Il se défend d'être un "émotif de la condition animale". Mais il a tout de même remis la Société Protectrice des Animaux en ordre de marche. Né à Mauriac, ancien général de gendarmerie, expert en procédures criminelles, et auteur de fictions, Jacques-Charles Fombonne semble inarrêtable. Il évoque ses carrières sur le plateau de "Vous êtes formidables"
Originaire d’Auvergne, Jacques-Charles Fombonne a un curriculum vitae vraiment « formidable ». Président bénévole de la SPA, société protectrice des animaux -la plus ancienne et la plus importante association de protection animale- il a également été général de gendarmerie, spécialisé en police judiciaire. Mais ce n’est pas tout : il fut avocat, magistrat, journaliste, écrivain, scénariste, exploitant forestier et même… apiculteur !
Certains commentateurs, déjà, le comparent à un chat, qui possède neuf vies. « J’espère que j’en aurai davantage » rectifie-t-il en riant. Né à Mauriac dans le Cantal, il a grandi à Saint-Etienne. « J’ai d’abord quitté cette ville pour commencer mes études de droit à Lyon. Puis définitivement pour partir dans la gendarmerie » résume-t-il. « Mon grand-père y était chef de gare à Châteaucreux de 1941 à 1948, soit pendant toute la guerre. » Ses parents étaient dentistes, et, d’ailleurs, son petit frère l’est aussi devenu. Mais pas lui.
Du droit civil... à la police scientifique
Quand il était petit, il ne savait pas ce qu’il voulait devenir. « Les hasards de la vie m’ont guidé. J’ai commencé par faire du notariat, sur les conseils d’une copine croisée dans un train entre Lyon et Saint-Etienne. Et je m’y suis inscrit deux heures après. Je me voyais devenir commissaire de police ou magistrat. Puis j’ai fait mon service militaire. Et là j’ai croisé un colonel qui m’a plutôt incité à me diriger vers la gendarmerie. L’enchaînement des choses a joué. Il n’y a pas de hasard » explique-t-il.
Titulaire d’un master en droit national à l’université de Lyon3, après 8 ans d’études, il a réussi le concours de la gendarmerie. Il entre alors à l’école des officiers de Melun et fera carrière dans cette grande maison. Il se retrouvera ensuite à Rosny-Sous-Bois, où était installé le laboratoire scientifique de la gendarmerie, lieu de sa première affectation. « J’avais commencé par la Garde républicaine où je m’ennuyais beaucoup. Quand ils ont créé le laboratoire, j’étais l’officier le plus diplômé en droit de la gendarmerie. Tout était à faire. On est partis de rien. On avait donné les clefs d’un vieux bâtiment à un colonel et, en quelques mois, il fallait que cela fonctionne. Ils avaient besoin d’un juriste pour mettre à plat toutes les procédures d’expertise. J’y suis allé, et cela a été le premier jour de ce que je voulais vraiment faire. »
Il débute par l'affaire Van Geloven
Il va ainsi passer quatre années « formidables », en entrant ainsi dans la police judiciaire par cette voie. « J’y faisais des interventions sur des scènes de crime parmi les plus difficiles, à l’appel des unités de province qui n’y parvenaient pas. » Il s’enthousiasme à l’évocation de ces souvenirs. « C’est l’histoire de ma vie. Le jour de ma première permanence, à 19h02, a débuté l’affaire Van Geloven, une affaire criminelle française qui a éclaté en octobre 1991 à Elne, Pyrénées-Orientales, avec le double-enlèvement, double-viol et double-meurtre de deux gamines âgées de 10 ans, que la section de recherche de Montpellier, que nous avions assistée, a résolue en quelques heures. »
J’aime bien la discipline, quand c’est moi qui l’inflige
Nous voici très rapidement dans le vif du sujet. « Mais je n’ai pas toujours bon élève » rectifie l’ancien général, qui explique ainsi pourquoi il a vite envisagé d’autres activités « au cas où ». Difficile de le croire et pourtant… « J’aime bien la discipline, quand c’est moi qui l’inflige. La subir, c’est plus compliqué », rit-il. L’œil est effectivement très espiègle. « Intellectuellement, cela me plaisait de voir l’autre côté du décor. Alors j’ai fait un doctorat sur la preuve pénale, qui est ma passion. Ce qui m’a permis, par le biais d’une équivalence, d’entrer à l’école du barreau. Et puis j’ai suivi des cours du soir, ce qui m’a appris la sécurité des entreprises.»
