L’homme ne cesse de prendre ses aises sur la planète. Il s’approprie tous les espaces sans les partager. La survie de la faune et de la flore dépend désormais des zoos. C’est ce que démontre film « Les Arches de Noé » de Jordan Guéant et Maxime Quénémer. A voir dans la France en Vrai.
En France, les parcs zoologiques attirent 21 millions de visiteurs par an. Petits et grands, le nez collé aux vitres ou aux grillages, s’offrent un tête-à-tête avec des fauves, des singes, des rapaces. Mais savent-ils que la plupart de ces animaux sont menacés de disparition ? Menacés à cause de nous les hommes qui avons pris nos aises sur la planète : bétonnage, urbanisation à outrance, commerce, cultures, déforestation, chasse et pêche dans toutes les forêts et toutes les mers du globe. Nous nous étendons toujours plus sans partager l’espace et presque toujours au détriment de la faune et de la flore sauvage.
Ça peut paraître paradoxal, mais les zoos sont devenus la dernière option pour garantir la survie des espèces…
« Quand avec Maxime (Maxime Quénémer, coréalisateur), on a visité le Domaine des fauves en Isère, on a été pris dans cette ambivalence entre fascination de croiser le regard d’un fauve et sentiment de se dire qu’en cage, il n’est pas à sa place… Pourtant, et ça peut paraître paradoxal, c’est dans les zoos, sous cloche, que l’on garantit aujourd’hui la survie des espèces » explique Jordan Guéant.
Mes parcs zoologiques ne sont pas des EPHAD de la nature…
Jacques-Olivier Travers est propriétaire de deux parcs zoologiques dans les Alpes : un pour les fauves, un pour les rapaces. Des zoos ? Non, des bastions protégés d’une faune menacée : « Ma hantise, c’est que nous devenions des musées d’une nature à l’agonie. Nous sommes plutôt des assureurs. On protège les espèces menacées de chez nous et d’ailleurs, on les fait se reproduire en captivité, mais surtout on espère pouvoir favoriser leur réintroduction dans leurs milieux naturels. Mes parcs ne sont pas des EPHAD de la nature. »
Il y a beaucoup de gens qui s’élèvent contre les zoos. Il faut dialoguer, car sans la captivité, on verra une disparition massive d’espèces dans les 30 prochaines années
Les zoos sont devenus des arches de Noé. Autrefois lieux de distractions pour visiteurs en mal d’exotisme, ils sont désormais à la pointe du combat pour la conservation et la diversité biologique de la planète. Depuis 2004, les 300 parcs animaliers et aquariums nationaux ont l’obligation de contribuer à la recherche et à la sauvegarde des espèces. Et il y a urgence. Selon le WWF, en 40 ans, le nombre d’animaux sauvages a été divisé par deux. Et selon la liste rouge mondiale, établie par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, 30 % des 80 000 espèces étudiées sont menacées d’extinction.
Je me suis appliqué à montrer ce que l’on a sacrifié et que l’on risque de perdre à tout jamais
Jordan Guéant et Maxime Quénémer apportent des réponses à ceux qui se posent la question de la nécessité des zoos. Réponses servies aussi par de très belles images. « C’est une chance d’avoir pu approcher tous ces animaux. On en ressent la grâce et la puissance. C’est à travers ces beautés-là que j’espère toucher les publics. Je me suis appliqué à montrer ce que l’homme a sacrifié et que l’on risque de perdre à tout jamais ».
"Les Arches de Noé", un film réalisé par Jordan Guéant et Maxime Quénémer (coproduction AMDA/France3AURA/Max2prod), diffusé le lundi 22 février 2021 à 22H50 dans la case documentaire "La France en vrai" sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et en replay ci-dessous jusqu'au 21 février 2021.