Alors que la barre symbolique des huit milliards d'habitants dans le monde a été dépassée ce mois-ci, quelle est la situation dans notre région Auvergne-Rhône-Alpes ? Les projections de l'INSEE annoncent un accroissement démographique jusqu'en 2056. La tendance pourrait ensuite s'inverser et la population diminuer. Explications.
12 600 habitants de plus en moyenne par an dans la région AURA. Ce sont les projections démographiques que l'INSEE vient de publier, en se basant sur ses observations en matière de fécondité, de mortalité et bien sûr de migration. Auvergne-Rhône-Alpes compterait alors 8,65 millions d'habitants en 2070, soit 650 000 de plus qu'en 2018. C'est la deuxième région de France qui gagnerait le plus d'habitants, après l'Occitanie.
La croissance démographique en AURA est plus rapide que pour le reste de la France métropolitaine
Christelle Thouilleux, co-auteur du rapport
Un retournement démographique à partir de 2056
«La croissance démographique en AURA est plus rapide que pour le reste de la France métropolitaine», explique Christelle Thouilleux, co-auteur du rapport. La population devrait augmenter jusqu'en 2056 mais la tendance devrait ensuite s'inverser. Un retournement démographique plus tardif que celui prévu au niveau national.
«Jusqu’en 2040, la croissance serait portée à la fois par l’excédent des naissances sur les décès et par l’excédent des arrivées sur les départs », mais à partir de 2056, «la population régionale diminuerait, les migrations résidentielles finissant par ne plus compenser le déficit naturel », détaille le rapport de l'INSEE.
L'ONU a, de son côté, projeté un «pic» à 10,4 milliards d'habitants dans le monde dans les années 2080 et une stagnation jusqu'à la fin du siècle.
Des disparités départementales
D’ici 2070, la croissance démographique d’Auvergne-Rhône-Alpes reposerait principalement sur trois départements : l’Ain, le Rhône et la Haute-Savoie, grâce à leur attractivité résidentielle. L'Ain, notamment, pourrait profiter de l'étalement urbain des métropoles lyonnaises et de Genève. Même dynamique dans la Loire et dans l'Isère.
Tandis que dans le Rhône, les départs seraient plus nombreux que les arrivées, mais les naissances excédentaires. Une dynamique qui s'explique par la jeunesse de sa population.
Peut-on alors parler du fameux exode urbain souvent évoqué dans les médias ? « C'est tout l'enjeu des études en cours... Dans le passé récent, on a constaté que les grands pôles progressaient moins vite que leurs couronnes, alors on peut parler d'exode urbain avec des grands guillemets en attendant plus d'études », souligne Stéphan Challier, directeur adjoint de l'INSEE Auvergne-Rhône-Alpes.
La Drôme pourrait également connaître une croissance démographique supérieure à la moyenne régionale, alors que l’Ardèche et la Savoie compteraient autant d’habitants en 2070 qu’en 2018. Les départements les plus ruraux de la région, en revanche, comme l'Allier et le Cantal, perdraient des habitants.
Exode rural, cette fois-ci ? « Il faut éviter de faire un lien direct avec l'exode rural pour ces départements. Il y a certes des mouvements migratoires, mais le solde naturel, c'est à dire l'excès de naissances par rapport aux décès, y est surtout très faible, car la population est vieillissante et donc pas en âge d'avoir des enfants », prévient Stéphan Challier, directeur adjoint de l'INSEE Auvergne-Rhône-Alpes.
Une population de plus en plus âgée
Une croissance démographique qui pose de nombreux défis en terme d'infrastructures. Comment les régions vont-elles pouvoir absorber ces augmentations de populations ? Réalisées tous les cinq ans par l'INSEE, ces projections permettent justement d'anticiper et d'aider « les pouvoirs publics à mettre en œuvre des politiques publiques pour s'adapter à cette croissance démographique », assure encore Stéphan Challier.
Car l'enjeu principal, c'est surtout le vieillissement annoncé de la population. D'ici 2070, c'est justement la hausse du nombre des personnes de plus de 75 ans et la baisse du nombre de celles de moins de 60 ans qui pourraient freiner la dynamique démographique de la région.