Auteur de fictions
«J’avoue que j’ai toujours assez peu dormi. C’est presque psychiatrique » ajoute-t-il laconiquement. « Je suis incapable de rester cinq minutes assis. Déjà, là, j’ai envie de me lever. Je crois que j’ai l’angoisse de la mort, de la fin. Il me faut toujours un projet, pour remplir mon existence.» Jacques-Charles Fombonne est aussi l’auteur d’un roman « cadavre à décharge » et de plusieurs scénarios pour des séries télé françaises telles que « section de recherche » ou « enquêtes réservées ».
Les gens que l’on poursuit dans ce cadre sont très rarement des gens intéressants
Des activités nourries par ses expériences professionnelles. Même s’il a pu constater que son expertise judiciaire ne sert pas du tout pour la fiction. « Dans la réalité, les affaires criminelles sont souvent extrêmement sordides. Les gens que l’on poursuit dans ce cadre sont très rarement des gens intéressants. Ce sont souvent des pauvres mecs, qui n’ont pas été à l’école, ont vécu une vie absolument déplorable. On n’imagine pas le taux effarant de gens illettrés dans les prisons. Et, dans la fiction, au contraire, ce sont les personnages qui sont intéressants. Evidemment j’utilise mes connaissances sur les procédures pénales, mais, à dire vrai, mon passé ne me sert que d’un point de vue technique. Le reste, il a fallu que je l’apprenne. Scénariste, c’est un vrai métier. »
Il reprend la présidence de la SPA
Né dans le Cantal, cet homme aux mille expériences est aussi un amateur de nature. Il est donc devenu exploitant forestier et s’est essayé à l’apiculture. « Mon père vient du Puy-de-Dôme. L’Auvergne, ce sont souvent des coins où il n’y a plus personne. C’est vraiment agréable de s’y promener. »
Mais voilà. Toujours en quête d’occupation, il laisse de côté l’idée d’une retraite paisible avec ses abeilles, pour accepter de prendre la présidence de la SPA. Il récupère cette responsabilité en pleine tempête. L’association est minée par une guerre de clans. « Quand je suis arrivé, les commentaires n’étaient pas très encourageants. Bien au contraire. Ce qui est très motivant pour quelqu’un dans mon genre ! »
En bon gendarme, il remet rapidement de l’ordre dans l’institution. « J’ai recruté une super équipe. J’ai choisi des militaires, des fonctionnaires territoriaux. Je pense que le problème venait essentiellement de querelles de personnes. J’ai refusé de prendre parti. Aujourd’hui, on bosse, et on essaye de restaurer l’image de ce qu’est la SPA. C’est-à-dire des gens formidables… 660 salariés et 4000 bénévoles. Pour la diriger, je crois qu’il ne faut pas être un émotif de la condition animale » explique-t-il. Les défis ne manquent pas.
Hausse des abandons
Durant l’été 2021, le record du nombre d’animaux abandonnés a été dépassé avec 16814 cas. « On l’explique par deux raisons principales. Concernant les chats, l’absence de stérilisation est en cause. Il faut savoir qu’un couple de chats, bien nourris, produit, en 4 ans, pas moins de 20 000 descendants. Donc on en trouve partout. L’autre explication vient de la vente des animaux, dans les animaleries. La plupart du temps, ce sont des animaux importés. Les gens achètent aussi sur Internet. Personne ne résiste à la vue d’un chiot dans une animalerie. On doit lutter contre tout ça. »
De nouveaux textes attendus à l'Assemblée nationale
Et pourtant, une loi contre la maltraitance animale a récemment été déconstruite au Sénat en octobre 2021. C'est d'abord la déception... Mais, tout de même, la création d’une commission mixte paritaire a été obtenue. Cette dernière a fait des choix prometteurs. « Ils vont au-delà de nos espérances. L’interdiction de la vente dans les animaleries est désormais actée. L’encadrement de la vente par Internet y figure également. On espère que la prochaine étape sera, là-aussi, l’interdiction pure et simple. Sans oublier la fin des Delphinariums et de la présence d’animaux sauvages dans les cirques. A part la corrida et l’expérimentation animale, on a eu pratiquement tout ce que l’on souhaitait, alors qu’on n’y croyait plus. »
Selon le site internet du Sénat, les conclusions de cette commission mixte paritaire devraient être présentées à l’Assemblée nationale et au Sénat au cours du mois de novembre 2021.
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