Vendredi 14 février, devant le tribunal de Paris, Jeannie Longo a dénoncé des fuites orchestrées, selon elle, par des responsables de l'Agence française de lutte contre le dopage. Elles les soupçonnent d'avoir donné des infos à L'Equipe, à l'origine des révélations sur les achats d'EPO de son mari.
Début septembre 2011, L'Equipe avait publié des articles indiquant que la championne était l'objet d'une procédure disciplinaire pour avoir manqué trois contrôles antidopage et que son mari avait acheté de l'EPO. Patrice Ciprelli a, depuis, reconnu avoir acheté des produits dopants pour son usage personnel et a été mis en examen en 2012.
Le couple reproche aujourd'hui à trois cadres de l'Agence française de lutte contre le dopage d'avoir livré à un journaliste du quotidien les documents qui ont constitué la base de leurs articles. A l'audience, les trois hommes ont réfuté ces assertions et assuré n'avoir jamais transmis les documents en leur possession qu'à la Fédération française de cyclisme (FFC). Pour le président de l'agence Bruno Genevois, "l'origine des indiscrétions vient plutôt du côté des autorités américaines". Celles-ci avaient transmis à l'AFLD, en novembre 2010, des documents pointant des achats d'EPO par Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de Jeannie Longo, dont des extraits figuraient dans les articles de L'Equipe.
On a cherché à m'éliminer"
Présente à l'audience de même que son époux, Jeannie Longo a dénoncé le harcèlement dont elle estime avoir été victime de la part de l'AFLD. L'agence aurait cherché à lui nuire, selon la championne, parce qu'elle avait dénoncé plusieurs fois ses méthodes, notamment sa rigidité, son opacité et ses excès de pouvoir. "Je n'ai pas fait les championnats du monde à cause de cette grosse manoeuvre", a-t-elle clamé, en référence aux articles. Après cette publication, la fédération a demandé à Jeannie Longo de céder sa place dans l'équipe de France qui devait se rendre au championnat du monde.
Championne olympique en 1996, elle n'a pas été sélectionnée pour les Jeux de Londres, événement au cours duquel elle comptait achever sa carrière. "On a cherché à m'éliminer, à lancer des fuites", a-t-elle accusé, rappelant que la procédure disciplinaire pour manquements aux contrôles n'avait pas débouché sur une sanction. "Depuis 35 ans, je suis à haut niveau et je gagne des courses. Mais la vieillesse, à tous les niveaux, ça ne plaît pas", a déclaré Mme Longo, 55 ans.
Le procureur de la République, Aurore Chauvelot, a estimé que les éléments exposés étaient très insuffisants pour caractériser une infraction et suggéré la relaxe. L'affaire a été mise en délibéré au 28 mars.