A compter de mercredi, les prisons de la région vont fermer leur parloirs. Les détenus ne pourront donc plus recevoir leur famille. Une mesure "logique" demandée par le syndicat UFAP UNSA Justice, qui reste inquiet sur les conséquences "à l'italienne", où des émeutes ont eu lieu suite à ça.
C’est une mesure que le syndicat UFAP UNSA Justice avait demandé : les parloirs, c’est-à-dire les visites des familles aux détenus, sont supprimés jusqu’à nouvel ordre dans les prisons à partir du mercredi 18 mars.
Si, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la décision avait déjà été prise mardi à Valence (Drôme) où un comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a eu lieu, elle a été confirmée en fin d'après-midi par une note officielle de l’administration pénitentiaire pour l'ensemble du territoire.
Au plan national, cela impacte 70 000 détenus et 30 000 surveillants. En Auvergne-Rhône-Alpes, cette mesure concerne une quinzaine d’établissements pénitentiaires.
Report des activités non essentielles
Les détenus pourront également continuer à "cantiner", c'est-à-dire acheter des denrées, du tabac ou des produits d'hygiène.Les activités impliquant l'entrée en détention d'intervenants extérieurs sont repoussées. Ainsi, les ateliers et les formations sont donc suspendues jusqu’à nouvel ordre, et le sport est mis entre parenthèse dans les prisons pour au moins une semaine. Avec comme lueur d'espoir, la possibilité pour certains de faire de l'exercice en extérieur.
Pour Sylvain Royère, premier secrétaire général adjoint de la région de Lyon pour l’UFAP UNSA Justice, cette décision est logique « pour éviter que le virus ne se propage au sein de nos détentions. On peut pas à la fois demander aux gens de rester chez eux, et leur permettre de se rendre dans les prisons. »
Se contenter des promenades
Pourtant ce responsable syndical avoue ne pas être serein. "Ca va être archi compliqué, parce que nos prisons ont beaucoup changé en 20 ans. Les détenus sont très occupés la journée. Ils ont des cours, des activités culturelles, cultuelles, du sport."Mais avec les nouvelles mesures "Ils vont devoir se contenter des promenades du matin et du soir, et pour quelques-uns d'entre eux de sport en plein air."
La peur d'une réaction à l'italienne
C'est pourquoi, il craint un scénario « à l’italienne », une mesure à double tranchant. Comprendre des "mouvements collectifs" : refus de remonter de promenade ou, pire, des émeutes dans les prisons, comme en Italie où l’on a appliqué ces mesures voilà déjà dix jours. Et il nous confie : « la mesure a commencé à fuiter chez les détenus, on tente de calmer les esprits. »En effet à Metz-Queuleu, en Moselle, les détenus pressentaient une telle annonce. Dimanche 15 mars, ils étaient une centaine à se mutiner et a refusé de regagner leur cellule après la promenade quotidienne. Autre exemple, à Grasse, ville de la Côte d'Azur, où une soixantaine de prisonniers ont envahi mardi 17 mars le bâtiment.
Des masques et du gel
Parmi les actions que le syndicat continue de demander, il y a la livraison urgente de gel hydroalcoolique et de masque pour le personnel, qui n’en dispose pas. "Et comme le gel devient une denrée rare, peu de gardiens disposent de dosettes personnelles. On fait comme on peut" avoue, philosophe, le représentant syndical.La ministre de la Justice a répondu à l'une des préoccupations des personnels pénitentiaires: elle a annoncé dans un communiqué la mise en place d'un "stock de 100.000 masques" de protection et leur distribution aux agents en contact avec des détenus présentant les symptômes du Covid-19.
Préserver "les liens familiaux"
Elle promet également, pour compenser la suspension des parloirs, de "préserver les liens familiaux (...) en s'appuyant sur le déploiement des téléphones en cellule".Environ 70 établissements pénitentiaires sont déjà équipés de téléphones fixes en cellule, a précisé Mme Belloubet.