Confinement : recettes en chute libre, chauffeurs malades... Grenoble et Chambéry suppriment des bus et des trams

La baisse de fréquentation des transports en commun pendant le confinement pousse les agglomérations à adapter leurs offres. Avec pour première motivation des recettes de plus en plus légères et une organisation complexifiée par la Covid-19.

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D'un confinement à l'autre, les transports publics doivent s'adapter à la crise sanitaire, essentiellement en réduisant les fréquences aux heures creuses quand les trains, métros, trams et bus sont désertés. Même si, pour ce reconfinement, la baisse de fréquentation est moins importante qu'au printemps.

Dans toutes les métropoles de France, les passagers se sont raréfiés dans les transports. Et les Alpes font office de bonnes élèves, avec une diminution de la fréquentation des transports en commun de 65% à Grenoble et de 55% à Chambéry, comme à Lyon. Dans d'autres villes françaises, la baisse est moins flagrante, comme à Marseille (-50%), Bordeaux (-45%) ou Dunkerque (-25%).

Des chiffres qui n'ont pourtant rien à voir avec le premier confinement, où "on était tombé à moins de 10% de fréquentation", remarque pour l'AFP Frédéric Baverez, directeur France de l'opérateur Keolis.

 

Des heures de pointe "incompressibles"


D'autant que, en heure de pointe, les baisses sont encore moins significatives. "La pointe du matin est assez incompressible dans la mesure où les cols bleus, comme on les appelle, se rendent tôt le matin, et de façon régulière, (à leur travail) et n'ont pas d'autre choix parce qu'ils ne télétravaillent pas", remarquait la semaine dernière le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

"L'heure de pointe est très marquée par les scolaires, primaires, collèges et lycées", ajoute Frédéric Baverez.

Alors, petit à petit, les autorités organisatrices -les agglomérations, surtout- réduisent la voilure. "On allège un peu l'offre aux heures creuses et on allège un peu plus l'offre en soirée et le week-end", décrit Frédéric Baverez. 
 


A Chambéry, il faut mieux organiser


A Chambéry, le réseau Synchro Bus a ainsi diminué de 15% son offre depuis le 12 novembre. "On a maintenu le plus longtemps possible, mais il devenait de plus en plus compliqué de prévoir les remplacements", explique Alain Caraco, vice-président de Grand Chambéry chargé de la mobilité contacté par France 3.

Car, selon lui, la première motivation de cette réduction du service chambérien est "d'éviter de devoir supprimer des services de façon désordonnée faute de personnels". Avec l'arrivée de la nouvelle vague, le nombre de chauffeurs en arrêt maladie a considérablement augmenté.

Si bien que, sur les 130 services quotidiens, il arrive qu'il y ait une vingtaine d'absences plus ou moins imprévisibles depuis début novembre. Résultat : pour mieux anticiper tout en gardant une bonne desserte sur les lignes et heures les plus chargées, les changements de fréquences et d'horaires ont été adaptés par lignes :

Lignes Chrono A, B, C et D : un bus toutes les 10 à 15 min de 5h20 à 21h00 du lundi au samedi (un bus toutes les 25 minutes sur la Chrono D le samedi).
Ligne 1 : un bus toutes les 20 min de 6h à 20h du lundi au vendredi et un bus toutes les 30 min le samedi.
Lignes 2, 3, 4 : fonctionnement normal, seuls les deux derniers départs sont supprimés.
Lignes 1s, 3s, 5 et 10 à 19 : fonctionnement normal.

Les heures de pointe seront globalement inchangées, "pour éviter que les gens soient les uns sur les autres", ajoute Alain Caraco.

 

A Grenoble, il faut moins dépenser


A Grenoble aussi, le service sera réduit de 15% à partir de ce lundi 23 novembre. Pour une raison bien différente de celle invoquée à Chambéry. "Avec la baisse de fréquentation de 65%, on a des recettes qui s'effondrent pour la Semitag [le réseau de transports en commun de la métropole, ndlr]", regrette Sylvain Laval, président du Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise (Smmag).

Le Smmag, en partie financé par un versement mobilité prélevé sur les activités économiques, a aussi perdu des recettes à cause du confinement et de l'économie en berne. A eux deux, Smmag et Semitag cumulent une perte de recettes de 17 millions d'euros depuis le début de la crise sanitaire.

Alors forcément, "faire rouler des tramways pour une personne à minuit" n'est plus du tout rentable pour la collectivité, qui a choisi de réduire l'amplitude horaire de ses services. Le soir, les derniers passages s'effectueront une heure et demi plus tôt, à 23h30. En journée, Sylvain Laval promet qu'il n'y aura "pas de grosse diminution du service", notamment sur les lignes à déjà faible fréquence de passage.

Les heures de pointes devraient être relativement épargnées. Les horaires des lignes stratégiques, comme les B (qui dessert l'hôpital) et E (très empruntée par les scolaires) du tramway, ne seront également que très peu modifiées. Toutes les précisions, ligne par ligne, sont disponibles sur le site de Semitag.

 

4 milliards de pertes au niveau national


De son côté, le vice-président de Grand Chambéry Alain Caraco note que "le premier confinement a beaucoup plus pesé sur le budget transports que le deuxième". D'autant que l'agglomération a décidé d'offrir, au printemps, deux mois d'abonnement aux abonnés annuels de Synchro Bus. Comble de malchance, ces deux mois ont repoussé les ré-abonnements de septembre à novembre... en plein pendant le reconfinement.

Au niveau national, le trou dans les finances des autorités organisatrices, évalué à 4 milliards d'euros par la profession -dont 2,6 milliards pour l'Ile-de-France- avant le reconfinement, va encore se creuser.

"Ces 4 milliards s'entendaient en retournant vers une fréquentation de 80% en fin d'année", soupire Thierry Mallet, PDG de Transdev et président de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP, le club des exploitants).

Et si l'Ile-de-France a su trouver un compromis avec l'Etat, les autorités organisatrices des Alpes promettent de continuer à demander un soutien plus marqué du gouvernement. 

 
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