Comme dans beaucoup de régions en France, dans le Cantal, les agriculteurs montrent leur colère en bloquant l’A75 au niveau de Saint-Flour. La mobilisation est prévue au moins jusqu’à dimanche soir.
Depuis 14h30, une cinquante de tracteurs et plus de 80 agriculteurs bloquent la sortie 29, dans les deux sens de circulation, sur l’A75 au niveau de Saint-Flour, dans le Cantal. Les agriculteurs se mobilisent partout en France pour montrer leur colère face à la hausse des taxes et contre les normes environnementales jugées trop contraignantes.
"On a l’habitude d’avoir des annonces d’apaisement pour que tout le monde rentre chez soi"
Parmi les manifestants, Pierre Taguet, agriculteur dans la commune de Menet, dans le Cantal. Il annonce que le mouvement se tiendra "au minimum jusqu’à dimanche", en attendant les annonces du Premier ministre, Gabriel Attal. "On ne s’attend pas à des miracles, on a tellement l’habitude d’avoir des annonces d’apaisement pour calmer le jeu et pour que tout le monde rentre chez soi. Aujourd’hui, on attend des mesures concrètes", dénonce l’agriculteur.
Les agriculteurs qui se mobilisent aujourd’hui attendent des mesures au niveau des normes environnementales, des charges, concernant l’import/export des produits agricoles dans le pays et surtout, sur la rémunération des agriculteurs. Pierre Taguet est à bout de souffle : "ce n’est plus possible, on ne s’en sort plus."
J’ai 24 ans, je devrais avoir l’avenir devant moi. Pourtant, quatre ans après l’installation, je me pose beaucoup de questions.
Pierre Taguet, agriculteur dans le Cantal
Mathieu Théron, président de l’association des Jeunes agriculteurs du Cantal, ajoute : "On a besoin de retrouver un revenu décent. Ça passe par l’application de la loi Egalim, avec des contrôles de la part du ministère de l’Économie. On demande aussi les paiements de la Pac en temps et en heure avec les montants qu’on nous avait promis. Aujourd’hui, il y a un retard sur une partie des mesures et les aides ont été rabotées", s’agace-t-il.
Cette mobilisation survient quelques mois après un mouvement "plus silencieux", celui des panneaux retournés dans plusieurs communes de France. "Si on a besoin de revenir sur l’autoroute, c’est que les messages n’ont pas été entendus et que nous n’avons pas été écoutés. On restera tant que nous n’aurons pas eu gain de cause."
Un drame qui renforce les troupes
Mathieu Théron assure que l’ambiance sur place est bon enfant. Sur place, le camp est en train de prendre forme, afin d’assurer la mobilisation jusqu’à dimanche. "On a tout prévu pour tenir, on a à boire et à manger jusqu’à dimanche." Les agriculteurs se relaieront sur trois plages horaires distinctes.
À la suite du dramatique accident survenu sur un point de blocage en Ariège ce mardi matin, qui a coûté la vie d’une agricultrice, l’émotion est grande. "Ce sont des collègues, des parents, une famille. La tristesse est profonde", réagit Mathieu Théron. Sur l’A75, la sécurité a été renforcée, avec l’installation de blocs de béton, avec un tracteur et une remorque positionnés derrière. "Ce drame me renforce dans l’idée de dire qu’on doit être là. Elle est décédée pour se battre pour pouvoir vivre de son métier. On ne doit pas lâcher pour obtenir ce que l’on demande. Il ne faut pas qu’elle soit morte pour rien. En honneur pour elle, il faut mener ce combat. On en a marre d’être pris pour des cons", martèle Pierre Taguet.
Une circulation difficile
Ce blocage de l’A75 dans les deux sens de circulation perturbe le trafic routier.
Afin de permettre la continuité du trafic et de sécuriser la circulation, une déviation est mise en place au niveau des sorties 28, pour le sens Sud-Nord et 29 pour le sens Nord-Sud, via la route départementale D909, assure la préfecture du Cantal. Elle rappelle aux automobilistes d’être vigilants et d’adapter sa vitesse à l’approche des sorties concernées, ainsi que sur l’itinéraire de déviation.