Depuis quelques jours, le risque d'avalanche est très élevé sur le massif alpin. Mais comment celui-ci est-il évalué et surtout, comment le lire ? Réponse avec Sébastien Escande, guide de haute-montagne et formateur à l'association pour l'étude de la neige et de avalanches.
Alors que le risque d'avalanche est marqué en Isère, en Savoie et en Haute-Savoie (3/5) et que deux personnes ont perdu la vie jeudi 30 janvier dans une coulée de neige à la Touissuire, les professionnels de la montagne appellent à la plus grande vigilance, d'autant plus qu'aucune amélioration n'est prévue pour le premier weekend de février.
• Comment est évalué le risque d'avalanche ?
Communiqué dans les bulletins de Météo France, le risque avalancheux est évalué grâce à des pictogrammes européens qui viennent compléter les drapeaux hissés en stations. Allant de 1 (faible), à 5 (très fort), le niveau de risque est élaboré par plusieurs équipes de Météo France, département par département.Entre 10 et 30 pisteurs observateurs par département prennent les informations sur le terrain et les transmettent lors d'un appel quotidien à Météo France. Ces pisteurs ont reçu une formation particulière leur permettant d'utiliser une codification précise dans leurs transmissions.
Dans un contexte extrêmement doux pour la saison, le risque d'#avalanche, marqué sur les #Alpes aujourd'hui (indice de risque 3/5), augmentera ce week-end parallèlement à la remontée de la limite pluie/neige (pluie possible jusqu'à 2600 m dimanche).
— VigiMétéoFrance (@VigiMeteoFrance) January 31, 2020
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Les équipes de Météo France étayent ensuite ces données avec des modèles numériques d'évaluation du manteau neigeux à différentes altitudes, dont ils tirent un indice de risque ainsi que les principaux critères à surveiller.
"Aucun indice de fiabilité n'est délivré avec le bulletin, il s'agit simplement d'une prévision qui aide à réfléchir", explique Sébastien Escande, guide de haute-montagne et formateur à l'association pour l'étude de la neige et des avalanches (ANENA).
Précision à prendre en compte : le risque est évalué à l'échelle d'un massif et non d'un endroit précis. La situation peut donc différer en fonction du chemin sur lequel on évolue.
• Comment lire le risque d'avalanche et analyser la situation ?
Sébastien Escande forme à la lecture des bulletins d'avalanche. Pour lui, l'important, c'est de ne surtout pas s'arrêter au chiffre sur le pictogramme, ce que font la plupart des skieurs inexpérimentés."Il y a trois principales clefs de lecture des risques d'avalanche. Il faut tout d'abord comprendre la nature du problème, puis savoir où il se situe exactement, et enfin trouver les éléments observables qui pourraient nous le confirmer."
Observer est essentiel dans la prévention du risque. "Par exemple, si on s'attendait à voir 20 centimètres de neige fraîche d'après le bulletin et que l'on en trouve 40, il faut se poser des questions et adapter sa conduite."
De nombreux facteurs peuvent en effet être à l'origine des coulées de neige et il est essentiel de les comprendre pour bien cerner le risque. "Par exemple, un jour comme ce 31 janvier, les avalanches sont liées au redoux. Il faut donc se méfier des pentes exposées au soleil et le risque augmente d'autant plus que la journée avance que la neige a eu le temps de fondre." Les avalanches peuvent également être liées au déplacement de la neige sous l'effet du vent, qui rend le manteau instable.
Les skieurs doivent donc prendre l'habitude de s'informer en examinant tous ces critères, que ce soit avant de partir en randonnée comme pour faire du hors-piste de proximité.