Un détenu de la maison d'arrêt de Moulins-Yzeure, soupçonné dans une affaire de stupéfiant, est parvenu à réunir 1 000 billets de 500 euros afin d'être remis en liberté. Une caution suspecte selon le parquet de Lyon qui a ouvert une enquête.
Pour être remis en liberté avant son procès à Lyon, un détenu incarcéré à la maison d’arrêt de Moulins-Yzeure (Allier), suspecté dans une affaire de stupéfiants, a pu réunir en neuf jours 1 000 billets de 500 euros, caution suspecte pour le parquet qui a ouvert une enquête, selon des sources concordantes.
Originaire du quartier Mistral à Grenoble, cet homme de 30 ans est mis en examen pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée. L'instruction a porté sur un réseau présumé de trafic de cannabis et de vente de voitures, dans lequel il est présenté comme un rouage central, ce qu'il conteste.
Ses avocats avaient réclamé une remise en liberté à quelques mois de son procès, fixé à septembre. Le 27 mai, la justice avait donné son aval à la condition dissuasive qu'il verse une caution de 500 000 euros.
Des billets humides qui sentaient l'alcool et la colle
Mais lundi 6 juin, 29 personnes se sont présentées à la régie du tribunal de grande instance de Lyon avec des sommes de 7 000 à 70 000 euros en coupure de 500 euros. « Les billets étaient humides et sentaient une forte odeur d'alcool et de colle », comme si l'on avait voulu « dissiper des traces suspectes », rapporte le quotidien régional Le Progrès mercredi 8 juin en citant le parquet.Ce dernier a tenté de s'opposer en effet à la libération du détenu via une « requête en difficulté d'exécution » auprès de la 16e chambre du tribunal, en estimant que la caution avait une provenance douteuse et en ouvrant une enquête en flagrance pour blanchiment. L'argent a été saisi.
Mais après une audience à huis clos avec le détenu, le tribunal s'est déclaré incompétent mardi et le parquet a décidé de libérer le prévenu tout en faisant appel de la décision du tribunal de ne pas suspendre la libération.
Dans sa requête au tribunal, le procureur estime que le code monétaire et financier limite les montants de dépôts d'espèces. Il relève l'imprudence du régisseur du tribunal. Mais pour les trois avocats du prévenu, rien ne s'oppose au versement en liquide d'une caution décidée par le tribunal.
« Il n'y a pas de limite pour le règlement en espèces d'une caution », a réagi l'un d'eux, Me Ronald Gallo. « De quel droit bloquer cet argent ? La procédure est légale, le procureur n'est pas juge de la détention », a surenchéri Me David Metaxas.
Une histoire d'autant plus surprenante que début mai, la Banque centrale européenne a annoncé qu'elle arrêterait d'émettre, d'ici fin 2018, les billets de 500 euros, accusés de faire le jeu des trafiquants de tout poil.