Selon l'Insee, Auvergne-Rhône-Alpes a été l’une des régions les plus durement touchées économiquement pendant le premier confinement. La situation financière des ménages s'est surtout détériorée dans les départements tournés vers le tourisme, comme l'Isère et les deux Savoie.
Cette étude de l'Insee vient de paraître ce mercredi 22 septembre. Elle porte sur les conséquences économiques du tout premier confinement généralisé de la population mis en place en France pour freiner la pandémie de Covid-19, de la mi-mars à mai 2020.
Du fait de ses spécificités, Auvergne-Rhône-Alpes a été l’une des régions les plus durement touchées économiquement pendant le premier confinement.
Dans ce contexte économique heurté, 23 % des personnes de plus de 15 ans déclarent ressentir une dégradation de leur situation financière, une part
toutefois proche du niveau national, à l'échelle de la Région.
Les ménages les plus modestes sont les plus affectés financièrement, au contraire des retraités. Néanmoins, les disparités territoriales sont marquées. La situation financière des ménages s’est plus souvent détériorée dans les départements savoyards, en Isère où le tissu productif local est davantage tourné vers le tourisme, alors que les pertes de revenus sont moins fréquentes dans la plupart des départements les plus ruraux.
La région dans son ensemble a relativement bien résisté
La mise à l’arrêt de l’ensemble des activités, ou a minima leur réduction, a eu des répercussions économiques importantes en Auvergne-Rhône-Alpes. L’activité, mesurée par le volume d’heures rémunérées, a atteint un minimum en avril 2020 (– 34 % par rapport au niveau d’avril 2019) et, malgré un rebond, n’était pas revenue à son niveau d’avant crise (– 6 % entre janvier et mars 2021, en deçà de la même période en 2019).
Les ménages les plus modestes sont les plus affectés financièrement. Un enquêté sur quatre perçoit une dégradation de sa situation financière en Auvergne-Rhône-Alpes. 23 % des personnes âgées de 15 ans ou plus déclarent que la situation financière de leur ménage s’est dégradée lors du premier confinement.
Mais la situation est toutefois restée stable pour une majorité d’habitants de 66 %. Une minorité de 3 % a même ressenti une amélioration de ses finances, peut-être du fait d’un recours plus important au télétravail et d’une diminution des frais de transports inhérente au confinement.
La fermeture des commerces et l’impossibilité de voyager ou d’accéder aux loisirs a également pu générer des économies. En dépit du contexte économique fortement dégradé, les ménages de la région ne sont pas plus affectés qu’au niveau national. Ils perçoivent même moins souvent une détérioration de leurs finances que dans d’autres régions dotées elles aussi d’importantes capacités touristiques (28 % en Guadeloupe, 26 % en Île-de-France, Paca et Corse).
Cette relative résistance des ménages d’Auvergne-Rhône-Alpes face à la crise tient sans doute en partie à la diversité du tissu productif régional, et à la présence de certaines activités peu affectées par la crise comme les activités financières et d’assurances, la fabrication de denrées alimentaires, par exemple.
Par ailleurs, les employés ont pu conserver leur activité ou se voir proposer une adaptation de celle-ci, grâce au télétravail. En outre, les habitants de la région bénéficient également d’un niveau de vie élevé, juste derrière l’Île-de-France. Il s’élève à plus de 1 820 euros par mois pour la moitié d’entre eux en 2018. Ces revenus élevés ont pu préserver davantage de ménages.
...à l'exception des départements alpins tournés vers le tourisme, les plus touchés
Les Alpes figurent en revanche parmi les territoires les plus touchés, en raison de leurs particularités économiques. En premier lieu, les activités liées au tourisme ont particulièrement souffert, notamment en raison de la fermeture des stations de ski. En effet, le secteur de l’hôtellerie-restauration et les activités de loisirs sont très présents dans les départements alpins.
De plus, l’industrie concentre aussi une part importante des effectifs d’emplois salariés de la région (16 %). Ce contexte économique difficile n’a donc pas été sans conséquence pour les ménages vivant dans la région.
Les pertes de revenus ont été plus lourdes dans les départements savoyards, et en Isère (comme en Ardèche du reste). De nombreuses zones d’emplois se caractérisent par des capacités d’accueil de visiteurs importantes (Le Chablais, Le Mont Blanc, La Tarentaise, La Maurienne). Le confinement, en interrompant brutalement la saison touristique hivernale, a entraîné le départ massif des personnes présentes (jusqu’à 30 % en Savoie), et une chute des transactions par carte bancaire de plus de 60 %.
Le volume d’heures rémunérées en avril 2020, permettant d’approcher l’activité économique, chute de plus de 40 % en Savoie et en Haute-Savoie par rapport au mois d’avril 2019 (contre – 34 % pour la région).
Ces difficultés économiques ont pesé sur les habitants plus nombreux à déclarer une baisse de leurs revenus que dans le reste de la région (25 % en Savoie et en Haute-Savoie, 24 % en Isère). Dans les départements savoyards, les habitants ont plus souvent été en chômage partiel total , et 32 % des actifs en emploi déclarent une perte de revenu, soit deux points de plus qu’au niveau régional.
Seul petit "coin de ciel bleu", en Isère, au-delà de la situation liée aux stations de ski, le recours au télétravail important (en raison de l’implantation de la métropole grenobloise) a toutefois pu jouer un rôle régulateur sur la situation financière de certains ménages. Ainsi, seuls 21 % des télétravailleurs exclusifs considèrent que leur situation financière s’est dégradée, soit 10 points de moins que l’ensemble des personnes interrogées (hors retraités).
Pous pouvez retrouver l'étude complète de l'INSEE sur les conséquences économiques du confinement ICI.