On propose trois tarifs (accessible, juste et solidaire) dans ce marché de producteurs. L'ambition de Dieulefit est d'inciter à la création d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale pour favoriser l'accès aux produits sains pour tous.
Le marché de producteurs du jeudi soir au lavoir de Dieulefit dans la Drôme est un peu particulier.
On y trouve du miel, des fruits et légumes, du fromage et du pain. Jusque là rien de bien original. La nouveauté se trouve sur l'étiquette. Trois tarifs sont affichés pour chaque produit.
En bleu, un prix accessible (65%), en blanc, le prix juste pour le producteur (100%) et en rouge, le prix solidaire (125%). Près de la caisse, une corbeille avec des billes de chacune des couleurs. Le consommateur choisit le tarif à sa convenance en toute discrétion.
Un modèle économique validé par les consommateurs
Faire ses courses selon ses moyens et sans avoir à se justifier. Un principe qui fait l'unanimité parmi les nombreux clients du marché. "J'ai une petite retraite. Je suis contente d'avoir un prix pas trop cher et une semaine sur deux je prends le prix moyen pour que ça équilibre" explique Anna.
Sylvie valide elle aussi le principe. "Je trouve que c'est assez extraordinaire comme initiative parce que c'est basé sur la confiance et ça c'est très chouette de nos jours". "C'est normal. Si on peut aider les autres, on paie le tarif solidaire avec la petite bille rouge", conclut Colette avec le sourire.
Et si jamais les comptes sont au rouge, les recettes d'un autre marché et d'une boulangerie qui appliquent les trois tarifs près d'ici, excédentaires, viennent équilibrer la caisse commune.
Vers une sécurité sociale alimentaire
Le principe se rapproche de celui de la sécurité sociale, mais pour l'alimentaire. "On essaie de recréer le sentiment de collectif qu'il y a eu à la création de la Sécu : mettre un pourcentage des salaires en commun pour payer [...]. Ici, c'est pour garantir un droit à l'alimentation de qualité pour tous [...]. Pour l'instant, on choisit entre 3 prix selon ses moyens mais l'idée c'est d'aller vers une cotisation comme pour la Sécu et que ça reverse une même somme à tout le monde pour faire ses achats dans des endroits conventionnés", explique Camille Perrin, adjointe chargée de l'alimentation à la mairie de Dieulefit. La municipalité imagine une nouvelle branche de la Sécu vertueuse qui ferait du bien à tous en leur assurant une alimentation de qualité limitant ainsi le risque de maladies.
C'est un collectif de citoyens qui sélectionne les producteurs conventionnés répartis pour l'instant en 3 points de vente. A ce réseau est associée une caisse mutualisée qui assure un équilibre pour les commerçants. "C'est de la solidarité organisé, pas de la charité" précise Camille Perrin. A la fin du marché, quand les sommes récoltées dépassent la somme qui aurait été récoltée avec le prix juste, l'excédent est placé dans une trésorerie à part pour équilibrer les journées déficitaires.
Le modèle privilégie les productions locales pour maintenir un dynamisme économique sur les territoires et donner la possibilité de manger sainement à tous, quels qu'en soient le prix et leurs moyens.