Pendant cette période de confinement lié au coronavirus, nous passons en moyenne 95% de notre temps chez nous. Mais confinement ne veut pas dire enfermement. Il faut aérer notre espace de vie, plus que jamais. Les professionnels de santé et de l'environnement sont formels.

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D'abord une bonne nouvelle : depuis le début du confinement le taux de dioxyde d'azote a baissé de 70% en Auvergne-Rhône-Alpes. Mais attention, ça ne veut pas dire que la pollution nous épargne pendant cette période. " S'il y a une amélioration, elle va être brève " prévient le professeur Caillaud, chef du service de pneumologie au CHU de Clermont-Ferrand. " Cette diminution pourra éventuellement soulager les patients asthmatiques mais ça ne sera que temporaire et ça ne concerne que la pollution extérieure "" La pollution est partout ! Et en ce moment il faut se méfier de nos intérieurs " complète Didier Chapuis, le directeur des actions d'ATMO, une association de surveillance de la qualité de l'air de la région. Il faut distinguer deux catégories : la pollution chimique et la pollution biologique.
 

La pollution chimique


La pollution chimique est provoquée par le trafic bien sûr, mais elle vient aussi de notre intérieur. Les meubles récents, par exemple, qui ont moins de deux ans, contiennent des colles ou des vernis qui émettent des solvants. Les peintures sur les murs, les produits qui fixent nos sols peuvent être nocifs. " Les personnes qui souffrent de BPCO (NDLR bronchopneumopathie chronique obstructive), une maladie chronique inflammatoire des bronches et les asthmatiques sont particulièrement sensibles à ces émanations. Elles peuvent aggraver leur pathologie " détaille le professeur Caillaud. 

" Et quand nous pensons assainir notre environnement en faisant le ménage, c'est encore pire ! " explique Didier Chapuis, l'expert en qualité de l'air. " Si les produits utilisés ne sont pas naturels, c'est autant de solvants qui s'accumulent dans notre espace de vie. "
Le professeur Caillaud met en garde : " Les sprays, notamment, sont redoutables. Le produit se répend partout et on le respire directement. Lorsqu'on est fragile des bronches, il faut absolument éviter ! "

Pendant cette période où nous sommes obligés de rester à la maison, la tendance est au "cocooning" ou au bricolage pour améliorer notre quotidien. " Ce sont des pièges ! " lance Didier Chapuis. " Les bougies, l'encens et beaucoup de matériaux utilisés lorsqu'on fait des travaux émettent des solvants. Notamment des formaldéhydes, des composés organiques volatils nocifs pour notre santé. " 
" Au delà d'une certaine concentration, les formaldéhydes exacerbent l'asthme et toutes les maladies respiratoires, ça peut déclencher des crises graves "
prévient le chef du service de pneumologie.

Il y a aussi ceux qui en profitent pour jardiner :" Sur le principe, pas de problème" explique Didier Chapuis," en revanche, ceux qui font brûler leurs déchets verts émettent des particules fines. En plus d'être interdits, ces feux polluent notre intérieur et celui de nos voisins. C'est dangereux. Il faut attendre la réouverture des déchetteries." explique Didier Chapuis.
 

La pollution biologique

A propos du jardinage, le professeur Caillaud complète : " Attention au compost ! De la moisissure s'y développe. Les gens sensibles ne doivent pas être exposés à ça, c'est une pollution biologique ". 
La pollution biologique est dûe notamment à l'humidité, à la vapeur. A l'intérieur, elle provient des salles de bains surtout, de la cuisine et du linge, si on le fait sécher à l'intérieur. Si le logement est trop humide, il risque d'y avoir des moisissures. Leurs spores peuvent envahir le logement et provoquer des troubles respiratoires ou allergiques. " Des études ont été réalisées ; les enfants exposés à des moisissures dès la naissance vont souvent développer un asthme " complète le pneumologue.

Parmi les polluants d'origine naturelle, il y a également le radon. C'est un gaz radioactif qui provient des sols granitiques et volcaniques. Il est particulièrement présent en Auvergne. En se désintégrant, ce gaz forme des descendants solides qui, une fois inhalés, peuvent se déposer le long des voies respiratoires et provoquer leur irradiation. "C'est un gaz qui provient du sous-sol. Donc il faut être vigilant lorsqu'on habite en rez-de-chaussée, en maison de plain-pied ou lorsqu'on a une cave mal ventilée" explique Didier Chapuis.
 

Les allergènes

Les acariens sont les allergènes les plus courants. Ils se développent surtout dans les chambres à coucher. "On passe un tiers de notre vie dans notre chambre et peut être encore plus en ce moment !" explique le professeur Caillaud. "Les acariens se développent sur et dans nos matelas, nos draps, nos oreillers. Ils viennent aussi de nos animaux de compagnie. Alors attention à ne pas combiner : un chat qui dort sur un lit, c'est non !"

Les pollens sont très actifs pendant le printemps. " Depuis début avril, pendant ce confinement donc, on a surtout affaire aux pollens de bouleaux ou de frênes. A la fin du mois de mai ce seront les pollens des chênes et des platanes " détaille le pneumologue. " Ceux qui sont sensibles vont présenter des rhinites allergiques et des conjonctivites ".


Les bons gestes à adopter


Pour lutter contre ces pollutions, ATMO Auvergne-Rhône-Alpes donne quelques conseils pratiques ici. L'ADEME, l'agence de l'environnement et de l'énergie propose également un guide ici.
Il s'agit principalement d'aérer son logement :" Deux fois par jour minimum. Le matin et le soir. En journée, les pollens vont entrer plus facilement " rappelle Didier Chapuis, le directeur des actions d'ATMO Auvergne-Rhône-Alpes.
" Il faut aussi se laver les cheveux très régulièrement, les pollens se déposent facilement sur eux lorsqu'on sort, même si c'est brièvement en ce moment " complète le professeur Caillaud. " Et concernant les acariens : il faut laver très régulièrement nos draps, nos oreillers et nos couettes. On peut aussi passer l'aspirateur directement sur notre matelas, c'est très efficace ! "


" Peu importe s'il fait froid ou s'il fait chaud, il faut ouvrir ! " conseille Didier Chapuis. " S'il fait froid dehors, avant d'ouvrir les fenêtres, il faut couper le chauffage. On aère 10 minutes puis on referme. On peut alors rallumer le chauffage, ça limite la consommation ". 
" Il n'y a qu'une seule solution pour limiter les pollutions intérieures en cette période : aérer et ventiler ! "
conclut le professeur Caillaud. " Tous ces bons gestes, ces bons conseils, il faudrait les retenir, même pour l'après confinement. Ca limiterait les crises d'asthme et les gènes respiratoires ".  

 
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