Un chantier gigantesque se prépare sur le site nucléaire du Tricastin, un chantier de 30 ans. Le démantèlement de l'ancienne usine Eurodif qui servait à enrichir l'uranium est désormais sur les rails. Après le temps de la réflexion et des études, place désormais à cette opération de grande ampleur.
Le démantèlement de l'usine Eurodif spécialisée dans l'enrichissement de l'uranium sur le site nucléaire du Tricastin va pouvoir commencer. La procédure administrative est désormais finie et le décret autorisant le groupe Orano à procéder aux opérations de démantèlement a été publié au Journal Officiel le 7 février 2020.
Un chantier hors normes
L'usine Eurodif qui s'est arrêtée de fonctionner le 07 juin 2012 après plus de trente années d'exploitation va connaître un important chantier de démantèlement. Un chantier exceptionnel par sa taille et par sa durée : l'entreprise qui s'étend sur 230 hectares ne prévoit pas moins de 30 années de travaux !Il va falloir dans un premier temps construire à l'intérieur même de l'usine Eurodif une nouvelle usine qui permettra de recevoir et de compacter toutes ces pièces à démanteler. Il s'agit en particulier de déconstruire 1400 étages de la fameuse cascade de diffusion, c'est-à-dire l'ensemble des gros tuyaux qui représentent le coeur du procédé appelé de diffusion gazeuse et qui servait à l'enrichissement de l'uranium. Cela représente 160 000 tonnes d'acier, 30 000 tonnes d'équipements en divers métaux et plus de 1300 kilomètres de tuyauterie. Soit l'équivalent de quatre porte-avions Charles de Gaulle.
Plus de 1300 kilomètres de tuyauterie sont à démonter sur le site.
La découpe de ces équipements va s'effectuer à l'aide de cisailles hydrauliques. 150 personnes spécialisées tous corps de métiers confondus seront donc à pied oeuvre pour réaliser ce chantier d'envergure. La branche Démantèlement et Service du groupe Orano est spécialisée dans le domaine, elle possède pas moins de 160 projets dans le monde dont le démantèlement de l'usine UP2-400 de retraitement de combustibles usés sur le site de la Hage dans le Cotentin.
La découpe des équipements s'effectue à l'aide de cisailles hydrauliques.
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©Orano
Selon Gilles Crest de la communication du groupe Orano : " La particularité de ce chantier est son gigantisme, certaines pièces à démanteler mesurent plus de 23 mètres de haut ! 150 personnes spécialisées dans le démantèlement seront à pied d'oeuvre pour venir à bout de ce mastodonte d'acier, c'est la seule usine aussi grande en Europe".
La continuité dans la production d'uranium enrichi, Georges Besse 2
Trois des quatre réacteurs de la centrale nucléaire d'EDF servaient à faire tourner l'usine Eurodif très consommatrice d'énergie. Ce n'est désormais plus le cas. La centrale nucléaire rebascule la quasi totalité de sa production d'électricité dans le réseau avec la nouvelle usine d'enrichissement d'uranium Georges Besse 2 beaucoup moins gourmande en électricité. Georges Besse 2 transforme toujours l'uranium en combustible mais cette fois-ci avec un autre procédé appelé la centrifugation. Les deux tours aéroréfrigérantes bien connues du site du Tricastin qui servaient à refroidir le système basé sur l'ancien procédé se sont arrêtées avec l'usine Eurodif en 2012. Comme Eurodif avait pu le faire dans le passé, la nouvelle usine Georges Besse 2 continue d'alimenter à travers le monde une centaine de réacteurs nucléaires. Orano produit ici sur le site du Tricastin un quart de la production mondiale d'uranium enrichi et leur premier client est bien sûr EDF.
La question de la sécurité, la radioactivité
Entre 2013 et 2016, le groupe Orano a mené une opération d'assainissement des gros tuyaux dans lesquels des micro-particules chargées en radioactivité s'étaient accumulées au fil du temps. L'opération de rinçage des tuyaux a permis de récupérer 350 tonnes d'uranium sous forme de micro-particules.
Toujours selon Gilles Crest de la communication : "Ce qui revient à dire que la radioactivité présente sur le site à démanteler est très très faible. Cette radioactivité est équivalente à une radioactivité naturelle".
L'acier et ces différents métaux démantelés seront acheminés sur différents sites de l'Agence Nationale des déchets radioactifs. La fin du chantier est programmé pour le 31 décembre 2051. Enfin, un projet de recyclage des métaux est actuellement à l'étude. La fusion des métaux permettrait d'obtenir des lingots de métal non-contaminés. Ces lingots pourraient être réintroduit dans l'industrie conventionnelle, ce qui par voie de conséquence permettrait de réduire la consommation de cette ressource naturelle.