Le report du Tour de France apparaît de plus en plus probable après la prolongation des mesures sanitaires dans le cadre de l'épidémie de coronavirus. Une annulation pure et simple reste possible, ce qui pourrait causer la faillite de certaines équipes cyclistes.
La prolongation du confinement a scellé le sort du Tour de France. Le maintien de la course cycliste aux dates prévues (27 juin-19 juillet) semble de facto impossible alors que l'interdiction des "événements avec un public nombreux" en France "au moins jusqu'à mi-juillet prochain" a été actée par Emmanuel Macron lundi 13 avril. Si son report au mois d'août est à l'étude, son annulation en raison de l'épidémie de coronavirus aurait de lourdes conséquences.
L'organisateur ASO pourrait trancher sur l'avenir de la course d'ici à la fin du mois d'avril. Pour son édition 2020, la Grande Boucle fait la part belle à l'Auvergne-Rhône-Alpes. Passant par l'Auvergne, Lyon et les massifs alpins, le 107e Tour de France parcourra un millier de kilomètres dans la région.
L'hypothèse noire d'une annulation pure et simple ne priverait pas seulement des millions de téléspectateurs d'après-midi qui s'étirent à contempler d'époustouflants paysages de France, ponctués de batailles épiques dans les montagnes. Le Tour de France représente surtout un pilier pour le budget des équipes engagées, au nombre de 22 cette année. Et si l'épreuve centenaire n'a pas lieu, "cela ouvre la possibilité d'un effondrement économique du secteur", prévient Jean-François Mignot, chercheur au CNRS et auteur d'une "Histoire du Tour de France" (ed. La Découverte).
"Des équipes pourraient disparaître"
"C'est très simple. Si le Tour n'a pas lieu, des équipes pourraient disparaître, des coureurs et des membres d'encadrement se retrouveraient sans travail", prédit Marc Madiot, le manageur de l'équipe Groupama-FDJ, dont le budget est estimé à environ 20 millions d'euros. Pour "beaucoup de sponsors d'équipes, la seule raison d'être dans le cyclisme plutôt qu'ailleurs repose sur le Tour de France, pointe Jean-François Mignot. Si les sponsors consentent à investir, c'est pour que les téléspectateurs voient leur marque sur le maillot des coureurs pendant le Tour, car c'est la seule épreuve cycliste qui soit si massivement regardée".
"Il y a assez peu de disciplines sportives qui reposent à ce point sur un événement, qui plus est détenu par un privé" et non une fédération, souligne Bruno Bianzina, directeur général de l'agence Sport Market. Pour tous les observateurs, un été sans Tour serait un coup dur pour ASO. "Le Tour, c'est leur vache à lait", résume le patron de Sport Market. "C'est ce qui fait tenir tout le reste", ajoute un acteur du cyclisme. Comprendre, des épreuves moins rentables. Car si "tout le monde a besoin du Tour, le Tour a besoin du reste du calendrier", constate Marc Madiot, également président de la Ligue nationale du cyclisme.
Mais le manque à gagner ne s'arrête pas au secteur sportif. "Ca va bien au delà. Le Tour c'est aussi le meilleur "spot" publicitaire pour le tourisme français", relève Bruno Bianzina. "Le maillage territorial de l'événement fait que les conséquences d'une annulation seraient décuplées", note aussi Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora, en soulignant les pertes pour les collectivités qui accueillent la course.