Couvent Sainte-Marie de la Tourette : l'autre site le Corbusier dans la région

Le Couvent Sainte-Marie de la Tourette a été édifié à Eveux (Rhône) par Le Corbusier pour les frères dominicains entre 1956 et 1959. (Re)découverte de ce lieu à l'occasion d'une exposition de l'artiste indien Anish Kapoor en 2015.

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L’édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1979. Construit sur un plan carré en forme de « U », fermé au nord par le vaisseau de l’église, le couvent s’inspire directement des modèles cisterciens. Implanté sur un terrain fortement incliné, il prend, selon l’expression de l’architecte,  « son assiette » sur le haut du vallon et compose avec la déclivité grâce aux pilotis.

L’entrée principale du bâtiment se situe au troisième niveau du bâtiment qui en compte cinq. Au-dessus de cet étage d’accueil, consacré à l’étude et aux séminaires (bibliothèque et salles de travail), se trouvent les niveaux réservés aux cellules des moines. Celles-ci sont tournées vers l’extérieur. Chaque moine dispose d’un lit, d’un bureau, d’un placard, d’un lavabo et d’une loggia brise-soleil. Une terrasse accessible est reliée au toit de l’église par une passerelle.

Les niveaux 4 et 5 situés sous l’étage d’accueil sont tronqués par la pente du terrain. Le niveau 4, consacré à la vie collective de la communauté (réfectoire, chapitre, atrium), est desservi par deux larges couloirs dénommés «cloître », qui dessinent une croix au cœur de la cour, et conduisent également à l’église.

Le niveau le plus bas, le cinquième, directement posé sur le sol, se réduit à deux corps de bâtiment séparés : sous le réfectoire, la cuisine et une salle commune, et sous l’église, les caves. Un escalier hélicoïdal, enveloppé dans une tourelle extérieure, relie directement l’aile des séminaires au réfectoire.

Conformément aux principes puristes élaborés au début des années vingt, le couvent est l’assemblage de quelques formes primaires. Mais la texture des matériaux relève d’une esthétique brutaliste. Iannis Xenakis, mathématicien-musicien et collaborateur de Le Corbusier, apporte une touche plus stricte à ce registre formel avec les pans ondulatoires, dispositif utilisé pour la première fois ici.

Le Corbusier déploie à La Tourette toute une palette de dispositifs de contrôle de la lumière naturelle qui sculptent l’espace et les volumes, devenant un matériau à part entière : canon à lumière, mitraillette à lumière, rai de lumière, loggia. L’innovation se lit aussi dans les piliers rectilinéaires, qui remplacent les pilotis cylindriques, ou les panneaux de bois de ventilations, insérés dans le fenestrage. L’architecte a réussi à mettre au point un plan d’une grande clarté au service d’un programme complexe, imposé par les trois phases de la vie monacale dominicaine : prier, étudier, se reposer.

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