Coronavirus et confinement : une recrudescence des violences au sein des familles

Selon le ministre de l'Intérieur, les interventions des forces de l’ordre pour violences conjugales ont augmenté de plus de 30% pendant le confinement. Mais les femmes ne sont pas les seules victimes, les enfants aussi font les frais du confinement dû au coronavirus COVID 19.
 

Les interventions des forces de l’ordre à la suite de signalements pour des violences conjugales ont augmenté de "32 % en zone de gendarmerie" et de "36 % à Paris" depuis la mise en place du confinement en France en raison de l'épidémie de coronavirus COVID 19, a indiqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner dans l'émission "Vous avez la parole" sur France 2 jeudi 26 mars. Karine Plassard, militante féministe à Clermont-Ferrand, explique : « Le problème avec le confinement est que le bourreau est sur les victimes. Il est difficile pour elles d’appeler à l’aide. C’est pourquoi il faut appeler les voisins à la vigilance et qu’ils n’hésitent pas à composer le 17 si besoin ». 

Mireille Bernard, référente départementale Allier « violences au sein du couple » et juriste au CIDF (Centre d’information sur le droit des femmes et des familles), affirme : "On a constaté un nombre d’appels plus important depuis le début du confinement lié à des inquiétudes. Dans un premier temps, c’était surtout des femmes qui avaient déjà quitté leurs conjoints violents. Mais ceux-ci utilisaient la garde des enfants pour les menacer psychologiquement ou demander à avoir la garde des enfants en dehors du cadre défini par le juge. Depuis une dizaine de jours, on reçoit plutôt des appels de femmes installées dans un contexte de violences conjugales pour qui la situation est difficile".

Une hausse constatée

Au commissariat de Clermont-Ferrand, les policiers ont enregistré une augmentation des violences conjugales depuis le début du confinement. Cependant, ils n’ont pas encore de données chiffrées sur ce phénomène. Eric Cluzeau, commissaire divisionnaire au Puy-en-Velay et DDSP, confie les difficultés de travail sur ces questions. Il affirme : « Nous travaillons habituellement avec un réseau, des associations, la préfecture, le Conseil départemental. Généralement, ce réseau capte les problèmes et oriente les victimes vers nous afin qu’elles aillent jusqu’au dépôt de plainte. Notre souci majeur est que ces capteurs sont en difficulté à cause du confinement ».

Des policiers sensiblisés

Il confie que ses équipes sont extrêmement vigilantes sur ce sujet : « Chaque fois qu’une patrouille est en présence d’un cas de violence intra familiale, un procès-verbal est établi, pas de main courante. Le recours au PV est systématique. Il sera traité et le parquet est avisé.  Notre attention est très forte en cette période ».

Les pharmaciens mobilisés

Depuis la semaine dernière, un dispositif d'alerte pour les femmes victimes de violences de la part de leur conjoint est mis en place dans les pharmacies. Nicolas Verdier, président du syndicat des pharmaciens du Puy-de-Dôme, indique : « Les pharmacies sont un lieu d’accueil pour tous, bien réparties sur le territoire et ouvertes pendant le confinement. Les consignes sont simple : la personne victime de violence peut y venir seule ou avec ses enfants, mais sans le mari violent. Elle se confie alors au pharmacien. Ce dernier n’est ni un policier ni un travailleur social, il établit simplement une relation avec la police. Ses appels passent en priorité ». Dans l'hypothèse où son mari serait avec elle, le ministre de l'Intérieur a évoqué la possibilité que celle-ci utilise un "code", "par exemple masque 19". L'utilisation d'un code est un système déjà mis en place en Espagne.

Les enfants aussi victimes

Mais les médecins s’inquiètent également des violences dont les enfants sont les victimes. Ainsi, le Pr Etienne Merlin, pédiatre au CHU de Clermont-Ferrand, souligne : « Je suis très préoccupé par ce type de violences. Dans de petits espaces, ça doit être très difficile pour les enfants. Les parents passent souvent leurs nerfs. Imaginez la situation dans une famille où les parents n’ont pas d’échappatoire en cas de tension familiale ». Il ajoute : « Confinés ou pas, la vie continue et le télétravail embellit nos vies. Mais télétravailler quand les enfants jouent au foot dans le salon, c’est juste impossible. Et quand le directeur téléphone pour avancer sur ce dossier urgent mais que les gamins braillent, garder son calme peut relever de la gageure. Ça c’est un exemple pour le côté dangereux, il y en a tellement d’autres ». Karine Plassard précise : « Il y a des familles qui vont littéralement péter les plombs. L’école à la maison peut aussi être un vecteur déclencheur de violences ». Si vous êtes témoin de violences, vous pouvez contacter le 17, le 115 ou également le 39 19 pour les victimes de violences conjugales. Mireille Bernard conclut : "Depuis le début du confinement, on a organisé le départ de trois femmes en leur trouvant des points de chute. La gendarmerie la plus proche a été prévenue à chaque fois. Pour les autres qui n’en sont pas à quitter leur domicile, on leur conseille de mettre en place des techniques de contournement et d’évitement : rester plus longtemps aux toilettes, y aller plus souvent, aller faire les courses, faire les devoirs des enfants et dire que le professeur risque d’appeler, etc. Et puis le voisinage et l’entourage doivent être attentifs. S’ils suspectent des violences, il faut appeler le 17. Ne pas hésiter. Car les femmes en situation de violences conjugales n’ont souvent pas le temps de prendre de la distance par rapport à ce qu’elles vivent".

 
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