Terrible drame ce matin vers 5h30 ce mardi 23 janvier 2024, un véhicule s'est introduit sur la route nationale 20 actuellement bloquée par les agriculteurs au niveau de Pamiers en Ariège. La voiture a foncé à vive allure sur le mur de paille dressé par les manifestants. Une agricultrice et sa fille sont décédées. Le père et mari est grièvement blessés.
La mort de la jeune fille de 12 ans avait déjà été annoncée au milieu de journée par plusieurs médias, avant d'être démentie. La tragique information est finalement tombée, mardi 23 janvier 2024, sur les coups de 22h par un communiqué du parquet de Foix : "la jeune fille née le 25 septembre 2011, victime de l’accident survenu ce matin à hauteur de la route nationale 20 de Pamiers, est décédée des suites de ses blessures peu après 19 heures. Cette information vient d’être confirmée par les services de l’hôpital Purpan de Toulouse."
Le matin, suite au décès d'Alexandra Sonac, une agricultrice qui participait au blocage de la RD 119 en Ariège, à Pamiers, le préfet Simon Bertoux avait livré les premiers éléments en fin de matinée sur le drame lors d'un point presse ce mardi 23 janvier 2024.
"Une voiture avec trois occupants à son bord a franchi un barrage à 3 km pour avoir accès à la nationale 20, explique le préfet. Le véhicule venait de Toulouse et roulait en direction de l'Andorre. Il a percuté le dispositif mis en place par les agriculteurs", où se trouvaient les victimes. Le mari d'Alexandra Sonac et sa fille sont gravement blessés.
A ce stade de l'enquête, on ne sait pas à quelle vitesse roulait la voiture ni pour quelles raisons elle a franchi ce barrage.
Pour le moment, le parquet de Foix a ouvert une enquête pour des faits d'homicide involontaire, retenant le caractère non-intentionnel de cet accident. "Quand la voiture s'est engagée sur la 2X2 voies, elle avait franchi sciemment un dispositif de barrage d'accès, avec une signalisation visuelle très bien matérialisée, il n'y avait aucun doute que la voie était fermée", affirme encore le représentant de l'Etat.
La situation administrative des occupants de la voiture étudiée
"Les occupants n'étaient ni sous alcool ni sous stupéfiant et sont inconnus de la justice. Deux d'entre eux sont hospitalisés", poursuit-il.
Le préfet a indiqué que ses trois occupants étaient d'origine arménienne et qu'un point sur leur situation administrative était en cours. "S'il s'avérait qu'ils sont en situation irrégulière, et au regard de ce que décidera la justice, si la justice les libère, ils seront placés en détention administrative".
Une quarantaine d'agriculteurs étaient présents ce matin au moment du drame. Les manifestants ont décidé de lever leur barrage sur place. C'est vers 5h30 que cet accident tragique a eu lieu sur le point de blocage des agriculteurs à Pamiers en Ariège.
Selon les informations de notre journaliste Geoffrey Berg, une voiture a foncé sur les manifestants faisant un mort et deux blessés graves à hauteur du pont de la RD119, là où se sont installés les agriculteurs.
Un accident très vite confirmé par le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Une agricultrice ariégeoise Alexandra Sonac, âgée d'une trentaine d'années est décédée après avoir été fauchée par le véhicule. Dans sa course folle, la voiture a aussi renversé son mari et sa fille adolescente de 14 ans qui sont grièvement blessés. Elle a été héliportée au CHU de Toulouse.
Une voiture à la "vitesse folle"
Le drame est intervenu vers 5h30. Sébastien Durand, vice-président de la Fdsea d'Ariège, contacté nous apporte quelques éléments d'information : "Ils sont passés à une vitesse folle, sur les bas-côtés en évitant les plots de béton. Ils venaient dans le sens Toulouse-Foix."
Une information confirmée par le parquet. "Une voiture s'est introduite sur la route nationale à hauteur de Pamiers qui était bloquée par les agriculteurs. Elle a percuté à grande vitesse le mur de paille érigé par les agriculteurs. Les dégâts matériels sont considérables. Au moins trois personnes ont été renversées, l'une d'entre elles est décédée."
