La clairette de Die pensait se faire sa place parmi les vins mousseux rosés, c'était sans compter sur la décision du Conseil d'Etat. Celle-ci annule le cahier des charges relatif à l'Appellation d'Origine Contrôlée, suite à une procédure menée par les viticulteurs du Bugey qui défendent le Cerdon.
Coup de tonnerre dans les vignobles du Diois
Le Conseil d’État vient d’annuler le décret du 16 novembre 2016 autorisant les producteurs de clairette de Die à vinifier un vin mousseux rosé au sein de l’AOC, donnant ainsi gain de cause aux vignerons de Bugey qui souhaitaient protéger le Cerdon (Ain). La plus haute juridiction de l’ordre administratif a conclu à la nullité du décret régissant l’appellation d’origine contrôlée (AOC) clairette rosée et condamne l'Etat à verser une somme de 3.000 euros au Syndicat des vins de Bugey.
Une situation terrible pour les producteurs du Diois, une situation voulue par ceux du Bugey qui produisent le vin mousseux.
Car c'est bien le syndicat des vins du Bugey qui a saisi, il y a un an, le Conseil d’Etat.
L'objet de cette demande ? Annuler l’autorisation donnée par l'Institut national de l’appellation d’origine (INAO) au Syndicat de la clairette-de-die et des vins du Diois de lancer un rosé effervescent.
Pour les viticulteurs bugistes, ce nouveau produit concurrentiel était trop proche du Cerdon et ne répondait pas aux exigences d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), le Diois produisant historiquement des vins à base de raisins blancs.
Reportage
Une histoire qui promettait d'être belle
2016 était comme une année de grand millésime pour les 300 producteurs du Diois. Ils avaient obtenu la reconnaissance de leur clairette rosée, après un long combat pour faire admettre dans le cahier des charges de l'appellation ce nouveau mousseux coloré au gamay (maximum 10 %).
Depuis, la cave coopérative avait vendu 140.000 cols sur une production de 400.000 pour cette année test, avec une campagne publicitaire ciblant les femmes. Elle pensait surfer sur le succès des bulles colorées et commercialiser 15 % d'effervescents rosés, comme les champagnes.Avec la mode du rosé, il était impensable de se passer d'un tel relais de croissance, confiait le directeur de Jaillance, principal acteur de la Clairette de Die, lors du lancement de l'appellation.
Voilà une tempête pour les producteurs du Diois qui avaient largement investi dans cette nouvelle appellation.
Reportage
La décision du Conseil d'Etat est rédigée dans ces termes :
- Article 1er : L'arrêté du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement en date du 16 novembre 2016 relatif à l'appellation d'origine contrôlée " Clairette de Die " est annulé en tant qu'il homologue celles des dispositions du cahier des charges de cette appellation d'origine contrôlée relatives aux " vins mousseux rosés ".
- Article 2 : L'Etat versera une somme de 3 000 euros au Syndicat des vins de Bugey au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
- Article 3 : La présente décision sera notifiée au Syndicat des vins de Bugey, au ministre de l'économie et des finances, au ministre de l'agriculture et de l'alimentation et à l'Institut national de l'origine et de la qualité.