Depuis le 21 juillet 2021, les lieux de loisirs et de culture sont tenus de vérifier si leurs clients détiennent un pass sanitaire. Pour faire face à cette charge de travail supplémentaire, certains professionnels de la restauration, des cinémas ou des salles de spectacle trouvent des solutions.
"Les gens sont en vacances, tous ceux qui ne se sont pas fait vaccinés avant n'ont pas eu le temps de le faire !", analyse, dégoutée, une étudiante qui s'est vu refuser l'entrée au cinéma les Alizés de Bron pour voir le film "Kaamelott", faute de pass sanitaire. "Je ne pensais pas que c'était si tôt, je trouve ça un peu rapide", poursuit-elle. Depuis le 21 juillet 2021, l'entrée dans les lieux de culture et de loisirs pouvant accueillir plus de 50 personnes est conditionnée à la détention du précieux sésame.
Limitiation ponctuelle de la jauge
Pour contourner cette mesure, jugée trop fastidieuse, certains professionnels ont trouvé une parade. Le cinéma UFROL-Ciné Rillieux a décidé de mettre en place une alternance : les jours pairs, le pass sanitaire est obligatoire, les jours impairs, la jauge est limitée à 50 personnes, afin que tout le monde puisse y accéder. Une stratégie assumée par la direction : "Nous savons qu'aujourd'hui, tout le monde n'a pas accès au pass sanitaire, or la culture est notre priorité", explique Audrey Peguy-Gattego, la directrice de l'établissement.
Même stratégie employée à l'Espace Gerson, dans le Vieux Lyon. "On a limité la place à 49 personnes au lieu de 120", explique Alain Allin, le directeur de la salle de spectacle. "Je comprends aussi les gens qui ne sont pas d'accord. On est une salle de spectacle, les gens viennent pour se détendre, pour rire", argumente-t-il. "Ce n'est pas notre métier de contrôler les gens."
Si la méthode a été un premier temps jugée non-conforme par la Direction Générale de la Santé, le Ministère de la Santé a finalement donné raison à ces commerçants le jeudi 22 juillet, lors d'une communication rapportée par l'AFP.
Vérification parcellaire
Certains professionnels, notamment de la restauration, jugent ce protocole inapplicable et assument ne pas le mettre complètement en place. "Je vais télécharger l'application, je vais contrôler jusqu'à un certain stade mais lorsque j'aurai du flux, que je serai en cuisine, en service ou en train de remplacer un fût, je ne vais pas pouvoir être toujours derrière mon bar pour contrôler mes clients" explique une restauratrice, qui souhaite rester anonyme, rencontrée le 21 juillet.
La gérante dit se sentir prise entre deux feux. Le pass sanitaire "est contre ses convictions idéologiques" mais elle le contrôlera quand même un minimum. "Si je ne contrôle pas, je peux avoir des clients qui se disent Ho la la !, elle ne contrôle pas, j'appelle la Police ! Ce n'est pas la peine de terroriser la clientèle non plus. Il y en a qui ont besoin d'être rassurés par le pass sanitaire. Il faut que je leur montre aussi [que je contrôle] donc j'essaye d'aller dans le sens des choses."
Au final, elle se sent dans une position très inconfortable. "Je ne suis pas en train de dire que je veux ma liberté et faire ce que je veux. J'ai un boulot à faire et je suis endettée depuis des mois à cause de la crise... On est sous pression mais on est obligé de s'appliquer."
Beaucoup espère que le pass sanitaire ne sera bientôt qu'un lointain souvenir.