Le 19 janvier dernier, lors de la première mobilisation contre la réforme des retraites, les agriculteurs avaient rejoint les cortèges. Dans le Cantal, Alain Lafon était de ceux-là. Avec sa compagne, ils ont défilé pour demander le retrait d'une réforme « injuste » qui pourrait menacer leur ferme.
Alain Lafon pensait en avoir fini. A 61 ans, cet agriculteur de Vitrac, dans le Cantal, commençait tranquillement à se préparer pour son départ en retraite, en novembre prochain. L’agriculteur du GAEC de la Maison Rouge explique : « On avait vraiment prévu de lever le pied, de s’occuper de nos petits-enfants, de profiter de la vie, de voyager un petit peu plus. Sauf que là, ce n’est pas comme ça, ça sera autrement. On le vit assez mal ».
"Sans revenus supplémentaires, ce n’est pas possible"
Avec la réforme des retraites, Alain devra travailler au moins un trimestre supplémentaire. Un temps vécu comme un chamboulement au sein de l'exploitation, car le départ d'Alain en fin d'année devait coïncider avec 2 installations sur le GAEC, dès janvier 2024. Leur belle-fille a déjà donné sa démission et devrait bientôt commencer sa formation agricole. Impossible de faire marche arrière. Maxime Lafon, agriculteur du GAEC de la Maison Rouge, indique : « Le GAEC ne sera pas en capacité de rémunérer tout le monde, les nouveaux associés et mon père s’il doit rester plus longtemps. Sans revenus supplémentaires, ce n’est pas possible ».
Une présence dans les manifestations
Pour que la structure tienne le choc, Alain imagine trouver un emploi salarié, quand il s'imaginait retraité. Alain Lafon précise : « J’ai entendu des chiffres où on dit que l’âge moyen en bonne santé est de 64 ans. Cela veut dire qu’on va arriver en bonne santé et qu’après, on est jetés. Si c’est ça la retraite, ça ne m’intéresse pas. On a manifesté la première fois. Il est prévu de repartir manifester une deuxième fois et puis certainement d’autres fois ».
Salarié pendant 15 ans, avant de devenir agriculteur, Alain devrait toucher entre 1 000 et 1 200 euros de retraite. Colette, sa femme, toucherait à peine 800 euros.