Les élèves des trois lycées agricoles publics de Haute-Loire participaient à la finale départementale du concours de jugement d’animaux ce mercredi 9 décembre à Costaros, des jeunes passionnés par leur futur métier malgré une conjoncture difficile pour l’élevage.
Pour être un bon « pointeur », il faut avoir l’œil ! Dans le jargon, « pointer », c’est juger, évaluer les animaux, leur conformité. Grille de notation en main, les élèves de bac et BTS agricoles scrutent le pis des vaches, la morphologie des chevaux de trait et des moutons réunis pour l’occasion à la halle de Costaros. Ensuite, un jury de professionnels fera le même exercice en expliquant son évaluation. Les 8 « meilleurs » élèves, ceux dont les jugements se rapprocheront le plus de leurs pairs, seront invités au salon de l’agriculture en mars prochain pour défendre les couleurs de la Haute-Loire lors de la finale nationale du concours de jugement d’animaux.
Motivés contre vents et marées !
Parmi les élèves, Magali, qui prépare son bac professionnel à Yssingeaux. Elle a l’intention de reprendre la ferme de son oncle. « Je veux m’installer en vaches laitières, je suis motivée par l’amour des animaux et de la nature. Je suis là-dedans depuis que je suis toute petite, donc c’est ma passion ! ».
Conscients des crises que traverse l’agriculture, ces futurs éleveurs et éleveuses n’ont pas l’intention de baisser les bras ! Louis est en 2ème année de BTS agricole au lycée de Brioude-Bonnefont. Il a décidé de reprendre l'exploitation de ses parents : « En ce moment c’est dur, il y a des aléas, mais c’est comme ça. Mes parents ont bien essayé de m’orienter vers autre chose, mais bon, quand j’ai une idée en tête, je la tiens ! ».
De moins en moins de vocations
Des jeunes motivés mais des effectifs en baisse dans deux des trois établissements publics du département. Seul, le lycée agricole de Brioude-Bonnefont résiste un peu mieux avec des promotions de 20 à 25 bacheliers agricoles chaque année. « Cette crise des vocations, elle est due à trois grandes causes, estime le président des Jeunes Agriculteurs, Anthony Fayolle, venu surveiller le concours. Premier problème : il faut des capitaux de plus en plus importants pour faire ce métier. Deuxième cause : il ne faut pas compter ses heures de travail ! Et enfin, il y a le problème des revenus ! ». Le jeune syndicaliste a fait les comptes : cette année, en Haute-Loire, 40 installations aidées pour plus de 200 départs. On est loin du compte ! Les vocations se font rares. Il y a dix ans, le nombre d’installations était deux fois plus élevé.
Débouchés assurés
Dans les établissements de formation, on fait aussi un constat : désormais une part non négligeable des candidats au métier provient d’un milieu extérieur à l’agriculture.
Dans la classe de Magali, ils sont quatre sur quinze élèves de terminale n’ayant pas des parents agriculteurs. Le paradoxe, c’est que, dans une conjoncture peu favorable, avec une nouvelle baisse du prix du lait redoutée pour l’an prochain, le secteur offre tout de même des débouchés. « Jusqu’à présent, dans nos filières, production animale ou agro équipement, les élèves n’ont pas trop de souci pour trouver du boulot, il y a des besoins dans ces secteurs-là », constate Laurent Chaleix, enseignant en agronomie à Bonnefont. « Il y a notamment des débouchés dans les entreprises de travaux agricoles ou chez les concessionnaires de matériel voire chez les constructeurs pour nos BTS ».
En Haute-Loire, la grande majorité des jeunes qui s’orientent vers l’agriculture choisit l’élevage bovin, vaches laitières ou allaitantes, deux productions confrontées régulièrement aux aléas de l’économie. Mais leur choix correspond à une passion réfléchie, on a pu le constater encore ce mercredi lors du concours de Costaros, et pour la plupart, ils ont bien l’intention d’aller jusqu’au bout.