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REPLAY. Catastrophes climatiques : comment éviter le pire ? Auvergne-Rhône-Alpes est la région la plus exposée aux risques environnementaux

Maurienne : éboulement sur la rive gauche de l'Arc, près de Modane en Savoie, le 30 aout 2023.

Orages, tempêtes, sécheresses, incendies de forêts ou tremblements de terre. Jamais, notre planète n’avait été autant touchée par des catastrophes naturelles. Et cela empire chaque année : en 2022, France Assureurs a comptabilisé 2550 sinistres causés par des évènements climatiques chaque jour, soit "un niveau jamais vu depuis plus de 20 ans". L’émission "Enquêtes de Région" s'est intéressée au phénomène.

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Parce qu’elle est montagneuse, notre région est particulièrement à risques. C’est ce qu'on appelle la cinétique rapide : l’eau, la boue ou les embâcles (troncs d’arbres, matériaux, pierres…) font d’autant plus de dégâts que les pentes sont abruptes. "Tout est plus fort, tout va plus vite ici", explique l’ancien météorologue Serge Taboulot, aujourd’hui président de l’Institut des risques majeurs (IRMA) de Grenoble en Isère.

Auvergne-Rhône-Alpes est la région la plus exposée aux risques climatiques

Il y a d’abord le risque d’inondations, qui concerne plus de 2,5 millions d’habitants et 68% des communes d’Auvergne-Rhône-Alpes. On le sait bien au Grand-Bornand (Haute-Savoie), où, le 14 juillet 1987, des pluies torrentielles ont emporté tout un camping et tué 23 personnes. "L'orage a éclaté vers 17h30", se souvient André Perrillat-Amédé, le maire de la commune.

On n’avait jamais connu une telle violence, la montée des eaux sur la rivière, le Born, s’est faite en un quart d’heure. Les caravanes ont commencé à flotter et ont été emmenées par le courant. Beaucoup de gens se sont fait emporter, d’autres ont voulu revenir vers leur caravane pour prendre des affaires alors que le danger était là.

André Perrillat-Amédé, maire du Grand-Bornand

"Nous n’avions pas à l’époque de techniques pour déceler ces précipitations", analyse Serge Taboulot. "Nous n’avions pas non plus de système d’alerte efficace. De ce point de vue, il y a un avant et un après le Grand-Bornand : un camping ne pourrait plus s’installer près d’un cours d’eau torrentiel. Nous avons développé une culture du risque".

Avalanche grise

Autres catastrophes toujours possibles dans notre région : les glissements de terrain et chutes de blocs, comme le 27 août dernier dans la vallée de la Maurienne, lorsqu'un pan de falaise de plus de 15 000 mètres cubes s’est effondré sur la voie ferrée et l’autoroute A 43 à hauteur du Freney (Savoie). Les images amateurs montrent que la tragédie a été évitée de justesse, l’avalanche grise, formée de pierres et de poussières, ayant déferlé au moment où une voiture et un camion passaient sur l’autoroute. Au final, il n’y a pas eu de victime, mais toute une vallée a été bloquée pendant plusieurs jours.

Dans quelques communes (5%), on redoute les avalanches. La mémoire collective se souvient de Val d’Isère en 1970, où une coulée de neige a emporté 39 personnes, ou celle de Chamonix-Montroc en 1999 qui a fait 12 morts.

Et puis, il y a le risque sismique. "Les Alpes sont la zone française où un tremblement de terre n’est pas à exclure", prévient Serge Taboulot, le président de l’Institut des risques majeurs (IRMA), créé en 1988 par le volcanologue Haroun Tazieff. Corrençon (Isère) en 1962 ou Annecy (Haute-Savoie) en 1996 ont déjà été victimes d’importants séisme. Le dernier en date, au Teil (Ardèche) en 2019, a fait 3 000 sinistrés et plus de 200 millions d’euros de dégâts.

Les catastrophes climatiques ne seront pas forcément plus nombreuses, mais leur intensité augmentera

"Le changement climatique induit une augmentation des risques de catastrophes naturelles", annonce Serge Taboulot.

Les catastrophes vont moins se multiplier que s’intensifier. On le voit, une canicule désormais peut se produire jusque dans nos montagnes, il peut faire 35°C à 1200 mètres d’altitude. C’est hallucinant et, ça, du début du mois de juin au milieu du mois de septembre. Ces phénomènes seront plus forts, mais pas nécessairement plus fréquents.

Serge Taboulot, président de l'Institut des risques majeurs (IRMA)

Et l’ancien ingénieur de Météo France de citer la loi de Clausius-Clapeyron, qui établit qu’une augmentation de température de 1°C génère une augmentation de l’eau dans l’air de 7%. "C'est tout le cycle de l'eau, qui va des montagnes vers les plaines, qui va être chamboulé. D'autant que nos glaciers, qui sont un véritable château d'eau, sont en train de fondre".

Les maisons fissurées, une catastrophe pour des milliers de foyers régionaux

C’est un risque qui concerne quelque 10 millions d’habitations en France. Et qui risque de s’aggraver, avec la canicule de l’été dernier. Le RGA, ou retrait-gonflement des argiles, est un phénomène bien connu : en fonction de l’humidité dans la terre, les sols argileux se rétractent (sècheresse) ou gonflent (pluie) et génèrent des mouvements de terrain qui lézardent les murs. "Au début, ce n'était pas grand-chose, juste des petites fissures", reconnaît Jean-Marie Mouton, propriétaire d’un pavillon à Courtes (Ain). "Mais maintenant, à l’intérieur, le carrelage ne tient plus, je n’arrive plus à fermer les volets, tellement le sol a joué. Et surtout, ma terrasse se sépare du mur, elle s’effondre, elle s’affaisse sur le côté".

Le casse-tête de l'indemnisation

Pour les assurés, se faire indemniser relève du casse-tête : un rapport de la Cour des comptes établit que seulement un dossier sur deux (53%) est réglé. Pour le reste, les assureurs font les sourds, prétendent qu’il n’y a pas de lien de causalité sécheresse-dégâts ou que le sinistre est antérieur à la mise en place du contrat… C’est exactement ce qui est arrivé aux époux Mouton :

On est naïfs, nous. On croit que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Mais les assurances, elles, ce qu’elles regardent, c’est payer le moins possible.

Jean-Marie Mouton, propriétaire à Courtes (Ain)

Jean-Marie et Anne-Marie Mouton n'ont plus qu'un désir désormais : trouver un nouveau logement pour leurs vieux jours et quitter cette maison qui craque. Il faut dire que le devis des travaux est estimé à 600 000 €, soit deux fois le prix de la maison.

>> Enquêtes de Région - "Comment prévenir les catastrophes climatiques ?", une émission des rédactions de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, présentée par Julien Le Coq.
À voir dans cet article ce mercredi 27 septembre à partir de 22h55, et ensuite disponible en REPLAY et sur france.tv

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