Serge Vieira, le chef cuisinier auvergnat, deux étoiles Michelin, Bocuse d'Or 2005, est décédé d'un cancer ce samedi 1er juillet à l'âge de 46 ans. Les hommages se multiplient dans toute l'Auvergne.
Les hommages se succèdent après l’annonce samedi 1er juillet 2023 de la mort du célèbre chef cuisinier auvergnat, Serge Vieira. Il est décédé d’un cancer à l’âge de 46 ans.
Originaire de Clermont-Ferrand, installé à Chaudes-Aigues dans le Cantal, il avait obtenu deux étoiles Michelin. Il a également gagné le Bocuse d’or en 2005.
"Beaucoup d'humanité"
Régis Marcon, le chef triple étoilé installé à Saint-Bonnet-le-Froid en Haute-Loire, l’a accompagné jusqu’à la fin. C’est lorsqu’il était second de cuisine dans son établissement que Serge Vieira a obtenu la récompense suprême du Bocuse d’Or. "Je ressens beaucoup de tristesse d’avoir perdu un compagnon de route qui avait l’âge de mon fils et qui est parti trop jeune".
Mais le chef auvergnat veut se concentrer sur les bons souvenirs que lui laisse Serge Vieira. "Ce jeune chef avait beaucoup d’humanité. C’était une référence dans le métier. C’est le message qu’il nous laisse maintenant qu’il n’est plus là. C’est quelqu’un qui a beaucoup partagé, qui a rayonné dans le monde entier."
Serge Vieira avait intégré la team France du Bocuse d’or qui prépare les chefs français au concours. Et Régis Marcon rêvait de le voir lui succéder à la présidence du comité international. "Il avait un esprit d’ouverture qui faisait qu’il était très apprécié en France et à l’étranger. Il laisse un grand vide pour l’Auvergne car nous avons besoin de chefs qui s’engagent dans une région où on perd beaucoup d’entreprises du fait des difficultés de recrutement et dans une période où l’engagement dans le travail perd de sa valeur."
"Un garçon simple et humble"
François Martinet était professeur de cuisine à l’institut des métiers à Clermont-Ferrand, là où le prodige de la cuisine a fait ses armes en passant son CAP, son BEP et son brevet professionnel. « Je l’ai connu tout petit, il avait 6-7 ans car j’étais voisin avec son papa", confie le professeur aujourd’hui retraité. "Je ressens une profonde tristesse. Il a fait partie des jeunes qui ont compté dans ma vie professionnelle. C’est sympa, de belles réussites comme la sienne. J’ai plein de souvenirs… " François Martinet a gardé de Serge Vieira l’image d’un "garçon simple, passionné qui a su rester humble malgré le succès."
"Une cuisine ciselée. De la haute couture !"
C’est l’ensemble de la profession qui perd un cuisinier hors pair, selon Frédéric Coursolle. Ce dernier a tenu pendant une dizaine d’années l’hôtel Radio à Chamalières et a bien connu Serge Vieira. "C’était un chef de cuisine incroyable, un chef d’entreprise incroyable et un très bon père de famille. Il est l’un des premiers à avoir vraiment porté son terroir même s’il était issu de la diaspora portugaise. Il aurait pu être influencé par ses origines mais c’était un homme attaché au terroir auvergnat qui a développé une cuisine ciselée, fine. Il a fait de la haute couture."
Serge Vieira s’était installé, avec son épouse, dans le château de Coffour à Chaudes-Aigues avant d’ouvrir un second établissement sur la commune, le Sodade, un hôtel quatre étoiles.
"Un bonheur extraordinaire !"
"Même s’il n’était originaire du Cantal, il a porté cette région", témoigne Odile Mattei, journaliste de l’émission "Goûtez voir" sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. "Il aimait Chaudes-Aigues, c’était quelqu’un d’authentique". La journaliste aujourd’hui à la retraite poursuit : "C’était un homme intègre, honnête, un bosseur qui avait des valeurs et aimait transmettre. Il disait aux jeunes : " Utilisez des produits locaux ! Soyez fiers de qui vous êtes ! Montrez votre talent ! Ne singez personne !""
Un homme de cœur toujours disponible pour les autres, selon la journaliste. "Lorsqu’il a obtenu le Bocuse d’or en 2005, j’étais avec la cheffe Anne-Sophie Pic dans les tribunes, nous sommes tombées dans les bras l’une de l’autre. C’était un bonheur extraordinaire. Ce sont de grands moments que j’ai eu la chance de vivre."
Serge Vieira laisse deux enfants. Ses obsèques auront lieu le mardi 11 juillet à la cathédrale de Saint-Flour. Une cagnotte va être ouverte en ligne. Elle sera au profit d’une école hôtelière de jeunes déshérités.