Le préfet du département s'est très vite rendu sur place. 35 sapeurs-pompiers, 13 policiers et 20 gendarmes ont été mobilisés sur les lieux de l'accident. Un centre opérationnel a été activé en préfecture de l'Ariège.
Le monde agricole sous le choc, le barrage sur la RN20 est levé
Les victimes sont originaires du village de Saint-Felix-de-Tournegat (Ariège). Un accident difficile pour les agriculteurs très mobilisés depuis plusieurs jours. "Ce genre de drame est très difficile à vivre", a déclaré Arnaud Rousseau président de la FNSEA.
"Les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA de l'Ariège témoignent tout leur soutien aux proches et à la famille des victimes", ont écrit les agriculteurs ariégeois dans un communiqué. "C'est une famille très très engagée dans le monde agricole, surtout Alexandra, décrit très ému, Sébastien Durand, de la FDSEA Ariège. Elle était très entreprenante, très dynamique, ne vivait que pour le monde agricole."
Face à ce drame, les JA et la FDSEA de l'Ariège viennent de décider de lever le blocage de la N20.
"On est meurtri, on a de la peine, on est dans les larmes. Aujourd'hui, notre seul souci, c'est d'être auprès de la famille, de les entendre, de les soutenir, dans des moments qui détruisent une famille évidemment, complètement, commente lui aussi très touché", Philippe Lacube, le président de la chambre d'agriculture de l'Ariège.
Le ministre de l'agriculture Marc Fesneau a aussi réagi ce matin sur les réseaux sociaux avant son arrivée à Pamiers, ce soir.
Dans le cadre d’une action syndicale pour défendre sa profession et exprimer ses attentes, une jeune agricultrice est décédée tôt ce matin en Ariège.
— Marc Fesneau (@MFesneau) January 23, 2024
Je pense à elle, je pense à son conjoint et à sa fille qui luttent encore pour leur vie.
C’est un drame pour nous tous.…
Trois personnes interpellées
Concernant les circonstances de ce drame, "En l’état des tous premiers éléments recueillis par les enquêteurs, et sous réserve de confirmation ultérieure, il est possible d’indiquer qu’un véhicule automobile, arrivant de Toulouse et se dirigeant vers l’Andorre, avec à son bord un couple et une de leurs amies, tous trois de nationalité étrangère, ont emprunté la route nationale 20, malgré le dispositif mis en place pour en interdire l’accès", détaille le communiqué de presse du tribunal judiciaire de Foix publié ce matin.
En circulant sur la double voie, leur véhicule a percuté, en pleine nuit, et sans éclairage public à proximité, un mur de bottes de paille, érigé sur toute la hauteur jusqu’au pont, et alors que ce mur de paille était recouvert d’une grande bâche noire. Or, était installé derrière ce mur de paille un grand barnum, où des manifestants se restauraient. Le véhicule a alors percuté trois personnes, avant de finir sa course contre la remorque d’un tracteur. Ainsi, et au regard des tout premiers éléments de l’enquête, qui débute à peine, les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel.
communiqué de presse du 23 janvier 2024, Tribunal judiciaire de Foix
Les personnes à bord du véhicule se dirigeaient vers l'Andorre. L’enquête judiciaire, confiée au commissariat de Pamiers, a été ouverte en flagrance des chefs d’homicide involontaire aggravé et de blessures aggravées. Les tests de dépistage réalisés en matière d’alcoolémie et de stupéfiants sur le conducteur, âgé de 44 ans et inconnu des services de justice, se sont révélés négatifs.
Les trois occupants du véhicule automobile ont été placés en garde à vue et seront entendus très rapidement. Les investigations se poursuivent pour déterminer les circonstances exactes de ce drame. On ne sait toujours pas pourquoi ils ont foncé sur ce barrage agricole.
Une cellule psychologique mise en place
Une cellule d’urgence médico-psychologique a été mise en place au profit de la famille des victimes sur l’initiative du parquet de Foix, conformément au protocole mis en place avec l’association de soutien judiciaire et d’orientation de l’Ariège (ASJOA), laquelle intervient pour assurer, dans le contexte d’une enquête judiciaire, la prise en charge des proches d’une personne décédée de manière violente.