Une gardienne stagiaire a été retenue de force ce mardi 9 juillet au soir par un détenu armé d'une lame de rasoir. La prise d'otage a duré une heure et s'est produite dans une cellule de la prison de Saint-Quentin-Fallavier.
Un détenu de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) a retenu de force une jeune gardienne dans une cellule ce mardi soir, pendant environ une heure, avant de la libérer. Vraisemblablement, le détenu, un multi-récidiviste condamné à une lourde peine (il était libérable en 2016), était armé d'une lame de rasoir. Il aurait attaqué et menacé la surveillante alors que celle-ci distribuait les repas accompagnée d'un autre détenu. L'agresseur souffrirait de troubles mentaux et se serait déjà rendu coupable d'actes de violence sur le personnel pénitentiaire. Il faisait à ce titre partie des DPS, ces "détenus particulièrement signalés".
Selon une autre source, le détenu "a été ramené à la raison par la discussion" et "s'est rendu spontanément" après une courte intervention des forces de l'ordre. Un hélicoptère de la gendarmerie a notamment survolé la prison. Les équipes de l'Eris, la brigade spécialisée dans le maintien de l'ordre au sein des prisons, ont été dépêchées sur place. Les routes d'accès au centre pénitentiaire ont même été temporairement coupées.
La surveillante stagiaire, une jeune femme, s'en est heureusement sortie indemne. Durant sa prise d'otage, le détenu, aux propos peu clairs voire incohérents, a notamment demandé un assouplissement de ses conditions de détention. Il a également exigé que son temps de parloir soit doublé et a réclamé un téléphone portable.
Une enquête ouverte pour enlèvement
Le détenu était incarcéré "depuis quelques mois" à Saint-Quentin-Fallavier, établissement qui mêle les prévenus et les condamnés, pour y purger une condamnation, selon Matthieu Bourrette. Le procureur de Vienne a ouvert une enquête de flagrance pour enlèvement et séquestration avec libération volontaire avant le septième jour, un délit passible de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.Un contexte explosif à Saint-Quentin
Voilà donc un nouvel épisode illustrant la violence très répandue au sein de la prison de Saint-Quentin-Fallavier. La Maison d'arrêt est en effet régulièrement pointée du doigt pour sa surpopulation : elle accueille 300 détenus pour seulement 192 places officiellement disponibles. Le quartier de sécurité est également souvent décrié. Avec ses cinq places, il est jugé insuffisant.Depuis plusieurs mois, les gardiens manifestent donc pour dénoncer leurs conditions de travail. A cette surpopulation carcérale s'ajoutent des problèmes de sous-effectifs chroniques. Pas plus tard que la semaine dernière, Thierry Gidon, délégué syndical Force Ouvrière, expliquait au micro de l'une de nos équipes que "deux tiers des surveillants de la prison ont déposé une demande de mutation".
Un personnel lassé, épuisé, par les agressions à répétition. L'an dernier, les gardiens en ont recensés 82. En février dernier, ils ont donc déposé une lettre de doléances à la Sous-prefecture de la Tour-du-Pin (Isère). Une lettre qui, selon eux, est restée sans réponse et sans effets.
Des détenus également agressés par des gardiens
Preuve de la violence généralisée qui règne dans l'établissement, un récent rapport de l'Observatoire international des prisons (OIP) montrait en début de semaine dernière que des gardiens ont également agressés physiquement des détenus.Ce rapport reprend les conclusions d'une enquête de l'Inspection des Services pénitentiaires. Il explique que 17 faits de violence de surveillants sur des prisonniers ont pu être prouvés. Un rapport qui parle même d'un "système de maltraitance organisée" puisque sur les 13 personnels mis en cause, quatre sont des membres de la direction de la prison et quatre autres sont des lieutenants.
Parmi les histoires relatées, il y a celle de Mohammed. Un détenu laissé nu deux jours durant dans sa cellule alors qu'il souffrait d'une fracture du nez et d'un traumatisme crânien après avoir été frappé.
En avril, sept agents du centre pénitentiaire avaient été placés une douzaine d'heures en garde à vue dans le cadre de cette enquête avant d'être relâchés. Parmi eux se trouvait le chef de la détention, en arrêt maladie depuis.