Plusieurs employés et un résident d'une maison de retraite dans le Puy-de-Dôme sont positifs au coronavirus COVID 19, tout comme une infirmière d'un Ehpad du Cantal. Les responsables d'Ehpad que nous avons interrogés racontent leur difficulté à maintenir des mesures barrière efficaces.
En Auvergne aussi, les Ehpad sont touchés par l'épidémie de coronavirus COVID 19. Dans l'établissement Louis-Pasteur à Lempdes dans le Puy-de-Dôme, quatre employés et un résident ont été testés positifs. Une quinzaine de résidents de la maison de retraite de Lempdes présente par ailleurs des symptômes du coronavirus et deux autres sont décédés sans que l'on en connaisse la cause en l'absence de tests, selon l'Agence régionale de santé.
Dans le Cantal, une infirmière de l'Ehpad de Rouget-Pers a été testée positive. Face à la propagation du virus, les maisons de retraite font leur possible pour maintenir au mieux les mesures barrière pour protéger leurs résidents. Mais la tâche est difficile.
"On fait au mieux. La situation est en train de se tendre. Les Ehpad sont fermés depuis 15 jours au public, mais les salariés continuent à entrer car ils doivent travailler et donc il y a des contaminations possibles", analyse Bruno Fonlupt, délégué régional de l'association des directeurs d'établissement pour personnes âgées (AD-PA).
Les Ehpad réclament plus de matériel de protection
La principale difficulté pour dresser une barrière entre le virus et les résidents est que tous les employés des Ehpad de la région ne sont pas équipés de matériel de protection.Le 24 mars, l'association Union des familles et amis des personnes âgées (Ufapa) a obtenu une réponse de la délégation départementale de l'Allier de l'Agence régionale de santé (ARS) concernant le matériel qui fait défaut dans les Ehpad. "Voilà ce qui nous a été répondu, dit Michel Brousse, président de l'Ufapa, "Non tous les employés ne peuvent pas être munis des équipements que vous citez (N.D.L.R. gel hydroalcoolique, gants à usage unique, masques FFP2), ils sont rares et destinés à l'accompagnement de personnes ou dans le cadre de sites où des cas avérés de Covid-l9 seraient constatés. Pour autant, nous essayons au maximum de doter les établissements de masques et du matériel le plus efficace en termes de prévention. Les approvisionnements devraient être croissants dans les semaines à venir".
Un fait que confirme Roland Delaunay, directeur des Cités cantaliennes de l'automne, une association qui gère 12 maisons de retraite dans le Cantal. "Le gros souci de tout le monde, c'est d'avoir suffisamment de matériel de protection. L'hôpital d'Aurillac nous a cependant affirmé ce matin qu'il n'y avait pour le moment aucun cas de coronavirus parmi les résidents des maisons de retraite du département", dit Roland Delaunay. Il a été lui-même confronté au test positif d'une infirmière employée dans l'Ehpad de Rouget-Pers. "Mais tous les tests que nos avons effectué sur nos résidents sont négatifs", précise t-il.
Des housses mortuaires livrées par erreur dans le Puy-de-Dôme
Dans le Puy-de-Dôme, Henri Dubreuil, le directeur de la communauté de communes Pays de Saint-Eloy qui gère les Ehpad de Menat (25 résidents) et de Saint-Gervais-d'Auvergne (31 résidents), a eu la mauvaise surprise de recevoir par erreur des housses mortuaires, comme le signalaient nos confrères de La Montagne. "Les services de la communauté de communes du Pays de Saint-Eloy ne sont pas à l'origine de la livraison qui leur a été faite. Nos seuls besoins sont des masques de protection tant pour le personnel des Ehpad que pour les résidents et usagers de service. À ce jour, nous avons une petite semaine avec une utilisation précautionneuse", nous assure Henri Dubreuil. Parmi les mesures barrière utilisées pour limiter au maximum la propagation de l'épidémie, de nombreuses Ehpad ont choisi de confiner leurs résidents dans leurs chambres. Un choix fait plus ou moins tard selon les maisons de retraite comme l'a appris par le biais de familles Michel Brousse, le président de l'association Ufapa basée dans l'Allier. "Les quelques retours que j'ai reçus sur la situation des Ehpad dans l'Allier sont très disparates. Il y a des Ehpad où les résidents sont confinés dans leur chambre depuis 15 jours, alors que dans d'autres des résidents ne sont confinés que depuis aujourd'hui", dit-il.
Après les cas de COVID 19 constatés à l'Ehpad de Lempdes, le CHU de Clermont-Ferrand a d'ailleurs préconisé un renforcement des mesures de confinement et des mesures barrière déjà en place dans l'établissement, a indiqué l'Agence régionale de santé.
Un confinement parfois difficile à mettre en place
Le confinement des résidents dans leur chambre n'est pas toujours aisé. Parmi les établissements des Cités cantaliennes de l'automne, la grande majorité des pensionnaires restent dans leur chambre. Mais pour certains un confinement total n'est pas possible. "Nous avons des résidents avec des troubles cognitifs qui sont impossibles à maintenir dans leurs chambres. Mais nous veillons à ce qu'une distanciation soit appliquée du mieux possible pendant leurs déplacements", explique Roland Delaunay. S'ils font de leur mieux pour protéger leurs résidents, les dirigeants des Ehpad de la région savent que leur mission sera de plus en plus difficile à mesure que le pic de l'épidémie COVID 19 approche.