DÉCOUVERTE. Dans la Drôme, le Rhône est une histoire de religion

Dernière étape en Auvergne Rhône-Alpes, le Rhône arrive dans la Drôme. C'est sur les berges du fleuve que le Saint-Marcelin, le Picodon, ou encore le Bleu sont fabriqués. Les papes s'y sont installés plusieurs années avant de retourner à Rome. Et c'est à Valence que l'on retrouve les traces du passage des toueurs, ces remorqueurs qui avancent au moyen d'une chaîne.

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Il est l’un des départements avec le plus de rives sur le Rhône. La Drôme n’existe pas sans son fleuve, véritable garde-manger pour le territoire. Le Saint-Marcellin, le Picodon, le Bleu du Vercors… ces trois fromages trouvent leurs origines dans la vallée du Rhône.

"D’un seul regard (depuis le plateau ardéchois), tu as trois zones d’appellation, en AOP et IGP", souligne François Robin, meilleur ouvrier de France. L’un est plus doux, à l’image du Vercorais, un fromage à pâte pressée cuite fabriqué à partir de lait de vache. Les autres sont un peu plus forts. "Quand tu sens le Saint-Marcellin, tu as vraiment cette odeur caractéristique. Tu n’as jamais fait un câlin à une vache ? Ça sent exactement ça !", s’amuse le chef.

Le fromage a la particularité locale de se différencier de son équivalent lyonnais : "c’est une pâte qui est un petit peu plus serrée, moins crémeuse, que ce que l’on peut trouver sur Lyon". Impossible donc de le manger à la cuillère. Quant au Picodon, il est "le fromage symbole du coin", conclut Francois Robin. Et mélangé avec du fromage frais de chèvre, il donne le Foudjou, un fromage qui râpe en bouche. C’est ainsi que le paysage de la vallée du Rhône a ordonné notre façon de vivre et de récolter.

"Valence est une ville qui existe sans son fleuve"

Au fil du Rhône, la Drôme recèle de trésors, pas uniquement culinaires. Abandonné depuis des années, un toueur de 50 mètres de long attend patiemment qu’ "on lui redonne du sens". "C’est un monstre de fer. Il s’agit d’un bateau remorqueur qui tirait des câbles de 14 kilomètres pour faire la remonte entre Pont Saint-Esprit et Valence", explique Pierre Sapé, Conservateur des antiquités et des objets d’art. 

Des bateaux comme celui-là, il y en avait neuf au total à l’époque, en 1896. Aujourd’hui, il est le dernier, "ce que l’on appelle dans notre jargon un Unicom". La fondation Stéphane Bern est intéressée par ce patrimoine en péril et des travaux pour le remettre en état pourraient être envisagés. 

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Valence a évolué sans le Rhône, en témoigne l'abandon d'un toueur sur les berges du fleuve. ©France Télévisions

"La question qui va se poser ensuite au niveau des monuments historiques, c’est qu'est-ce que l'on fait ? On en fait un objet que l’on pose sur une digue, mais ce n’est plus un bateau ou est-ce que ça redevient un bateau avec sa ligne de flottaison ?", souligne le conservateur d’objets qui penche pour la deuxième option dans l’objectif que le navire retrouve son sens originel. "C’est un vaste chantier. C’est-à-dire qu'aujourd’hui, il faut le désenvaser. Et pour le désenvaser, il faut recréer une petite digue. Une fois que l’on l’aura ressorti de là, il va falloir le restaurer", conclut-il.

L’abandon de ce bateau reflète l’abandon du Rhône dans la vallée de la Drôme. "On ne dit plus Valence sur Rhône parce que tout simplement Valence s’est coupé de son fleuve dans les années 1960 via la création d’une autoroute", déplore Pierre Sapé. "Elle a amputé la ville de son fleuve !", créant un mur entre le fleuve et la ville. Résultat, "Valence est une ville aujourd’hui qui existe sans son fleuve". Seul point de raccord : le port de plaisance, premier port fluvial de France. Près d’un demi-millier d’anneaux se trouvent dans ce port.

L’Enclave des Papes, une histoire religieuse entre la Drôme et le Vaucluse

En s’écartant du fleuve, les communes de Valréas, Grillon, Richerenches et Vizan attirent l’attention. Elles ne sont pas dans le département, mais, leur histoire est liée à la Drôme. "C’est une situation unique. Ce n’est pas une terre qui a été acquise par des combats ou par des luttes, mais c’est une terre qui a été achetée", explique le Père Dominique Vallon, prêtre de Valréas. Et cette terre, c’est l’enclave des papes, un lieu situé dans le Vaucluse, mais cerné par le département de la Drôme.

"Il y avait un pape qui s’appelait Jean 22. Il était en route entre Lyon, où il venait d’être élu pape, et Avignon, et il était malade. On lui a fait goûter du vin de Valréas qui l’a guéri. Alors, il n’a eu de cesse d’acquérir cette terre."

Père Dominique Vallon

Prêtre de Valréas

Le Saint-Siège vient alors s’installer dans la région durant une grande partie du XIVᵉ siècle. Au total, sept souverains pontifes se succéderont sur ces terres. Et en témoignage de ce passage, une dalle sera coulée portant le blason de Valréas, séparant le Royaume de France du Royaume des Papes.

La période pontificale sur le territoire fut l’occasion pour l’Église de reconstruire beaucoup de choses. Par exemple, la prière de l’Angélus, que l’on pratique encore en France, a été créée à cette époque-là.

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