La mort dans l'âme, mais sans surprise, le maire a annoncé le 17 février que la Beaucroissant était annulée ce printemps. Le Covid a, pour la 3e année consécutive, eu raison de la plus vieille foire de France qui accueille près de 300 000 visiteurs. Un coup dur pour les finances de la commune.
"C'est un coup dur pour les finances, mais aussi pour le moral, au-delà des pertes financières, la foire est notre ADN, tout le monde y participe dans le village dont le coeur bat pour la Beaucroissant, alors y renoncer, trois années de suite, ça nous rend tous malades, et malheureux comme des pierres, mais nous ne pouvons pas faire autrement", regrette le maire Antoine Reboul qui se souvient ... des éditions précédentes : "c'était le 800ème anniversaire, on avait fait un défilé aux flambeaux dans la nuit, c'était formidable, magique".
Dans la petite salle communale où monsieur le maire reçoit, les plans de la Beaucroissant habillent les murs, des plans qui disent à eux seuls l'ampleur de l'événement : y sont notés les emplacements des buvettes, allées, exposants, parkings dans les champs, parcs à bestiaux et accueil des maquignons, sens de circulation. La Foire est un rendez-vous colossal qui dépasse les frontières du département. On y vient habituellement des 4 coins de la France : chaque année se retrouvent ici plus de 800 exposants, 300 000 visiteurs sur près de 35 hectares, 80 restaurants qui peuvent servir jusqu'à 5000 couverts !
Mais il n'y aura pas de foire de printemps à Beaucroissant, ces 24 et 25 avril 2021, en raison de la crise sanitaire, bien sûr. La foire de printemps en mars 2020 avait déjà été annulée, lors du premier confinement ainsi que la foire d'automne de septembre dernier.
C'est la troisième annulation et elle fragilise sérieusement les finances de la commune, mais aussi celles des 800 exposants qui s'y pressent régulièrement. "Nous avons vraiment une pensée pour eux. Bon nombre de ces marchands ambulants, qui vendents des habits, des ustensiles de cuisine, des articles de toute sorte, ne vivent que des marchés et des Foires comme la nôtre et beaucoup ne font en ce moment que vivoter, quand ils n'ont pas déjà abandonné", se désole Antoine Reboul.
Un "trou" de 300 000 euros
Pour les finances de la ville, c'est sans aucun doute un coup dur. L'annulation représente un "trou" dans le budget de 300 000 euros de charges fixes et de salaires.
"La Foire est une régie directe, explique Antoine Reboul, "nous n'avons donc pas la possiblité, contrairement aux entreprises, de recourir au chômage partiel pour nos 15 agents territoriaux. Il faut, quoi qu'il arrive, qu'on règle nos engagements".
Le département les a entendus et devrait les aider. Aucun signe de soutien en revanche de la part des grandes collectivités, de la région ou de l'Etat : "Il s'agit de nous aider à surmonter cette mauvaise passe, durant laquelle on a des frais mais pas de rentrée d'argent. A partir du moment où nous pourrons refaire la Foire, si j'ose dire, les comptes reviendront à la normale, car par ailleurs nos finances sont très saines", assure Antoine Reboul.
L'édile tâche toutefois de garder le sourire et son optimisme : "c'est peut-être l'occasion de réfléchir autrement, figurez-vous que les nouveaux arrivants dans la commune râlent parfois un peu en disant qu'il n'y en a que pour la foire, sur la place du village... c'est un peu vrai, on va essayer de rééquilibrer l'espace, on a promis de le faire pendant ce mandat."