maladie, face aux questionnements des familles. On est aussi malheureusement face à la fin de vie et au niveau de la charge mentale, c’est beaucoup. C’est épuisant".
Des patients reconnaissants
Dans le Cantal, une centaine d'infirmiers libéraux ont créé un collectif pour dire leur ras-le-bol. Les jours les plus chargés, Evelyne peut voir jusqu'à 50 patients. La demande est telle que certains professionnels refusent certains actes, comme la toilette. Chez une patiente handicapée, la toilette du matin et du soir sera payée autour de 7 euros au total à Evelyne. Yvette Klin, patiente, souligne : "Les infirmières libérales sont très indispensables. Sans elles, la maison de retraite ou l’hôpital m’attendaient".
Evelyne Cassan indique : "Il y a des gens qui ont besoin qu’on passe plus de temps avec eux parce qu’ils sont en demande. Parfois, nous sommes les seules personnes qui passent chez eux, qui viennent les voir. Il y a la solitude qui pèse. Il y a des gens qui sont en souffrance. Ils ont besoin qu’on les écoute. Avant, on prenait le temps. Maintenant on ne peut plus. On court après le temps".
En France, 15 000 infirmiers libéraux ont déjà rejoint des collectifs pour alerter sur la précarisation d'une profession indispensable, notamment en milieu rural.