C'est un exploit qu'a réalisé Patrick Imbert et toute son équipe : adapter au cinéma le manga à succès de Jiro Taniguchi et Baku Yumemakura, Le sommet des Dieux. Le film d'animation est une réussite. Un savoir-faire français, réalisé en partie dans la Drôme.
Le sommet des Dieux, c'est d'abord un manga du célèbre auteur Jiro Taniguchi. Depuis septembre 2021, c'est aussi un film d'animation aux graphismes époustouflants.
La passion du producteur pour l'alpinisme
Dans sa maison en plein cœur de la Drôme au pied du Vercors, le producteur Jean-Charles Ostorero nous reçoit à bras ouverts dans son antre, une pièce aux murs recouvert de bois, tel un chalet de montagne. Il y expose tout un tas d'objets en rapport avec la montagne : vieux skis, vieilles lunettes ou encore divers tableaux représentant la montagne.
C'est ici qu'il a gravi son Everest à lui : obtenir les droits pour adapter le célèbre manga "Le sommet des Dieux" en film d'animation.
«Cette histoire du mystère de l'Everest, je la connaissais par cœur. Je l'ai lue depuis dès mon jeune âge dans plein d'ouvrages différents (…) explique-t-il avec passion. Mais jamais je me suis dis que ça pourrait faire un grand film d'animation, ou un grand film tout court. Il a fallu que je la lise dans le manga de Taniguchi pour me dire : voilà là un film d'animation merveilleux. Et il faut le faire en animation et uniquement en animation. ça vient de la dramaturgie et de la narration propre à Taniguchi et surtout du dessin extraordinaire. Il a également un sens du cadre quasi cinématographique. Quand il vous pose un personnage sur un décor, on a l'impression d'être dans un grand film d'aventure».
Décidé, Jean-Charles se rapproche de Taniguchi via son agent. Et le hasard va donner un coup de pousse au producteur car l'agent de l'auteur est française. Une fois les droits en poche, le producteur passionné constitue une équipe. Il choisit Patrick Imbert comme réalisateur.
«C'est un film de passion. Si j'ai voulu que ce film se fasse, ça n'est absolument pas un hasard. Je vis dans cet univers de la passion de la montagne depuis que je suis tout môme, et je pense que cette passion-là s'est transmise peu à peu à tous les gens qui ont pu travailler sur ce film depuis l'écriture, jusqu'à la réalisation.
Patrick (le réalisateur ndlr) est quelqu'un qui ne connaissait pas le milieu de la montagne et c'est presque quelque chose de très, très positif. Lui avait la passion de faire un grand et beau film».
Le savoir-faire de la cartoucherie de Valence
Le graphisme est l'un des éléments clés de la réussite du film. Les images sont travaillées, et les bourrasques de neige nous font presque grelotter sur notre canapé. Plusieurs studios d'animation ont planché sur le projet, dont le studio des astronautes fondé par Jean Bouthor à la cartoucherie de Valence.
«Nous, au studio, on est plusieurs dans l'équipe de fabrication à avoir mis les mains dans la cambouis, et du coup à pouvoir trouver les bonnes personnes au bon poste" sourit Jean. Et c'est vraiment ça qui a permis de monter l'équipe. On est allé chercher les quelque pépites que tout le monde s'arrache sur les projets.
Sur le site de la cartoucherie, ce sont entre 300 et 400 techniciens de l'animation qui travaillent.
C'est ici, qu'ont été assemblés le personnage animé et le décor.
"Je pense que n'importe quel compositeur va trouver un intérêt dans le travail de la couleur, de la lumière sur ce genre de projet" nous explique Lionel, qui travaille dans le studio. L'atmosphère, l'ambiance c'est ça que l'on va essayer de faire passer à cette étape-là du film. La partie technique c'est vraiment de mettre les couches entre elles, de faire en sorte que tout ça soit beau et fonctionne, qu'il y'ait une bonne lumière, une bonne ambiance, c'est ça que l'on va amener surtout».
Après le festival de Cannes, ''Le sommet des dieux'' est en lice pour les Annie Awards aux Etats-Unis, l'équivalent des Oscars dans le milieu du film d'animation.
L'histoire
Le film reprend l'énigme de l'ascension de l'Everest par George Mallory et Andrew Irvine en 1924. Etaient-ils les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l’Everest, le 8 juin 1924 avant de disparaître ? Au cœur de l'intrigue, un appareil photo que les deux alpinistes avaient emporté à l'époque pour immortaliser leur ascension. Les images tirées de cet appareil pourraient permettre de définir s'ils ont effectivement atteint le sommet avant de mourir... Sur les traces de Mallory et d'Irvine 70 ans plus tard, Fukumachi, journaliste japonais et Habu Jôji, alpiniste.