L'e-commerce est un moyen de plus en plus incontournable de faire connaître ses produits locaux. La maison Marie Severac, une société fromagère dans le Cantal, a pris place dans ce nouveau système de commercialisation lors de la crise de la COVID. Un nouveau fonctionnement facilité par l’existence d’un fromage au format spécialement réfléchi pour les transports depuis plusieurs années.
"Un nouveau style de démarche et de commerce irréversible." C’est la vision de l'e-commerce par Pierre Lantuejol, l’inventeur du Salerac issu du savoir-faire ancestral de sa famille. Il a eu l’idée de cette petite tomme de vache, après plusieurs échanges lors de ses voyages et un constat sur la difficulté à trouver des fromages issus du Cantal à l’étranger. "Quand je posais la question aux gens, ils me disaient que c'était souvent lié à la forme et au poids du produit qui était difficilement transportable. Les restaurateurs me disaient que c'était un produit qui prenait beaucoup de place sur les plateaux de fromages. Donc, c’était pour moi un déclic. Comment ça se fait que mes ancêtres n’ont jamais pensé à faire un petit fromage. C'est comme ça que j'ai mis au point des moules, des presses, et une formule de fabrication pour faire des petites tommes de vache."
Si les techniques de fabrication sont les mêmes que pour un format normal, il y a inévitablement un travail plus important au niveau des soins. "C’est un produit qu’il faut frotter et retourner toutes les semaines, donc ça prend beaucoup de main-d’œuvre."
L'e-commerce, "une partie intégrante de notre activité"
Pour étendre la production, Pierre Lantuejol a mis à disposition le matériel nécessaire aux producteurs et aux petites coopératives pour fabriquer ses petits fromages. Ainsi, il récupère chaque semaine les produits et les amène à l’affinement dans ces caves à Thiézac. Avant la crise de la Covid-19, en 2020, ce petit format n’existait pas à travers l'e-commerce.
La crise "a été l'occasion de se remettre en question, de trouver des nouveaux créneaux. Je n’avais plus de marchés, les magasins étaient fermés. On a des produits frais, avec une date limite de consommation. Il fallait trouver des solutions pour pouvoir les commercialiser. Je suis d’une génération qui n’est pas très tournée vers l’Internet, c’est pour moi une démarche particulière."
Et cette nouvelle voie de commerce va s’avérer rapidement payante, et notamment grâce à son format inventé avant la crise. "Aujourd'hui, c’est une partie intégrante de notre activité et je fais tout pour le développer. Ça permet d'avoir un contact avec le consommateur, ça permet d'avoir un retour important sur ce que les gens ressentent. On a des ventes qui sont aujourd'hui réparties sur l'Europe. On a un gros focus sur l'Allemagne qui est le premier consommateur de notre produit, le Salerac."
Le e-commerce a permis une percée en Allemagne
En moins de deux ans, le producteur a été conquis par ce nouveau secteur économique qu’il voit comme un moyen inévitable pour les producteurs. "De plus en plus, les choses vont se développer dans ce sens-là [...] Après je ne sais pas jusqu'à quel niveau, quel pourcentage du commerce ça va représenter. Mais on n’est qu’au début. »
C’est d’ailleurs via des ventes dans le pays voisin qu’il a créé un lien direct avec des crémiers et fromagers allemands, pour mettre en avant le produit auvergnat. Déjà présent au grand export avant l'e-commerce sur les différents continents, ce nouveau fonctionnement a donc permis à Pierre Lantuejol d’accélérer son développement.
Autre idée qu’a eue Pierre Lantuejol grâce au e-commerce, la création d’une plateforme pour adopter des animaux. "C'est une adoption virtuelle, et ça permet de garder un lien particulier." Et au bout d’une période convenue, les clients reçoivent les produits chez eux. C’est ainsi que certains produits auvergnats, comme celui de ce producteur, se font une notoriété au-delà du Massif central.