Déconfinement : le prudent redémarrage du covoiturage

Après 2 mois d’immobilité, les services de covoiturage entrevoient la possibilité d’une reprise d’activité. Mais, outre le marasme économique général et l’extension du télétravail, les contraintes de l’après-confinement sont des freins puissants au redémarrage.

Les contraintes de l’après-confinement sont des freins puissants au redémarrage, que ce soit les règles de distanciation spatiale, ou la limitation des déplacements, sauf dérogation, à 100 km de son domicile. Du géant BlaBlaCar aux systèmes locaux, la crise sanitaire invite à la prudence. Et à la patience.

 

Une reprise le 18 mai pour la plateforme LANE


"Nous allons reprendre le service lundi prochain, le 18 mai" annonce Elsa Rosset, chargée de communication de LANE, une plateforme de covoiturage qui relie le nord de l’Isère à l’agglomération de Lyon. "Pendant le confinement, nous avons effectué des sondages parmi nos 5 000 usagers inscrits. Une majorité se montre favorable à la reprise du covoiturage mais sous réserve d’une garantie des conditions sanitaires".
 
Ce service qui permet de partager un trajet et les frais de déplacement entre un conducteur et un passager via une application sur smartphone, se distingue par l’absence de réservation préalable, une mise en relation en temps réel et une série d’aires de covoiturage connectées : elles sont équipées de bornes tactiles et de panneaux lumineux, et jalonnent, comme des lignes de bus, plusieurs liaisons entre Bourgoin-Jallieu et Lyon, dont l’axe principal, l’autoroute A 43.

"Un kit sanitaire de prévention, comprenant masques, gel hydro-alcoolique et spray désinfectant, sera distribué sur réservation aux usagers et un adhésif certifiant ces précautions collé sur le pare-brise" précise LANE, réseau né en 2018 d’un partenariat public-privé entre la Métropole de Lyon, la Communauté d’agglomération des Portes de l’Isère (CAPI) et deux start-ups, Ecov et Instant-System, avec le soutien de l’ADEME et de l’Union européenne.

La question du nombre de passagers n’est pas encore tranchée : faut-il le limiter à deux par véhicule ou, selon les préconisations officielles, à un seul et à l’arrière ?

La fin du confinement semble a priori favorable au covoiturage. A ses atouts consensuels -moins de pollution, plus de convivialité-, s’ajoutent des arguments conjoncturels : les restrictions de circulation dans les grandes villes, le retour du stationnement payant et des embouteillages, la préférence donnée au vélo par les municipalités, ou encore les réticences à emprunter les transports en commun pour réduire les risques de contact. Pour autant, plus rassurant, plus souple, le covoiturage n’est pas forcément prêt à repartir sur les chapeaux de roue.

 

BlaBlaCar déconseille le covoiturage


"Nous invitons encore nos membres à ne pas voyager. Nos recommandations pour l’après-confinement restent les mêmes que pendant le confinement" indique Nicolas Michaux, attaché de presse de BlaBlaCar.

Déconseiller le covoiturage, c’est le paradoxe parfaitement assumé par le leader de la spécialité, présent dans 22 pays et revendiquant une "communauté" de 90 millions d’utilisateurs, dont 18 millions en France.

Depuis le 16 mars, la plate-forme d’auto-partage est quasiment au point mort, réduite à 1 ou 2 % de son activité habituelle, se pliant aux mesures du gouvernement. Avec l’accord du ministère des transports, le service a pu être utilisé notamment pour les déplacements professionnels, avec un seul passager par voiture (contre une moyenne de 3,9 habituellement) et le respect des gestes barrières. C’est toujours le cas avec le déconfinement qui, sauf dérogation, restreint les trajets à 100 km à vol d’oiseau du domicile.

La "licorne" tricolore veut afficher son image responsable et solidaire. Elle a supprimé temporairement sa commission sur les trajets (19 % en moyenne) et elle a apporté sa contribution aux actions de solidarité qui ont fleuri depuis deux mois.

Elle a créé "BlaBlaHelp", une application d’entraide entre voisins pour effectuer des courses de première nécessité ou se rendre à des rendez-vous médicaux : 20.000 personnes y ont participé, selon l’entreprise.

Au plan économique, malgré un chiffre d’affaires proche de zéro, elle espère surmonter la crise et maintenir ses emplois (350 en France) en misant sur le chômage partiel et sa spécificité : l’absence de coûts fixes, le service étant assuré en externe par des particuliers.

Autre espoir de rebond, sa filiale BlaBlaLines, lancée en 2018, qui cible les courtes distances, à commencer par le transport domicile-travail : elle réunit 1,5 million de membres. Mais là encore, estime BlaBlaCar, "on ne s’attend pas à une reprise rapide".

 

Encourager les "nouvelles mobilités"


Pour accompagner le déconfinement, l’alternative à la voiture en solo -"l’autosolisme", disent les spécialistes !- est prônée par les autorités, en particulier par la ministre de la transition écologique et solidaire Elisabeth Borne.
 
Avant la crise épidémique, le gouvernement avait manifesté sa volonté de multiplier par trois le covoiturage d’ici à 2024. Une expérimentation déjà menée sur l’autoroute A6 -réserver une voie au covoiturage- avait été annoncée pour 2020 sur une portion de l’autoroute A 48, à l’entrée de Grenoble, souvent congestionnée.
 
De leur côté, les collectivités multiplient les initiatives pour développer ces nouvelles mobilités. A l’instar du système LANE, une quinzaine de bornes d’appels ont été mises en place l’automne dernier dans la Métropole de Grenoble et le Vercors.

La crise sanitaire va-t-elle finalement accélérer l’auto-partage ? Pour l’heure, la question reste suspendue à la vitesse de son redémarrage. Et à la confiance des utilisateurs quant aux précautions sanitaires.
 
 
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