Coronavirus COVID 19 : fromages AOP d’Auvergne, le cri d’alerte de la profession

Suspension des marchés, fermeture des restaurants, interdiction de déplacement, depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus COVID 19, les ventes de fromages AOP en Auvergne ont chuté de plus de 50 %. La profession et les élus se mobilisent pour trouver des solutions.
 

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« Depuis le début du confinement plus personne ne vient acheter dans ma ferme. Je produis à perte » : comme Caroline Borrel, producteur fermier affineur de Saint-Nectaire, de nombreux producteurs de fromages AOP ont vu leurs ventes baisser de 60 à 80 % en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus COVID 19, selon les chiffres de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats Exploitants Agricoles) .« Qu’ils soient producteurs de lait, transformateurs, ou producteurs fermiers, la fermeture des restaurants et marchés de proximité, la difficulté de la clientèle à se déplacer ou l’interdiction de vendre le fromage à la coupe dans les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), ont eu un impact terrible sur leurs ventes de fromages AOP » explique Joel Piganiol, président Fédération Départementale des Syndicats Exploitants Agricoles du Cantal. Un comble pour les producteurs de Saint-Nectaire, de Cantal, de Salers, de Bleu d’Auvergne ou de Fourme d’Ambert qui ne peuvent pas vendre malgré un « pic de production optimale ».

S’adapter vite

Alors pour endiguer la crise, il a fallu s’adapter rapidement. Notamment en transformant le lait en produits fromagers facile à stocker.  «Je ne peux pas mettre mes salariés au chômage technique je dois faire tourner ma ferme. Alors aussitôt que mes vaches produisent du lait je le transforme soit en fromage soit en beurre » explique Caroline Borrel qui assure toute la production de ses fromages AOP. Pour leur venir en aide, les syndicats interprofessionnels de défense des 5 fromages AOP d’Auvergne se sont mobilisés. « En négociant l’indemnisation de certaines pertes, ou en assouplissant le cahier des charges pour faciliter par exemple la congélation de certains produits laitiers »explique Marie-Paule Chazal, directrice de l’ISN (Interprofession du Fromage AOP Saint-Nectaire). Mais également en encourageant d’autres alternatives que le stockage : « Avec l’appui des services de développement agricole on donne des conseils aux producteurs pour qu’ils puissent réduire leur production laitière à la source pour diminuer leurs pertes. En modifiant l’alimentation de leurs vaches par exemple». Des alternatives essentielles pour Joel Piganiol qui explique qu’il faut désormais réfléchir à long terme si le confinement venait à être prolongé « car il est impossible de stocker éternellement ».

Ecouler les stocks

Alors si certains producteurs, à l’instar de Caroline Borrel, ont recours à la livraison à domicile pour écouler leurs stocks à l’aide des réseaux sociaux notamment et « d’un Food Truck prêté par l’ISN » précise la fermière, d’autres préconisent un renforcement de la collaboration avec les GMS (grandes et moyennes surfaces.) « Des points de ventes proposent des paniers garnis  mais très peu offrent des fromages AOP. Dans les rayons c’est la même chose depuis que la vente à la coupe est interdite. Il faut changer ça » se désole Joel Piganiol. Il faut également encourager la réouverture de marchés de proximité. « Mais pour que ça marche, encore faut-il que le consommateur ait envie de consommer local » ajoute Marie-Paule Chazal.

Arrêter le mode survie et revenir à la consommation plaisir 

Pour la directrice de l’ISN (Interprofession du Fromage AOP Saint-Nectaire), le consommateur a changé ses habitudes depuis le début de l’épidémie et s’est mis « en mode survie, privilégiant les produits basiques tels que pâtes ou le papier toilette et ne cherche pas les achats plaisir ». Pour Elodie Delort, responsable communication de l’Association Fromages AOP d’Auvergne qui réunit les cinq appellations auvergnates, pour redonner un second souffle aux producteurs locaux, il faut « changer les mentalités en encourageant la solidarité ». Et pour la jeune femme engagée cela passe par une campagne de communication notamment sur les réseaux sociaux. Elle cite les nombreux exemples d’initiatives solidaires relayées sur les réseaux pour venir en aide aux producteurs locaux. « Notre association a également réalisé une petite vidéo visant à expliquer des techniques pour cuisiner des produits frais et locaux » Objectif ? Sensibiliser les consommateurs à l’échelle locale mais également alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation.

Lettre ouverte au président de la République

A cet effet, 14 députés et sénateurs d’Auvergne ont tenu eux aussi à adresser une « lettre ouverte » au président de la République. Initiée par Vincent Descoeur, député LR du Cantal, elle évoque les risques encourus par les AOP et IGP françaises qui représentent un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros. Et demande des aides concrètes notamment pour « accompagner la diminution de la production de lait » ou « débloquer des aides au stockage […] » et compenser les pertes des producteurs et petites entreprises. «Il faut réagir vite. Car avec la crise du coronavirus ce ne sont pas seulement les producteurs AOP d’Auvergne qui sont menacés, mais tous les producteurs locaux ! » conclut Joel Piganiol.
 

 
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